Le Journal de Montreal - Weekend

Hollywood P★Q

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

L’étoile du Québec brille plus que jamais à Hollywood. Au cours des dernières années, les cinéastes Denis Villeneuve et Jean-Marc Vallée ont réussi à se hisser parmi les réalisateu­rs les plus en vue chez nos voisins du sud, amenant dans leur giron plusieurs autres artisans québécois. « Jean-Marc et Denis ont été les porte-drapeaux du cinéma québécois à Hollywood », résume le vétéran producteur Roger Frappier.

« Sans Jean-Marc et Denis, je ne serais pas où je suis aujourd’hui », lance sans hésiter le concepteur visuel québécois Patrice Vermette. Grâce à son travail dans le Dune de Denis Villeneuve, Vermette a décroché cette année la troisième nomination de sa carrière aux Oscars. Le Québécois avait eu droit à cet honneur la première fois en 2010 pour le drame historique The Young Victoria, réalisé par Jean-Marc Vallée. Il avait répété l’exploit en 2017 pour son travail dans le film de science-fiction L’arrivée (de Denis Villeneuve).

Patrice Vermette fait partie de la cohorte de complices québécois que le regretté Jean-Marc Vallée a amenés avec lui dans son aventure hollywoodi­enne. Après avoir lancé la carrière internatio­nale de Vermette, Vallée a fait appel notamment au directeur photo Yves Bélanger et au monteur Martin Pensa pour l’aider à concocter ses films suivants, dont Dallas Buyers Club et Wild. Les deux hommes volent désormais de leurs propres ailes, à Hollywood.

Le travail de défricheur effectué par Jean-Marc Vallée n’a pas servi seulement à ses proches collaborat­eurs. Même son ami et confrère Denis Villeneuve a déjà admis que les succès de Vallée à Hollywood l’avaient aidé pour sa propre carrière internatio­nale.

« Je marchais en parallèle, un peu derrière lui. Il ouvrait la voie », a confié Villeneuve au Journal, le lendemain du décès soudain de Vallée, en décembre dernier.

Selon le producteur Roger Frappier, les Québécois ont toujours été présents à Hollywood. Avant les Villeneuve et Vallée, d’autres cinéastes de chez nous comme Yves Simoneau et Christian Duguay ont réussi à faire valoir leur talent dans la capitale mondiale du divertisse­ment.

UNE FILIÈRE ENTIÈRE

D’autres artisans du cinéma québécois comme le concepteur visuel Claude Paré, le caméraman et directeur photo Stephen Campanelli et le maquilleur d’effets visuels Adrien Morot sont aussi régulièrem­ent embauchés par des production­s américaine­s depuis une vingtaine d’années.

« Ça fait plusieurs années qu’il y a une filière québécoise à Los Angeles. Mais depuis quelques années, elle est passée au premier plan », observe Roger Frappier qui est lui-même nommé aux Oscars cette année pour le film Le pouvoir du chien, qu’il a coproduit.

« Il y a eu récemment une prise en charge de plusieurs projets d’envergure par des Québécois à Los Angeles. Et ce sont véritablem­ent Denis [Villeneuve] et Jean-Marc [Vallée] qui ont ouvert la voie à cette reconnaiss­ance de la qualité du cinéma québécois. En voyant leurs succès, les gens à Hollywood se demandent s’il y en a d’autres qui vont suivre leurs pas. D’ailleurs, on a vu dans les dernières années d’autres réalisateu­rs québécois, comme Philippe Falardeau et Ken Scott, tourner aussi des films aux États-Unis. »

Et il n’y a pas que les cinéastes québécois qui ont la cote en ce moment aux États-Unis. Plusieurs de nos jeunes acteurs, cascadeurs, directeurs photo, concepteur­s visuels et spécialist­es en effets visuels se sont aussi taillé une place à Hollywood au cours des dernières années.

« C’est fascinant de voir à quel point on retrouve des Québécois dans tous les corps de métiers, souligne le directeur photo Yves Bélanger. Par exemple, la coloriste avec laquelle je travaille à Hollywood, Maxine Gervais, est une Québécoise qui vit là-bas depuis plusieurs années. Elle a fait la colorisati­on de plusieurs gros films. »

Patrice Vermette n’hésite pas à décrire l’industrie du cinéma québécois comme « une pépinière de talents ».

« C’est fou, tout le talent qu’il y a au Québec. On n’a vraiment rien à envier aux autres dans ce domaine. »

Le cinéaste Denis Villeneuve abonde dans le même sens :

« Montréal dispose d’un bassin créatif absolument extraordin­aire », insiste le réalisateu­r de Dune, en lice pour 10 prix aux Oscars demain soir.

« On le voit dans le domaine du théâtre, de la danse, de la peinture, de la poésie, mais aussi beaucoup dans celui du cinéma. On me demande souvent si j’habite à Los Angeles. C’est vrai que je dois passer beaucoup de temps là-bas pour le travail, mais j’habite encore à Montréal et je reviendrai­s toujours à Montréal parce qu’il y a une énergie spéciale et une créativité dans cette ville qui m’allume et me touche beaucoup. »

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