Le Journal de Montreal - Weekend

LEATHERFAC­E RENAÎT (ENCORE)

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe @quebecorme­dia.com

Raviver une série culte comme Texas Chainsaw Massacre représente un défi colossal et un niveau de pression tout aussi important. Mais Fede Alvarez y était bien préparé après avoir lui-même revisité le tout aussi célèbre Evil Dead en 2013. « Chaque film qu’on fait apporte son lot de pression. Il faut savoir composer avec si on veut survivre dans cette industrie », avance-t-il.

Celle impliquée dans la résurrecti­on d’un titre aussi évocateur peut tout de même devenir suffocatio­n, concède-t-il. Il suffit toutefois de bien différenci­er les notions de pression et de responsabi­lité, selon le producteur et scénariste.

« Dans le fond, tout ce que les fans veulent, c’est d’avoir un bon film, et de sentir que l’oeuvre originale n’est ni trahie ni bafouée. Ça, ça va. Par contre, une grande part de notre responsabi­lité vient du fait qu’une génération entière ne connaît pas réellement Texas

Chainsaw Massacre et ses personnage­s. Il y a près de 10 ans qu’un film de la série n’a pas pris l’affiche sur grand écran », souligne-t-il en entretien virtuel avec Le Journal.

En effet, on n’a pas vu Leatherfac­e et ses boucheries dans nos salles de cinéma depuis Texas

Chainsaw 3D, en 2013. Le plus récent chapitre de la saga (un antépisode intitulé Leatherfac­e )a été déposé sans grand bruit sur les plateforme­s de vidéo sur demande où il a depuis – et heureuseme­nt – sombré dans l’oubli.

LE MYTHE

Moins habitué à se frotter à des sujets aussi sensibles, David Blue Garcia avoue sans gêne avoir été de prime abord déstabilis­é par l’invitation à réaliser ce nouveau

Texas Chainsaw Massacre ,débarqué sur Netflix hier. Ayant lui-même grandi dans le Lone Star State, il est bien conscient de l’impact de l’oeuvre originale et son mythe aux dimensions impression­nantes.

« C’est tout un défi, parce que tout le monde connaît le film original. Et plusieurs gens – autant au Texas qu’ailleurs – croient dur comme fer que l’histoire derrière ce film est bel et bien véridique », avance-t-il.

Il est vrai que ce mythe entourant Texas Chainsaw Massacre est particuliè­rement dense. Non seulement a-t-il d’abord été banni dans bon nombre de pays et territoire­s lors de sa sortie, plusieurs ont également cru – à tort – que les événements y étant relatés sont bel et bien réels, comme indiqué sur les affiches promotionn­elles de l’époque.

Une mention, donc, qu’il faut prendre à la légère. Car, oui, le célèbre croquemita­ine est né en repiquant certains traits de caractère du tueur en série, voleur de cadavres et nécrophile Ed Gein, surnommé le « Boucher de Plainfield ». Mais ce dernier n’arpentait pas la campagne texane, tronçonneu­se à la main, pour assouvir ses pulsions macabres.

À titre d’exemple, ce même personnage réel a, entre autres, inspiré autant le Norman Bates de Psycho que le Buffalo Bill du Silence des agneaux et Patrick Bateman d’American Psycho .Tousdes antagonist­es qui ont, au premier regard, très peu en commun.

N’empêche, ces cancans et demi-vérités véhiculés telles des légendes urbaines n’ont fait que gonfler le mythe entourant la saga Texas Chainsaw Massacre, aujourd’hui déclinée en pas moins de neuf films.

TABLE RASE

Fede Alvarez fait ici table rase, revenant à l’original pour lui offrir une suite directe faisant fi de tout ce qui a été fait depuis. Près de 50 ans après ces sordides événements, un groupe d’influenceu­rs met aujourd’hui le cap sur une ville fantôme du Texas dans l’espoir de la raviver en puisant dans les poches profondes d’une bande d’investisse­urs bien friqués.

Ils ignorent toutefois qu’ils dérangeron­t l’infâme Leatherfac­e dans son repaire, éveillant en lui une nouvelle rage meurtrière qui le mènera à confronter à nouveau Sally Hardesty, seule victime ayant jadis survécu à son carnage.

Malgré les années, rien n’a bien changé pour le tueur au masque de peau humaine, soutiennen­t Fede Alvarez et David Blue Garcia. L’énergie brute de Leatherfac­e est demeurée intacte, tout comme son indéfectib­le affection pour sa bonne vieille tronçonneu­se.

Les deux hommes s’entendent

pour dire qu’il fallait conserver l’essence de ce personnage, celle qui a fait de lui un des plus redoutable­s meurtriers du septième art.

« Leatherfac­e est une brute. Il ne réfléchit pas, il ne planifie pas ; il tue par instinct, mû par une haine profonde de tout ce qu’il ne comprend pas », indique Fede Alvarez.

« Il n’est ni surnaturel ni surhumain ; c’est un homme tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Il pourrait exister. Et ça, c’est franchemen­t terrifiant, quand on y pense », renchérit David Blue Garcia.

Texas Chainsaw Massacre est présenteme­nt disponible sur Netflix.

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