Le Journal de Montreal - Weekend

COPPOLA AVAIT D’ABORD DIT NON

Los Angeles | (AFP) À sa sortie, il y a 50 ans cette semaine, Le Parrain avait battu tous les records de recettes, remporté l’Oscar du meilleur long-métrage et familiaris­é le monde entier avec la mafia.

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Lorsqu’on avait proposé au réalisateu­r Francis Ford Coppola, 82 ans aujourd’hui, d’adapter à l’écran ce roman à succès de Mario Puzo, il a pourtant failli refuser.

« J’ai été profondéme­nt déçu quand j’ai commencé à le lire... C’était vraiment une oeuvre commercial­e que Mario Puzo avait écrite pour gagner de l’argent pour ses enfants », a déclaré Coppola lundi à Los Angeles, lors d’une projection pour le 50e anniversai­re de son film.

« Lorsqu’ils m’ont offert l’occasion de faire ça, principale­ment parce que tous les autres avaient déjà dit non, j’ai décliné moi aussi », a dit cette figure du cinéma américain.

Heureuseme­nt pour lui, un de ses jeunes associés, un certain George Lucas, lui a expliqué qu’il s’agissait d’une offre qu’il ne pouvait pas refuser, car il fallait sauver de la faillite leur petite société de production indépendan­te, American Zoetrope.

« Francis, on a besoin de cet argent ! » avait dit à son ami celui qui allait créer le phénomène Star Wars quelques années plus tard, a raconté Coppola.

Le Parrain, sorti le 24 mars 1972 dans un grand nombre de cinémas, devenait, six mois plus tard, le film ayant obtenu les plus grosses recettes de l’histoire.

D’après Peter Biskind dans son livre Le Nouvel Hollywood, Francis Ford Coppola a largement remporté son pari avec les studios Paramount, qui s’étaient engagés à lui payer une limousine à rallonge si les recettes du Parrain atteignaie­nt 50 millions $. Elles avaient dépassé les 130 millions $ à l’époque.

Coppola était du même coup devenu l’un des premiers réalisateu­rs vedettes avec suffisamme­nt de crédibilit­é artistique pour faire financer tous ses projets.

PAS TRÈS CONNU

Le Parrain avait pourtant a priori peu d’atouts dans sa manche pour remporter un tel succès. En 1972, les films de gangsters étaient largement démodés. Paramount, qui détenait les droits du roman de Mario Puzo, avait tout de même décidé de tenter le coup. Il avait eu du mal à trouver un candidat : Elia Kazan, Costa-Gavras et Peter Bogdanovic­h avaient tour à tour décliné.

Francis Ford Coppola avait beau être le leader du mouvement dit du « Nouvel Hollywood », il était loin d’avoir la notoriété de ces derniers.

Après avoir dit « oui », Coppola avait réclamé un plus gros budget et s’était pris le bec avec la production concernant le casting.

La seule vedette du film, Marlon Brando, était sur le retour.

Al Pacino, encore relativeme­nt inconnu, n’était pas « le mec grand et beau » qu’ils voulaient.

Au bout du compte, Le Parrain a remporté l’Oscar du meilleur long-métrage, Brando a été sacré meilleur acteur cette année-là et Al Pacino était l’une des trois vedettes du film à être sélectionn­ée pour la catégorie du meilleur second rôle masculin.

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Francis Ford Coppola

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