Le Journal de Montreal - Weekend

POLAR SUR LE THÈME DE LA CORRIVEAU

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Maître du thriller ésotérique, Hervé Gagnon n’en finit pas de nous étonner ! Après le grand succès de la série Damnés et Crossroads, un roman sur fond de blues, il propose aux jeunes adultes un polar surnaturel décapant ravivant une figure légendaire de l’histoire québécoise, la Corriveau. Reculant jusqu’en 1763, puis au milieu des années 1800, époque des cirques ambulants et des trouvaille­s extraordin­aires, il raconte une histoire basée sur une cage de fer aussi célèbre que sinistre.

À Lévis, en 1763, Marie-Josephte Corriveau est condamnée à mort pour le meurtre de son mari. Elle est pendue et son corps est enfermé dans une cage de fer à la croisée des chemins.

À Montréal, en 1851, la cage de la Corriveau est exposée à Montréal, à l’époque où les cirques ambulants et les exposition­s itinérante­s d’objets extraordin­aires étaient en vogue.

Eugénie Lachance et son petit frère Alexis, jeunes orphelins employés dans une manufactur­e, comptent leurs sous pour aller voir cette trouvaille inusitée dont tout le monde parle. L’exposition vire au cauchemar : Eugénie a des visions et des femmes qui ont vu la cage se mettent à assassiner leurs maris. Le constable Seamus O’Finnigan est chargé d’enquêter sur cette cage maléfique.

LES EXPOSITION­S ITINÉRANTE­S

Le polar surnaturel signé Hervé Gagnon est destiné aux lecteurs qui ont le coeur solide : l’histoire de Marie-Josephte Corriveau est tragique et elle a marqué l’imaginaire collectif depuis le 18e siècle.

« Ce qui m’intéressai­t, c’était sa cage. Elle avait vraiment été exposée à Montréal en 1851 », rappelle Hervé Gagnon.

« Je suis tombé là-dessus quand je faisais mes recherches pour ma thèse de doctorat. Elle est revenue au Musée des civilisati­ons à Québec, après être passée par le Massachuse­tts et New York. »

« P.T. Barnum l’avait achetée pour son cirque. Il ne faut pas oublier qu’on l’a retrouvée dans un cimetière alors qu’elle émergeait de terre... déjà, en partant, elle était magannée ! Quelqu’un l’a ramassée et s’est mis à l’exposer en 1851. »

L’objet était un bon prétexte pour écrire un roman. En bon historien, Hervé Gagnon recadre tout dans son contexte. Les faits historique­s et les personnage­s comme le forgeron ont réellement existé. Mais l’intrigue sort tout droit de son imaginatio­n.

RUE SAINT-PAUL

À l’époque, les gens faisaient vraiment la file pour aller voir la fameuse

■ Hervé Gagnon détient un Ph. D. en histoire et une maîtrise en muséologie.

■ Après avoir oeuvré dans la mise en valeur du patrimoine et enseigné à l’université, il se consacre à l’écriture.

■ Il a signé plusieurs romans à succès, dont la série Damnés.

■ Il a publié de nombreux romans jeunesse, dont Cap-aux-Esprits et Le projet Pox.

■ La cage est le premier titre d’une nouvelle collection de romans pour les 14 ans et plus chez Hugo Jeunesse.

cage dans une boutique située près du marché Bonsecours.

« C’est mentionné dans les journaux, à quel point c’était populaire et à quel point ça a attiré des curieux. On payait. On nomme la boutique, mais je n’ai jamais réussi à la retrouver exactement, sur la rue Saint-Paul. J’ai toujours présumé que c’était dans une boutique de ce qu’on appelait des “dry goods”, avec la mauvaise traduction de marchandis­es sèches. C’était l’équivalent d’un magasin général. »

La cage lui a fourni un bon prétexte pour mettre en lumière d’autres faits de société caractéris­tiques de l’époque comme le travail des enfants dans les manufactur­es et la vie des orphelins. « Il n’y avait pas beaucoup de ressources. »

TERRITOIRE RICHE

Hervé Gagnon trouve que le Québec est un territoire extrêmemen­t riche pour écrire des histoires dans le genre de La cage.

« On a plein de belles légendes, de belles histoires. Je suis en train d’écrire un autre livre jeunesse qui va jouer avec les mythes », dit-il.

« On a des variantes des grands mythes et on a aussi un folklore. Avec la Corriveau, il y a plein de choses que j’aurais pu faire : on s’imaginait qu’on la voyait danser avec les feux-follets sur l’île d’Orléans, on s’imaginait qu’elle parlait au monde depuis sa cage. Mais il y a plein d’autres choses aussi : la chassegale­rie, le diable qui vient danser... »

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LA CAGE Hervé Gagnon Éditions Hugo Jeunesse 304 pages En librairie le 21 mars

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