Le Journal de Montreal - Weekend
EXPLORATEUR DE LA PSYCHÉ HUMAINE
De MixMania à Big Brother Célébrités en passant par les séries documentaires Shotgun Ménard, Ils de jour, elles de nuit ou Fin de mois, Frédéric Gieling a toujours été un fin observateur de la psychologie humaine.
La formule du Meilleur pâtissier du Québec, qu’animent Marie-Ève Janvier et Joël Legendre, ne fait pas exception. À travers les défis, les réussites comme les embûches, on y révèle les valeurs et la personnalité de gens animés par la même passion. Le réalisateur nous donne quelques ingrédients clés de ce rendez-vous gourmand.
Faire une téléréalité demande une distribution rigoureuse. Quel a été le premier critère qui a motivé vos choix : les aptitudes ou la personnalité ?
C’est vraiment la pâtisserie qui guide le show. Dès la première audition, les candidats ont préparé des trucs devant nous. Un ancien chef pâtissier était présent et leur posait des questions. Ils devaient savoir pâtisser. Dans un deuxième temps, on y allait avec la personnalité. Une série comme celle-là est un miroir de notre société. La belle diversité du casting nous permet de mettre en valeur différents types d’influences et d’approches. La pâtisserie appelle à la douceur. Ce sont des gens très méticuleux qui tranchent avec l’image de la cuisine en général.
En réalisant un show aussi alléchant, comment as-tu élaboré l’environnement visuel ?
Pour moi ce qui était important c’est que ça soit lumineux, qu’on voit la nature à travers les fenêtres de la tente. La signature fait très été, gourmand, insouciant. On voulait que ça soit un antidote à la grisaille de la pandémie.
Comment se conçoit un épisode ?
On tourne chaque épisode en un jour et demi ou deux jours, dépendamment du nombre de joueurs et du temps alloué aux défis. L’important pour l’horaire, c’était de ne jamais se retrouver dans une situation où on ne pouvait pas goûter. Les desserts sont faits pour être dégustés après leur préparation, pas le lendemain. Une immense équipe travaille en arrière afin de s’assurer que les candidats ont tout ce qu’il leur faut pour les recettes, elle en vérifie la faisabilité, prépare les ingrédients. Il faut savoir que les candidats ont été mis au courant des thèmes afin de soumettre leurs plans. C’est l’fun de voir comment chacun en fait son interprétation. Les défis techniques, eux, sont toujours une surprise. Contrairement aux autres compétitions de cuisine, il y a beaucoup d’entraide entre les pâtissiers. Ultimement, ils ne gagnent pas d’argent. Juste un titre. Et dans notre version, on ajoute la publication d’un livre, mais les gens sont vraiment là pour s’amuser.
Comment arrives-tu à suivre toutes les étapes d’une recette, à tout voir, surtout quand il y a autant de participants ?
J’aime avant tout scénariser des histoires. Habituellement, la régie est séparée du plateau, mais ici elle est directement derrière le poste de dégustation. Je pouvais donc me promener sur le plateau pour sentir le pouls, voir où chacun en était. Nous avons aussi travaillé avec Yves Petit, chef pâtissier et enseignant retraité de l’ITHQ, qui se promenait comme moi entre les différents postes de travail et qui pouvait m’informer qu’une telle avait mis trop de sucre ou qu’un tel avait sauté une étape ou qu’une technique n’était pas au point.
Après avoir été témoin de plusieurs dizaines de recettes spectaculaires, peux-tu dire quel a été le plus gros défi des candidats ?
La maîtrise du chocolat. C’est à la fois subtil et compliqué. Je ne pouvais pas m’en douter. En plus du défi qu’elle représente, il faut ajouter qu’on tournait en août à la grosse chaleur. La pâtisserie ne se cuisine pas à la grande chaleur. Nous étions sous une tente climatisée, mais quelques degrés peuvent faire rater une recette. C’est une affaire de méthodologie et de science tout en étant créatif. D’ailleurs, les candidats se sont échangé beaucoup d’informations. Ils sont devenus des amis et sont toujours en contact. Avoir créé un événement humain est pour moi une belle victoire.
Disponible sur VRAI