Le Journal de Montreal - Weekend
UN PORTRAIT PROFONDÉMENT HUMAIN
Actrice principale du film biographique L’incroyable histoire
de Miss Tammy Faye, Jessica Chastain en est également l’une des productrices. Afin de raconter l’histoire vraie de cette télévangéliste américaine ayant défrayé la chronique dans les années 1980, Rachel Shane, autre productrice, a embauché le scénariste Abe Sylvia qui a répondu à nos questions.
L’incroyable histoire de Miss Tammy Faye suit la vie de Tammy Faye de manière classique en débutant par son enfance dans une famille de prêcheurs pentecôtistes, passant par son mariage avec Jim Bakker (Andrew Garfield) et se rendant jusqu’aux scandales d’accusations de viol et de détournement de fonds à la fin des années 1980.
Pour incarner cette femme plus grande que nature, connue pour son maquillage outrancier, Jessica Chastain a passé sept ans à étudier tous ses maniérismes. « Non, je ne pense pas avoir écrit Tammy Faye en changeant quoi que ce soit parce que Jessica Chastain allait l’incarner, répond Abe Sylvia. En tant que scénariste, lorsqu’on sait pour quel acteur on écrit un rôle, on drape le personnage autour de cette personne. Évidemment, avec Jessica Chastain, on sait qu’on peut aller où l’on veut, elle possède une telle gamme émotive, comique et dramatique de jeu ! »
LA RESPONSABILITÉ DE LA VÉRITÉ
Abe Sylvia s’est directement inspiré du documentaire The Eyes of Tammy Faye de Fenton Bailey et Randy Barbato. « Je l’avais vu cinq fois au moment de sa sortie, souligne-t-il. J’ai grandi dans l’Oklahoma, en pleine “Bible Belt”, et je me rappelle du scandale à l’époque. Lorsque Rachel m’a contacté, j’ai immédiatement accepté.
« Pendant trois mois, j’ai lu tous les livres que je pouvais sur elle. J’ai cherché tous les documents historiques possibles, je ne me suis pas du tout fié aux articles des tabloïds. Je crois que, grâce au temps qui s’est écoulé depuis, il y a désormais des analyses beaucoup plus neutres.
« Je me suis immergé dans les… j’allais dire “personnages”, mais ce ne sont pas des personnages. Ce sont des êtres réels et c’est important de respecter cela, de respecter la vérité historique et de respecter le fait que, même si ces personnes ne sont plus vivantes, leurs familles le sont, leurs amis le sont. Il est important que ce qu’on écrit pour l’écran soit vrai », souligne-t-il.
Personnage plus grand que nature, Tammy Faye a été à la tête, avec son mari Jim Bakker, d’un réseau de télévision chrétien valant des millions de dollars, repris après une condamnation à la prison de Bakker par nul autre que Jerry Falwell (Vincent D’Onofrio).
« J’ai choisi une approche humaniste au personnage ; c’est donc toujours une approche universelle », ajoute Abe Sylvia qui a tenté – et réussi – à rendre cette histoire compréhensible pour un public à l’extérieur des États-Unis.
L’aspect le plus intéressant de L’incroyable
histoire de Miss Tammy Faye est probablement le portrait profondément humain que le scénariste fait de cette femme, non exempte de contradictions, mais toujours fidèle à ses principes moraux dont, notamment, son inclusion des personnes LGBTQ+, une prise de position impensable à l’époque.
« Je la vois comme un être humain aimant qui s’est retrouvé dans une situation impossible et qui a fait de son mieux pour l’appréhender avec amour, et ce, même si elle a été humiliée pour ses convictions. Je crois qu’elle était sincèrement convaincue d’avoir un lien privilégié avec Dieu et qu’il était de son devoir de disséminer cet amour.
« Nous voulions que le public, même s’il n’est pas d’accord avec toutes ses positions, l’aime. Nous voulions que les cinéphiles ressentent le fait que s’ils avaient croisé Tammy Faye dans la rue, elle leur aurait serré la main, qui qu’ils soient. »
L’incroyable histoire de Miss Tammy Faye arrive sur les grands écrans du Québec dès le 17 septembre.