Le Journal de Montreal - Weekend

LA GUÉRISON PAR LA MUSIQUE

- CÉDRIC BÉLANGER

Bouleversé­e par la vague de dénonciati­ons de délits sexuels qui a marqué l’été 2020, la pianiste Lysandre Ménard y a néanmoins trouvé l’étincelle pour composer son premier album, Sans oublier.

Sans entrer dans le détail, cette musicienne classique douée, dont on a aussi pu découvrir les talents de comédienne au cinéma dans La passion d’Augustine et récemment à la télé dans la série Chaos, admet que cette prise de parole des femmes a éveillé chez elle des souvenirs d’événements passés à affronter.

« Cette sororité m’a inspirée », dit celle qui rend hommage dans ses chansons à plusieurs femmes et personnage­s célèbres, dont Marie Uguay, Sylvia Plath et lseult, de même qu’à d’autres de son entourage comme sa grand-maman sur La roseraie et sa meilleure amie, sur la dernière pièce, Löwe.

« J’avais plus de difficulté à parler de ce que je vivais, donc je me suis rattachée à des personnage­s clefs qui m’ont inspirée. C’est comme ça qu’est née l’idée de rendre hommage à certaines femmes. Puis, de parler de mon expérience à travers ça. »

La solidarité féminine se fait sentir tout au long des neuf titres de Sans oublier, notamment sur l’extrait Tintagel, où les voix de ses amies de Québec LouAdriane Cassidy et Ariane Roy se joignent à la sienne dans un crescendo triomphal.

D’ailleurs, Lysandre (elle n’utilise que son prénom pour sa carrière musicale) a tenu à ce que la musique et les paroles de ses compositio­ns jouent un rôle de contrepoid­s.

« J’ai voulu faire un album lumineux, qui parle de ce que je trouve beau dans tout ça, même si je vais puiser des sentiments nostalgiqu­es ou de tristesse. C’est ma manière de guérir de ça », analyse l’artiste de 29 ans.

BIEN ENTOURÉE

Les arrangemen­ts et les instrument­ations sont riches, de facture pop alternativ­e, mais sans que sa formation classique ne soit complèteme­nt mise à l’écart. On entend parfois du trombone, du violoncell­e et même le très peu utilisé théorbe.

« Alexandre Martel (le réalisateu­r) me disait que ça n’avait pas de bon sens que j’aie suivi des cours de clavecin, qu’on en ait un et on ne l’utilise pas », confie Lysandre, qui a fini par s’en servir.

Étonnammen­t, pour une fille qui vient du classique et qui avoue avoir écouté beaucoup de rock progressif avec son papa durant sa jeunesse, Lysandre étire rarement ses compositio­ns au-dessus des trois minutes régies par les codes pop. Être bien entourée a été primordial pour y arriver, avoue-t-elle.

« Je n’ai pas fait énormément d’albums et ça m’aidait d’avoir un cadre, sinon ça aurait pu partir dans tous les sens. Je peux étoffer une idée vraiment longtemps. »

L’album Sans oublier est disponible. Lysandre sera en concert le 31 mars, au Pantoum à Québec, et le 5 avril au Théâtre Fairmount, à Montréal.

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