Le Journal de Montreal - Weekend

TÉMOIGNER DES RICHESSES DE LA NATURE

5 questions à Marie-Julie Parent, réalisatri­ce de C’est plus qu’un jardin

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

À la télé, Marie-Julie Parent travaille comme réalisatri­ce depuis près de 30 ans. On lui doit des reportages à Banc public ,à Ça vaut le coût ,des moments avec les petits à PasseParto­ut, le récent documentai­re

Génération COVID. Dans la vie, elle cultive un énorme jardin, élève des canards, des poules et des moutons. C’est plus qu’un jardin dont elle signe la deuxième saison est un projet qui lui colle à la peau.

En quoi la deuxième saison se démarque-t-elle de la première ?

Nous sommes toujours chez Édith (Cochrane) et Emmanuel (Bilodeau), mais dans leur maison de Montréal. Ils ont la chance d’avoir une grande cour, mais elle est ombragée. C’est plus difficile d’y cultiver des légumes. Ils ont misé sur les fleurs sauvages, les herbes médicinale­s, enlever leur gazon en avant. L’idée, c’est de bousculer les choses un peu pour sortir du cadre. La première saison portait davantage sur l’autosuffis­ance alors que celle-ci s’inscrit dans le zéro déchet. On est toujours dans un mouvement écologique. On suit aussi une ruelle verte qui existe depuis un certain temps, mais l’émission leur a donné un élan supplément­aire. C’est beau de voir l’esprit de communauté. C’est beaucoup d’investisse­ment de temps. Il faut faire le tour de tout le monde, s’assurer de la pérennité du projet. La nature est partout si on l’installe. Dans la série, on pose des gestes qui ont des conséquenc­es sur nos vies. Le local dans notre cour, dans nos villes, c’est possible.

La famille est très présente dans toute la série. C’est important d’englober toutes les génération­s ?

Ces enfants sont au courant qu’on arrache la carotte d’un bac ou d’un jardin, qu’elle ne vient pas d’un sac en plastique à l’épicerie. C’est l’fun de les voir faire des découverte­s. C’est magique. J’ai des perles à chaque journée de tournage. En même temps, rien n’est forcé. Il faut que ça reste ludique.

Vous avez des spécialist­es qui viennent aider les familles. Comment trouver le bon équilibre entre les informatio­ns et les expérience­s de vie ?

L’équilibre se trouve au niveau du feeling. On pourrait faire un cours 101 sur la patate, mais on cherche plutôt à insuffler des moments humains. On n’est pas dans du magazine ou du « how to ». Le contenu didactique passe dans l’aspect documentai­re où l’on suit ce que les protagonis­tes vivent. À chaque épisode, on a trois groupes de « personnage­s » : la famille d’Édith et Emmanuel, la famille de Caroline et Jonathan qui poursuit son projet et les voisins de la ruelle verte. Tout doit rester accessible pour que les gens puissent s’appliquer. Il faut donner l’envie aux gens de poser des gestes.

Le tournage de la série dépend en grande partie de la nature. Est-ce difficile à planifier ?

La planificat­ion des sujets des 10 épisodes est ancrée dans un calendrier des récoltes. Par exemple, l’ail se cultive généraleme­nt début juillet selon les zones. Mais l’été dernier a été très chaud et on l’a cueilli plus tôt. C’est important de s’ajuster et de faire preuve de flexibilit­é, de pouvoir changer la structure du scénario. Avoir gardé l’ail à l’épisode 6 comme prévu, on serait complèteme­nt passé à côté. Récolter l’ail, c’est une journée. C’est festif. Il y en a beaucoup. On avait deux familles qui se rencontrai­ent. Ça crée des liens naturels que nous n’aurions pu prévoir. J’aime concevoir des scénarios avec ce qui se présente à nous. C’est spontané et authentiqu­e. On y va avec la nature.

Combien de temps tournes-tu avec les familles ?

Chaque épisode nécessite 2,5 à 3 jours de tournage. C’est donc à peu près une journée par « personnage » par épisode. C’est beaucoup de matériel humain. À ça s’ajoutent les surprises de la nature. C’est un gros travail de montage. C’est important qu’on aille au bout de chaque projet, de donner suite à chacun des gestes posés. Mais c’est aussi beaucoup de beaux moments que la monteuse, Ève LeClair, et moi gardons dans notre coeur. Si ça inspire, ça peut créer des mouvements pour faire changer des choses, sensibilis­er les gens à découvrir des initiative­s qu’ils ont dans leur quartier ou tout simplement leur donner le goût de se mettre les mains dans la terre.

C’est plus qu’un jardin

Lundi 19 h et jeudi 20 h sur Unis TV

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