Le Journal de Montreal - Weekend

« Un beau rêve qui se réalise »

Elle, le 25e opus d’Angèle Dubeau et de La Pietà, est consacré à des oeuvres écrites par des compositri­ces contempora­ines.

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YVES LECLERC, Le Journal de Québec

Lancé le 11 février sur l’étiquette Analekta, Elle est, pour la violoniste, la réalisatio­n d’un rêve.

« C’est un projet conçu, pensé, joué, composé et réalisé par des femmes. C’est un beau rêve que je réalise. Il s’agit de la plus belle façon de souligner les 25 ans de La Pietà », a-t-elle lancé, lors d’un entretien.

Elle, comme l’opus Immersion, lancé en février 2021, a été conçu durant la pandémie.

« C’est une période où j’ai écouté beaucoup de musique et fait beaucoup de recherches musicales. La pandémie m’a donné le luxe d’avoir du temps que j’ai utilisé à bon escient », a-t-elle fait remarquer, lors d’un entretien.

DE NOUVELLES COULEURS

Avec Elle, enregistré à l’église Saint-Mathieu de Beloeil, Angèle Dubeau et La Pietà rendent hommage à des compositri­ces contempora­ines. Des femmes d’âge, de culture et d’origines différente­s.

On retrouve, entre autres, Rebecca Dale, Elena Kats-Chernin, Rachel Portman, Jocelyn Pook, Isobel Waller-Bridge et les Québécoise­s Katia MakdissiWa­rren, Ana Sokolovic et Julie Thériault.

Une seule, Hildegard Von Bingen, une compositri­ce allemande qui a vécu au 12e siècle, n’est plus de ce monde.

« Je me suis laissé guider par mon instinct. En me disant que la chair de poule générée par l’écoute de ces oeuvres et le plaisir auditif était pour faire la job. J’ai noté tout ce qui venait m’interpelle­r. Et lorsque les oeuvres d’une compositri­ce m’interpelle­nt, j’écoute tout ce qu’elle a fait », a raconté Angèle Dubeau.

La musicienne virtuose précise qu’elle adapte et revisite les chansons sélectionn­ées.

« Je dois m’assurer que la relecture sera intéressan­te, que mon violon peut dire quelque chose là-dessus et qu’on peut lui amener de nouvelles couleurs », a-t-elle fait remarquer.

TIROIR D’IDÉES

Winter, de la Britanniqu­e Rebecca Dale, est une oeuvre qui a été écrite pour une chorale.

« J’ai découvert cette jeune compositri­ce dans la trentaine il y a deux ans. Je suis une tripeuse de sons et j’ai eu un gros coup de coeur. J’ai senti, en écoutant, cette pièce que je pouvais amener quelque chose et que ça serait le fun. J’ai pu utiliser ma palette sonore à son maximum », a-t-elle indiqué, précisant que la compositri­ce lui avait offert d’adapter une autre pièce avec Requiem for my Mother : 9. Libera Me.

Avec Mémoire, de la compositri­ce Katia MakdissiWa­rren, Angèle Dubeau jumelle les cordes de son violon et de son ensemble à des chants de gorge inuits.

« Ça fait 10-12 ans que j’ai envie de faire quelque chose avec des chants inuits. Katia a bonifié, à ma demande et à partir de ce que je recherchai­s, une oeuvre plus courte qu’elle avait écrite », a-t-elle indiqué.

Avec O Virtus Sapientiae de l’Allemande Hildegard Von Bingen, l’ensemble musical fait un saut dans le temps au 12e siècle.

« C’est une des premières femmes compositri­ces. On ne sait pas trop, en écoutant cette oeuvre, d’où vient cette musique. C’est une musique qui a très bien traversé les siècles. Une musique de lumière », a-t-elle fait savoir.

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