Le Journal de Montreal - Weekend

« J’ÉCRIS AVEC CE QUE JE SUIS ET L’HUMOUR FAIT PARTIE DE MA VIE »

Le silence des pélicans, de J. L. Blanchard

- SARAH-ÉMILIE NAULT Collaborat­ion spéciale

« Je savais qu’un jour j’écrirais, mais je n’étais pas pressé de le faire », explique Jean-Louis Blanchard qui publie, à 64 ans, son premier polar. Issu d’un scénario imaginé il y a trois décennies, Le silence des pélicans a été remanié de manière à mettre en lumière – tout en humour – un duo d’enquêteurs qui devrait laisser sa marque dans l’imaginaire populaire.

On retrouve, dans le sous-sol de la maison de Jean-Louis Blanchard, des boîtes de manuscrits. Cela parce qu’à l’instar de l’auteur italien Andrea Camilleri – une figure de motivation pour l’écrivain montréalai­s –, ce n’est qu’après avoir eu une carrière profession­nelle dans le monde de la télévision et une vie de famille épanouie que l’envie d’être publié s’est véritablem­ent fait sentir.

« Mes cinq années de pensionnat au collège ont été déterminan­tes dans ma vie, explique celui qui vient d’une famille nombreuse. J’y ai appris le sens de la communauté et cela a à la fois exacerbé mon besoin de solitude. Car si j’ai beaucoup de plaisir à être avec des gens, j’en ai tout autant à me retrouver seul. »

UNE MÈRE CONTEUSE

Des études de philosophi­e et d’histoire en poche, il explique avoir grandi « un peu par hasard » dans le monde des technologi­es du cinéma, de la télévision et du spectacle. Un monde grouillant et fascinant, auquel il reste lié en tant que consultant pour une firme torontoise.

« Je n’ai jamais quitté ma passion pour l’histoire ni celle de raconter des histoires, poursuit-il. Cela me vient sans doute de ma mère, qui nous racontait toutes sortes d’histoires. J’ai toujours dit qu’elle était une fabuleuse conteuse. »

S’il en est venu à se lever chaque jour à l’aurore pour écrire, c’est beaucoup grâce à cet inoubliabl­e professeur de 5e secondaire : le regretté écrivain Bruno Roy. « C’est celui qui m’a le plus encouragé à écrire et à développer mon style. J’ai d’ailleurs maintenu une correspond­ance pendant des années avec lui après le collège. »

UN DUO IMPROBABLE

Remisé dans une boîte alors qu’on lui avait déclaré que l’humour dans un polar ne trouverait pas sa place au Québec, le scénario aux touches humoristiq­ues du Silence des pélicans asemblé prendre encore plus son sens pour son auteur au début de la pandémie.

« En voyant la déprime générale, j’ai eu encore plus envie de démontrer l’importance de l’humour dans le roman policier québécois, dit-il. Je voulais élargir la palette du polar au Québec. »

Cela à travers les tribulatio­ns d’un duo d’antihéros que tout sépare, et aux caractères divergents comme on les aime : Bonneau – vieil inspecteur médiocre ne se voyant comme rien de moins que l’incarnatio­n de la justice – et Lamouche, brillant et jeune enquêteur au côté pince-sans-rire très britanniqu­e se plaisant à défier l’autorité.

« Bonneau a un côté caricatura­l qui est volontaire, explique l’auteur. Il est un amalgame de personnes que j’ai rencontrée­s, souvent incompéten­tes et suffisante­s, qui pensent que le monde tourne autour d’elles et qui sont désagréabl­es sans s’en rendre compte. On s’y attache, tout de même, quand on se met à le voir à travers les yeux de Lamouche qui aime cette qualité qu’a son nouveau patron de faire suer tout le monde. Cela le rejoint. C’est d’ailleurs l’esprit analytique et rationnel de ce dernier qui permettra de faire avancer leur enquête. »

Si l’explicatio­n du titre se dévoile doucement au fil de la lecture, on peut tout de même mentionner une intrigue tournant autour du meurtre d’une jeune étudiante sourde et menant vraisembla­blement à une histoire de drogue…

Il nous tarde déjà de retrouver ce duo. L’écriture du tome 2 est presque achevée par l’auteur qui n’entend pas s’arrêter là.

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LE SILENCE DES PÉLICANS J. L. Blanchard Fides 346 pages

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