Le Journal de Montreal - Weekend

HOMMAGE À LA POÈTE HUGUETTE GAULIN

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Après un récit bouleversa­nt, Trop

plein, le scénariste, réalisateu­r et écrivain Martin Talbot raconte une histoire où la poésie, le cinéma, la beauté de la vie, les problémati­ques de santé mentale et la mort sont tricotés serrés, Cette confusion sera

superbe. Évoquant la mort tragique de la poète Huguette Gaulin en 1972, il décortique sa poésie, en quête de sens, au fil de la trajectoir­e de ses personnage­s.

Flash-back. En 1972, alors qu’elle commençait à s’imposer sur la scène littéraire, la jeune écrivaine écologiste Huguette Gaulin s’est immolée par le feu devant l’hôtel de ville de Montréal. Elle avait laissé un dernier message : « Vous avez tué la beauté du monde ».

Des décennies plus tard – en 2019, pour être précis –, plusieurs personnage­s étudient à nouveau la poésie de la regrettée Huguette Gaulin à la recherche de sens.

Sarah est une jeune comédienne fragile et sensible. Benoît, réalisateu­r, cherche le thème de son prochain film, dont le casting est incertain. Daniel, son frère, passe de longues heures à la Grande Bibliothèq­ue à souligner des vers dans des recueils de poèmes. Nick Carter, des Backstreet Boys, fait une apparition étonnante, tout comme Émile Nelligan.

Ce roman choral, multicouch­e, est bien différent de Trop plein, où l’auteur abordait la mort de son père, l’imprésario Gilles Talbot, survenue alors qu’il avait 13 ans.

LA VIE DE CETTE ÉCRIVAINE

En écoutant l’animatrice de radio, Monique Giroux, parler de la mort tragique de l’écrivaine de 27 ans, Martin Talbot a entamé une réflexion sur le sens d’une oeuvre d’art.

« Je me souviens de la chanson de Luc Plamondon », dit-il en faisant référence à Le monde est fou. « Je ne me souviens pas de l’événement, évidemment, parce

que j’avais 5 ans en 1972. Mais je me souvenais de l’histoire. »

« Cette femme-là, c’est sa poésie qu’elle voulait mettre de l’avant, mais on se souvient tous de l’événement. Je me suis dit : cette femme a existé. Elle a voulu écrire. Mais c’est quoi, son histoire, à elle ? »

Il s’est questionné sur les raisons menant à la fin tragique de l’écrivaine.

« Je me suis dit : c’est pas juste qu’elle a voulu faire un geste d’éclat. Elle avait un problème de santé mentale. J’ai trouvé son recueil. Je l’ai lu. Mon côté plus “sociologue” s’intéressai­t à l’histoire et je me suis mis à imaginer celle de sa vie. »

Martin Talbot ajoute que dans sa propre famille, il y a eu des cas de maladie mentale, de schizophré­nie. Lui-même a fait une dépression et en a parlé dans son livre précédent.

Dans Trop plein, il était allé puiser dans son histoire personnell­e. Mais, cette fois, il avait envie que les lecteurs voient d’abord ce qu’il avait à raconter, comme romancier, et non comme personne. Il y a bien quelques éléments tirés de sa vie, dit-il... mais il n’est pas question d’autofictio­n.

L’écriture romanesque lui a apporté beaucoup. « Pour moi, écrire un roman, ça vient beaucoup d’une frustratio­n de ne pas tourner assez. C’était aussi de faire exister des histoires, une fois pour toutes, sans attendre de les tourner. »

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 ?? ?? CETTE CONFUSION SERA SUPERBE Martin Talbot Éditions Stanké, 184 pages En librairie le 30 mars
CETTE CONFUSION SERA SUPERBE Martin Talbot Éditions Stanké, 184 pages En librairie le 30 mars

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