Le Journal de Montreal - Weekend
APAISER UNE PEINE PROFONDE
L’acteur et écrivain Patrice Godin aborde les grandes questions existentielles comme la vie, la mort, la solitude, les liens familiaux et le temps qui file et nous échappe dans son nouveau livre, Toutes les vies possibles. Dans ces carnets minimalistes, très personnels et intimes, il se dévoile un peu plus et raconte l’apaisement d’une peine profonde survenu depuis qu’il a retrouvé sa mère biologique.
Patrice Godin, avec une plume très sûre et beaucoup de profondeur, partage ainsi ce qu’il pense de la vie et de ses beautés, des zones sombres, des fantômes qui l’habitent, des souvenirs. Il parle d’un roman qu’il n’arrive pas à écrire, d’une blessure de course qui l’empêche d’avancer.
On le suit, page après page, à travers les hauts et les bas, à la découverte de sa passion pour la littérature et le cinéma. On apprend à le connaître un peu plus. C’est beau, touchant, intelligent, intéressant, généreux, courageux même.
PARTAGER CE QU’IL RESSENTAIT
Rejoint entre deux tournages, Patrice Godin parle avec beaucoup d’authenticité de ses Carnets minimalistes. « C’est ça qui est venu. Je ne sais pas si c’est du courage, de l’inconscience ou quoi... mais c’est ça qui est remonté à la surface, en cette année spéciale. »
S’il l’a écrit, c’est qu’il était prêt à partager ce qu’il ressentait. « Oui, je m’ouvre, je dis des choses. Je parle de ma mère biologique. Je pense que c’était nécessaire pour moi, pour comprendre. Ça m’a allumé sur comment j’étais. »
« J’ai essayé de le faire dans une forme littéraire différente – ce n’est pas une autobiographie. Ce sont vraiment des carnets minimalistes : en essayant d’écrire un roman, je me butais à ce que je vivais et ce que je traversais, dans ma tête. Le matin, je me levais et au lieu d’écrire un roman, j’écrivais des petites pages, des petits carnets, des petites notes, des observations sur moi-même. »
À 53 ans, il a eu le sentiment de poser un regard sur sa vie. Pas nostalgique, mais réaliste. « Je suis rendu là dans ma vie. Qu’est-ce que j’ai fait ? D’où je viens ? Où je m’en vais ? »
SINCÉRITÉ
Patrice Godin parle de fragments de vie, et le ton est sincère. Il a cessé de courir, parce qu’il s’est blessé. Il a parlé d’un problème d’alcool aussi. Et de son élan créateur présent très tôt dans sa vie. De poésie et d’écriture de jeunesse.
« Je suis vraiment une éponge. Des fois, je trouve ça dur, recevoir les émotions des gens. C’est peut-être un peu pour ça aussi que l’alcool est entré en ligne de compte. Si je vois quelqu’un qui est heureux, ça me fait du bien. Si je vois un enfant qui est triste, ça m’arrache le coeur. »
RETROUVAILLES
Les retrouvailles virtuelles avec sa mère biologique, en pleine pandémie, l’ont bouleversé. Il ne l’a pas encore rencontrée et planifie de la voir en personne, en Colombie-Britannique, en octobre.
« C’est très étrange : on a des choses en dedans de nous et on ne sait pas d’où ça vient. Je ne veux pas faire de la psychologie à cinq cennes, mais j’ai tout le temps senti une sorte d’abandon, malgré tout ce que j’ai vécu et que j’ai eu de positif dans ma vie : mes parents, ma famille, ma carrière. »
Le livre parle de blessure... mais aussi de guérison, et de choix.
« Quand j’ai parlé avec ma mère biologique et qu’elle m’a expliqué ce qui s’était passé et qu’elle m’a dit qu’elle ne m’avait jamais oublié, ça a tout réparé. Presque instantanément. J’ai eu ma réponse. Elle ne m’a jamais oublié : elle l’a fait parce qu’elle n’avait pas le choix. »