Le Journal de Montreal - Weekend

DANS L’UNIVERS MUSICAL DE NATASHA KANAPÉ FONTAINE

À l’automne, Natasha Kanapé Fontaine lançait un premier mini-album Nui Pimuten en même temps que Nauetakuan, un silence pour un bruit, son premier roman.

- STÉPHANE PLANTE

En décembre dernier, elle devait se produire dans plusieurs régions du Québec pour faire entendre sa poésie en musique. Mais on connaît la suite : la fermeture des salles a changé ses plans. Heureuseme­nt, la poétesse devrait reprendre la route dès la fin février.

Avec son complice Manuel Gasse, elle revisite musicaleme­nt ses textes pour les faire voyager en conviant le public à cette épopée en vers.

Aujourd’hui, Natasha Kanapé Fontaine nous parle, entre autres, de l’importance des piliers de la chanson autochtone pour les nouvelles génération­s. Le tout ponctué de son éclat de rire envoûtant.

Pourquoi avoir lancé ton roman et ton mini-album en même temps ?

Parce que c’était prêt en même temps ! (Rires) Pour le EP, on voulait trouver les moyens d’avoir les CD et des vinyles. Finalement, au lieu de sortir le EP en début d’automne puis le roman 2 ou 3 mois plus tard, c’était mieux de les sortir en même temps.

Pourquoi avoir attendu autant de temps avant de faire un minialbum ?

Ça faisait longtemps que je voulais faire ça. En même temps, je me disais, il faut vraiment que je sois prête. Avec Manu, on s’est dit qu’on allait commencer par la tournée. Comme ça, on va savoir au fil du temps, ce que j’aime, ce que je peux faire comme mélange à partir de mes influences.

Est-ce qu’il y a un artiste qui t’a donné le goût de mettre tes poèmes en musique ?

Depuis que je suis petite, j’ai toujours regardé les trucs de cirque. Je me suis bercé avec le Cirque du Soleil. J’ai beaucoup écouté Francesca Gagnon, dans Allegria. La voix et l’interpréta­tion venaient vraiment me chercher. Ensuite, j’ai été influencée par Lhasa de Sela.

Qu’est-ce qui jouait chez toi quand tu étais petite ?

Mon père écoutait beaucoup de Phil Collins. Dernièreme­nt, on est allé voir Genesis ensemble. C’était vraiment le rêve d’une vie pour lui. Ma mère écoutait Madonna. À l’époque, les gens écoutaient Tarkan, un chanteur turc. Chez les Innus, on écoutait beaucoup Gipsy Kings. On écoutait Selena aussi, la chanteuse tex-mex.

Un album fétiche de ton adolescenc­e, ça serait quoi ?

Je vais y aller encore avec Allegria. (Rires) Mon intérêt pour les arts vient un peu de ça, je pense. J’étais attirée par tout ce qui était performanc­e, par la théâtralit­é. Cet album-là je l’ai tellement chéri.

Tu as déjà dit que, par le passé, tu avais voulu te reconnecte­r par rapport à ton héritage culturel. En musique, ça s’est traduit comment ?

Quand je suis retournée dans ma communauté à Pessamit de 2009 à 2011. Je me suis rendu compte que la musique y était très présente. Quand tu vas chez des amis, tu as tout le temps quelqu’un qui joue de la guitare. Il y en a qui avaient une influence Gipsy King. Aussi, une influence un peu flamenco, un peu rumba.

On finit toujours par danser le makusham dans n’importe quelle soirée. Le makusham, c’est ce qui nous rassemble dans toutes les fêtes. Les musiciens d’aujourd’hui chantent beaucoup des chansons de Philippe McKenzie, de Kashtin et de plein d’autres chanteurs qui influencen­t encore les musiciens aujourd’hui. Mattiu, Scott Pien-Picard, Karen (Pinette Fontaine), ça provient de cette musique.

Lors d’un voyage dans l’Ouest, tu avais découvert une culture bouillonna­nte dans les communauté­s. Est-ce que tu as eu des coups de coeur musicaux ?

A Tribe Called Red, on les entendait partout. Ces dernières années, c’est Snotty Nose Rez Kids. Derrière ça, il y a une tradition contempora­ine musicale. Plus on entendait ces artistes, plus on revenait quand même aux racines. Ça m’a permis d’entendre Willie Dunn, Willy Mitchell, Willie Thrasher, Buffy Sainte-Marie. Ces dernières années, j’ai découvert Alanis Obomsawin et son album Bush Lady, qui influence encore beaucoup plus de personnes qu’on pouvait l’imaginer.

Est-ce qu’il y a une parolière ou un parolier que tu apprécies particuliè­rement ?

Björk. Des fois, c’est des longues phrases. Des fois, c’est des courtes phrases. Il n’y a pas nécessaire­ment de structure dans son phrasé ou dans l’écriture. J’ai étudié plein de textes de Björk pour m’inspirer. J’aime réfléchir à son processus de création.

Tu as déjà collaboré avec Random Recipe, mais est-ce qu’on peut s’attendre à d’autres collaborat­ions dans un avenir rapproché ?

C’est un secret, je ne peux pas le dire ! Ce seront des surprises… Les gens vont être trop contents. Donc, je ne dis rien (Rires).

Est-ce qu’on peut s’attendre à un album complet dans la prochaine année ?

Oui. L’envie est là. Avec le retour qu’on a eu en spectacle, ça donne envie d’aller plus loin. Avec Manuel, j’ai découvert une connexion musicale. On dirait qu’il comprend où je veux aller. J’ai envie d’amener les gens encore plus loin dans le voyage, dans les mots, dans la musique. J’aime travailler avec lui et ça m’intéresse de faire un album complet.

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