Le Journal de Montreal - Weekend

DES HISTOIRES QUI TRAVERSENT LE CORPS

Dès le 21 septembre, au TNM, la comédienne Anne-Marie Cadieux va se transforme­r en propriétai­re de magasin de tissus dans la pièce Embrasse, de Michel Marc Bouchard. D’ici là, on peut en profiter pour découvrir les livres qui l’ont marquée.

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Quel livre lisez-vous présenteme­nt ?

Je suis en train de lire Shuni, de Naomi Fontaine. J’ai beaucoup aimé le film

Kuessipan, tiré d’un de ses livres précédents, et ça m’a donné l’envie de lire autre chose d’elle. Shuni est une lettre écrite à une jeune Québécoise qui veut aller travailler chez les Innus et pour le moment, je trouve ça très bien. C’est une main tendue vers nous, une invitation à mieux connaître qui sont les Innus. C’est très tendre et la plume est belle.

Et juste avant celui-là, que lisiez-vous ?

J’ai lu le dernier Édouard Louis, Combats et métamorpho­ses d’une femme. J’avais eu un choc littéraire quand j’avais lu En finir avec Eddy Bellegueul­e et là, j’ai aussi aimé. C’est un portrait de sa mère, et il parle également beaucoup de son milieu, d’où il vient, du monde très dur dans lequel il vivait.

Depuis le début de la pandémie, quel a été votre plus gros coup de coeur ?

Au début de la pandémie, j’ai lu Une mère suivi de Trente tableaux de Paule Baillargeo­n. C’est un récit sur sa mère, dans lequel elle raconte le rapport amour-haine, la relation difficile qu’elle a eue avec cette femme. Le sujet est relativeme­nt tabou, et cette histoire d’amour un peu ratée avec sa mère, elle en parle d’une façon très franche. Pour y arriver, elle est partie des journaux qu’elle avait écrits à l’époque. C’est très touchant, très vrai, très atypique.

Tous genres confondus, vous pouvez maintenant nous parler de vos principaux romans fétiches ?

Je vais parler des romans qui me sont restés et qui m’ont traversé le corps. √ Marguerite Duras a été très importante pour moi, alors c’est sûr que je vais nommer L’Amant. Un très beau roman qui m’a fait pleurer et qui raconte l’histoire d’amour qu’elle a vécue avec un Asiatique quand elle était jeune fille. √ L’amour aux temps du choléra de Gabriel García Márquez. C’est très porteur, on ne peut pas oublier une histoire pareille.

√ Madame Bovary de Gustave Flaubert, un livre que je trouve extraordin­aire et que je relis chaque 10 ans environ. Avec son personnage féminin incroyable qui s’ennuie, c’est un roman qui m’a beaucoup parlé.

√ Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye, un roman qui a gagné le Goncourt en 2009. On y rencontre trois femmes et l’une d’elles m’a particuliè­rement marquée. Elle veut fuir l’Afrique et venir s’installer en Europe et il faut voir comment elle a réussi à garder son intégrité malgré toutes les traverses qu’elle essuiera et tous les abus dont elle sera victime.

√ J’aime beaucoup les nouvelles de Raymond Carver, qui dressent un portrait de l’Amérique profonde. Parlez-moi d’amour, Les vitamines du bonheur… En fait, j’aime tous ses recueils de nouvelles. Carver a une écriture très différente des autres, et je l’ai beaucoup lu.

Si vous en aviez le temps, quel livre aimeriez-vous pouvoir relire ?

Guerre et Paix de Léon Tolstoï. J’étais vraiment très jeune quand je l’ai lu et le souvenir que j’en garde, c’est que j’ai adoré. Par contre, je ne me rappelle plus vraiment de l’histoire. Même chose pour L’assommoir d’Émile Zola. Alors, celui-là aussi, il faudrait que je le relise !

Côté théâtre, est-ce que vous avez une pièce chouchou ?

J’ai envie de parler de 4.48 Psychose de la dramaturge britanniqu­e Sarah Kane.

Sarah Kane a un peu été une étoile filante dans le paysage théâtral, qui luimême compte peu de femmes. Je pense que ça a été son dernier récit avant son suicide. C’est une pièce que j’ai beaucoup aimée et qui est faite pour être vue, comme toutes les pièces de théâtre, d’ailleurs !

Que comptez-vous lire sous peu ?

La voleuse de la poète québécoise Daria Colonna. Elle a écrit Ne faites pas honte à votre siècle, et je me suis acheté celui-là parce que j’étais curieuse de voir ce que ça racontait !

Avant de terminer, vous auriez quelques bonnes sagas à nous recommande­r ?

Oui, L’amie prodigieus­e d’Elena Ferrante. J’ai trouvé ça fantastiqu­e. Dans un genre plus radical, il y a aussi Vernon Subutex de Virginie Despentes. Elle a un regard assez lucide sur le monde contempora­in et c’est quelque chose que j’aime.

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