Le Journal de Montreal - Weekend

EFFETS VISUELS :LA TOUCHE QUÉBÉCOISE

- MAXIME DEMERS

Dune, Mourir peut attendre, Shang-Chi et la légende des dix anneaux, Croisière dans la jungle, Star Wars : l’ascension de Skywalker… Depuis quelques années, on ne compte plus le nombre de grandes production­s hollywoodi­ennes qui ont bénéficié de l’expertise et du talent québécois pour la création de leurs effets visuels.

Ce phénomène s’explique par une raison bien simple : au cours de la dernière décennie, Montréal est devenu une plaque tournante de l’industrie des effets visuels, se hissant même dans le top 3 des grands pôles mondiaux dans ce domaine, après Londres et Vancouver.

Attirés notamment par les crédits d’impôt alléchants offerts par la métropole, plusieurs grands studios britanniqu­es comme Framestore et Cinesite ont ouvert des bureaux à Montréal. On a aussi assisté à l’émergence de quelques entreprise­s québécoise­s spécialisé­es en la matière, dont la plus connue est certaineme­nt Rodeo FX.

Fondé à Montréal par Sébastien Moreau en 2006, Rodeo FX est devenu, en seulement 15 ans, un des studios les plus réputés au monde dans le domaine des effets visuels. L’entreprise québécoise qui compte aujourd’hui près de 800 employés répartis dans ses bureaux à Montréal, Québec, Toronto, Los Angeles et Munich a signé les effets visuels de plusieurs grands succès hollywoodi­ens dont Shang-Chi et la légende des dix anneaux, Dune, Les animaux fantastiqu­es et Game of Thrones.

« Rodeo a eu 15 ans l’an passé, c’est donc un adolescent qui a les bras un peu trop longs », lance en riant le président et fondateur de l’entreprise, Sébastien Moreau.

« Ma plus grande fierté, aujourd’hui, c’est de voir qu’une compagnie québécoise comme Rodeo FX soit reconnue à Hollywood et dans notre industrie. On a amené ça à un autre niveau. On ne parle plus juste d’un individu. On parle d’une marque québécoise qui représente des centaines de personnes à travers le monde et qui fait rayonner le Québec. »

Pour lui, la réputation de Montréal dans le domaine des effets visuels ne s’explique pas seulement par l’attrait de ses crédits d’impôt.

« Je dirais que c’est une combinaiso­n de plusieurs choses, précise-t-il. Évidemment, les crédits d’impôt sont avantageux. Mais il y a 200 autres villes dans le monde qui ont des crédits d’impôt. Au Québec, on a beaucoup de talent naturel et des écoles qui forment les artistes visuels. Le coût de la vie est aussi un atout. Nos principaux compétiteu­rs sont Londres et Vancouver, où tout coûte deux fois plus cher. »

PIONNIERS

Si Rodeo FX peut désormais être considéré comme le porte-étendard du Québec dans l’industrie des effets visuels, le studio Hybride peut se targuer d’avoir été un pionnier dans ce domaine à l’échelle locale. L’entreprise québécoise a été fondée en 1991, au début de la transition des effets visuels vers le numérique.

« Mes partenaire­s ont eu du flair parce qu’on est arrivés au bon moment », observe en entrevue Michel Murdock, président et cofondateu­r d’Hybride.

Au cours des 30 dernières années, Hybride (qui a été acquis par Ubisoft en 2008) a réalisé des effets visuels pour des films comme Spy Kids, Avatar, Hunger Games, Monde jurassique et les récents épisodes de la saga Star Wars. Pendant ces trois décennies, le studio basé dans les Laurentide­s a été témoin de l’évolution constante de la technologi­e des effets visuels numériques, mais aussi de la montée en puissance de Montréal en tant que référence mondiale dans ce domaine.

« Le secret de Montréal, c’est sa créativité, insiste Michel Murdock. Quand on a commencé à décrocher des contrats à l’internatio­nal, on n’avait jamais les mêmes budgets qu’aux États-Unis, mais il fallait réussir à réaliser un produit final qui pouvait se comparer à ce qu’ils faisaient à Hollywood avec plus de moyens. C’est notre créativité qui nous a permis de nous démarquer. »

Selon le dernier rapport du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), le secteur des effets visuels a généré des retombées de 780 millions $ au Québec en 2021, une hausse de 25 % par rapport à 2019.

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