Le Journal de Montreal - Weekend
REFAIRE SA VIE EN AUSTRALIE
Après le succès de la trilogie Cassandra, l’écrivaine australienne à succès Anna Jacobs, autrice de plus de 90 romans vendus à 3 millions d’exemplaires dans le monde, propose le premier volet de sa nouvelle saga. Cette fois, elle a entrepris de raconter le destin de Keara Michaels, une jeune Irlandaise qui quitte famille et amis pour se faire une place au soleil en Australie. Mais à la fin des années 1800, l’aventure n’est pas de tout repos.
Dans les années 1860, la vie n’est pas facile en Irlande, mais Kaera n’a pas du tout envie de quitter sa terre natale ni ses deux soeurs. Cependant, le destin s’acharne et une liaison avec un homme déjà engagé la laisse enceinte et sans le sou. Keara prend une décision : elle quittera tout et refera sa vie en Australie, très loin de l’Irlande. Y rencontrera-t-elle enfin l’homme de sa vie ?
En parallèle, Mark Gibson doit fuir le Lancashire, en Angleterre, pour échapper à la vengeance de son beau-père. Chercheur d’or, il décide de tenter sa chance en Australie, comme bien des hommes à l’époque. Il s’installera près de Rossall Springs et y ouvrira une auberge…
Anna Jacobs, écrivaine brillante qui aime les fins heureuses dans les romans, s’est laissé inspirer par le passé tourmenté des exilés irlandais pour écrire ce nouveau roman.
« Je lis beaucoup de documentaires et je vis dans l’ouest de l’Australie. J’ai remarqué que la plupart des livres qui se passent en Australie sont cadrés près de Sydney, dans la partie est de l’Australie – à 2000 milles de chez moi. Je suis née dans le Lancashire, où il y a eu une famine dans les années 1800, en même temps que la Guerre civile américaine. J’ai marié ces deux concepts », partage-t-elle en entrevue.
Anna Jacobs, qui habite près de la région vinicole de Swan Valley, près de Perth, explique qu’elle développe d’abord ses personnages et que tout part d’eux. C’était le cas pour l’histoire de Keara. Elle s’est beaucoup documentée sur cette période, notamment en lisant des livres d’époque.
« Quand on lit des mémoires, on voit les vraies gens. C’est fascinant. Bien plus intéressant que les livres écrits par les historiens ! » notet-elle.
« Je m’étais documentée sur les orphelins irlandais qui avaient possiblement été envoyés en Australie. Ça me semblait être un bon filon. »
Elle voulait aussi créer une héroïne irlandaise au caractère bien trempé. « J’ai toujours aimé créer des héroïnes saines et intelligentes, jamais stupides, qui n’ont pas besoin d’être belles. Je veux leur faire vivre des relations avec des hommes intelligents qui font des choses intéressantes. »
LA VIE DES FEMMES
La vie quotidienne des pionnières, en Australie, l’a beaucoup intéressée. « Il me semble que les femmes travaillaient aussi fort physiquement que les hommes à cette époque. Mais cela variait selon les besoins et l’attitude des familles. Si c’était une famille riche, les femmes ne participaient pas autant. Les femmes ont obtenu le droit de vote vers les années 1900. »
Anna Jacobs remarque qu’il y a encore du chemin à faire… entre autres au sujet de l’âgisme. « J’ai presque 80 ans. Les préjugés qui circulent à l’endroit des femmes âgées, par rapport aux hommes âgés, sont horrifiants. Je suis allée dans un magasin d’équipement informatique et le commis s’est adressé à mon mari, lui demandant s’il pouvait l’aider. Mon mari m’a pointée du doigt et lui a dit que j’avais besoin d’un ordinateur. »
« Eh bien, le commis m’a ignorée complètement et lui a répondu : de quoi a-telle besoin, monsieur ? » raconte la romancière à succès, qui ironiquement, emploie son propre mari, avec qui elle vit, très heureuse, depuis 58 ans.