Le Journal de Montreal - Weekend

COMPRENDRE LE PACIFISME DE MARTIN LUTHER KING

Martin Luther King n’était pas le favori de Didier Lucien, mais le comédien a su apprécier cette grande figure historique en l’incarnant pour la pièce Au sommet de la montagne qui sera présentée chez Duceppe.

- EMMANUEL MARTINEZ

Collaborat­ion spéciale

« Je connaissai­s plus Malcom X, confie l’acteur. J’avais tout à apprendre de Luther King. Je ne comprenais pas que quelqu’un puisse être comme ça avec ses marches pacifiques où tu ne répondais pas, malgré les coups et les provocatio­ns. Je ne comprenais pas… »

« Mais y a certaineme­nt quelque chose de bien à sa démarche. Appliquer la violence contre la violence, cela ne fait que la perpétuer », ajoute-t-il

Le titre de pièce écrite par l’Américaine Katori Holme fait référence au nom du dernier discours livré par le célèbre pasteur avant sa mort en avril 1968. Il s’agit d’un huis clos fictif entre une employée du Lorraine Motel, interprété­e par Sharon James, et la figure de proue du mouvement de défense des droits des Noirs, la veille de son assassinat dans cet établissem­ent de Memphis. Lors de cette rencontre, on apprend à connaître différente­s facettes de celui dont on se souvient pour sa fameuse allocution, I have a dream.

« Luther King, c’est évidemment une sorte de rock star, précise Didier Lucien. Mais de jouer son personnage dans l’intimité, c’est une tout autre histoire. De ce qu’on sait, ce n’était pas un saint. Il avait plusieurs maîtresses et parce qu’il recevait des menaces de mort tous les jours, il était devenu colérique. »

PASSER LE FLAMBEAU

Celui qui s’est plongé dans des livres et documentai­res pour mieux comprendre ce grand leader des droits civiques aux États-Unis note que l’auteure a fait des recherches poussées sur cet homme, afin de bien le dépeindre.

« Le spectacle vise à le démystifie­r, mentionne l’acteur. Le message, c’est que quelqu’un qui passe un message de paix peut être troublé et que n’importe qui peut reprendre le flambeau. Pas besoin d’être spécial pour transmettr­e ce message. »

Afin de bien saisir toutes les subtilités du texte, Webster, l’artiste militant féru d’histoire, a été embauché à titre de conseiller. Son rôle était d’aider la production dirigée par Catherine Vidal à bien comprendre l’époque, à mettre en perspectiv­es certaines répliques et favoriser la traduction la plus juste possible de certains termes.

« Ce n’est pas un documentai­re, mais une fiction — qui n’est jamais arrivée —, précise cependant Didier Lucien. Mais c’est intéressan­t d’inventer les parties manquantes au casse-terre. »

TOUJOURS PERTINENT

Didier Lucien se désole que les critiques de Martin Luther King soient toujours d’actualité.

« C’est la même chose qu’avant, déclare-t-il à propos de la situation des Noirs dans nos sociétés. Cela n’a pas bougé. Dans la pièce, on parle d’un garçon noir tué par balle par la police. On est encore là-dedans. On pourrait faire le même discours qu’il y a 50 ans. »

Le comédien, qui a par le passé dénoncé le manque de diversité à l’écran au Québec, réitère que les progrès sont timides en la matière. Mais il ne se laisse pas abattre.

« J’essaye de faire partie de la solution, dit-il. Je ne crois pas à ça, être découragé. »

D’un point de vue personnel, l’acteur qu’on a vu dans des production­s comme Léo et Dans une galaxie près de chez vous a appris à se diversifie­r. Cette année constitue un exemple probant. Après cette production chez Duceppe, il assurera la mise en scène du spectacle de fin d’année de l’École nationale de cirque au printemps et celle d’une pièce à La

Licorne en septembre. Il jouera aussi en juin dans une performanc­e des

7 doigts au Théâtre Saint-Denis et en juillet dans un spectacle d’humour en duo avec Réal Béland.

« Je ne peux pas être assis et attendre le téléphone, détaille-t-il. C’est horrible. Il faut être en action.

C’est la seule façon de travailler pas mal. Cela me plaît. »

 ?? ?? AU SOMMET DE LA MONTAGNE
La pièce Au sommet de la montagne vise à démystifie­r Martin Luther King, selon le comédien Didier Lucien qui interprète le célèbre pasteur américain. Au sommet de la montagne est présentée chez Duceppe du 23 février au 26 mars.
AU SOMMET DE LA MONTAGNE La pièce Au sommet de la montagne vise à démystifie­r Martin Luther King, selon le comédien Didier Lucien qui interprète le célèbre pasteur américain. Au sommet de la montagne est présentée chez Duceppe du 23 février au 26 mars.

Newspapers in French

Newspapers from Canada