Le Journal de Montreal - Weekend

« J’OSE PRENDRE LA PAROLE »

Ouvrir le dialogue sans devoir être parfait : voilà ce que vise Émile Bilodeau. L’envie de voir les choses bouger fait vibrer l’auteur-compositeu­r-interprète qui a presque autant de projets à venir que d’idées pour vivre mieux dans notre beau Québec.

- SARAH-ÉMILIE NAULT

On peut dire qu’Émile Bilodeau a eu une pandémie très créative. Celui qui aura 26 ans le 28 juin prochain a d’abord lancé Petite nature en octobre 2021, un album réalisé et magnifié par Philippe Brault. Il est ensuite retourné en studio en mai 2021 pour faire naître Tout seul comme un grand ,unalbumsur lequel il s’occupe seul de tous les instrument­s qu’il présentera cet automne. Puis, en mars 2022, il a enregistré Au bord des espoirs ,un opus bien touffu – comprenant 20 chansons – qui verra le jour à l’automne 2023.

« L’idée était tout simplement de me lever pour travailler, explique l’artiste qui souhaitait se tenir occupé pendant la pandémie. Je me suis créé un environnem­ent, une sorte de laboratoir­e pour avoir du fun. »

NOMBREUX PROJETS

Le chanteur originaire de Longueuil est certes bien occupé alors qu’il reprend pour la troisième fois son rôle de porte-parole du Festival Go vélo Montréal ; une belle suite d’événements cyclistes qui se tiendront du 29 mai au 5 juin prochain.

« Je fais du vélo parce que je suis écoanxieux, explique celui qui se déplace le plus possible sur deux roues dans la vie quotidienn­e comme en tournée. Je me sens super bien entre les deux oreilles quand je peux me déplacer à vélo. Je n’ai pas de permis de conduire. Puis, il y a beaucoup de “tites” bières en musique… Le vélo me permet de me tenir en forme et d’investir dans mon moi du futur. Avec ce projet, on peut pousser les gens à se déplacer à Montréal à vélo. »

Habitué des festivals, le musicien se fait aussi une joie de reprendre une tournée de spectacles extérieurs à travers le Québec cet été. Parmi ceux-ci, le Festival d’été de Québec en compagnie d’Ariane Moffatt, le Festival en chanson de Petite-Vallée avec Paul Piché et les célèbres Francos de Montréal lors d’un spectacle gratuit extérieur le 13 juin. Il y partagera la scène avec ses amis Scott-Pien Picard, le groupe de musique innu Maten, Elisapie Isaac et Laura Niquay.

Si un certain festival de musique en Gaspésie a été écarté de son horaire, on se souviendra que c’est parce qu’Émile s’était volontaire­ment retiré d’une programmat­ion entièremen­t masculine en mars dernier.

« J’ai trouvé malheureux qu’en 2022 sur 13 groupes, on retrouve 13 groupes de gars, explique-t-il. J’ai fait des démarches, on m’a proposé des solutions qui étaient trop faibles selon moi. On parle beaucoup de la place des femmes dans tous les domaines, et en musique il y a des études qui expliquent le manque de confiance des femmes artistes à cause de systèmes comme cela. Je me sentais mal et complice de cela, alors j’ai décidé de m’en aller. »

Comme c’est France D’Amour qui a hérité de sa place dans la programmat­ion, Émile se dit heureux d’avoir contribué à changer les choses, à sa façon. Car des modèles de femmes sur scène, cela en prend pour que les jeunes musicienne­s y croient, insiste-t-il.

ALLER ÉCRIRE AILLEURS

L’auteur-compositeu­r-interprète a un autre grand projet. Une tournée baptisée Last Call en 2023-2024, sorte de tournée d’adieu soulignant sa dernière année de festivals. Car Émile a des envies d’ailleurs. En 2025, il partira s’établir en France pendant deux ans et souhaite utiliser ce pied-à-terre européen (sa maison de production se trouve à Lyon) pour faire le tour du monde.

« Je me demande ce que je vais bien pouvoir écrire à l’étranger, en solitaire », dit celui qui a appris que la chanson Quand les hommes vivront d’amour avait été écrite par Raymond Lévesque en France. « Est-ce que je pourrais écrire ma Quand les hommes vivront d’amour ? Pour cela, je crois qu’il faut que je change d’environnem­ent. » Pour le moment, c’est la pièce Fleuve qui fera office de chanson d’adieu.

L’auteur a aussi envie d’essayer d’écrire sans limites de temps. Peut-être un livre pamphlétai­re à la Pierre Falardeau qui comprendra­it des chroniques et des chansons certaineme­nt engagées… Car à l’aube de ses 30 ans, il a envie de pointer du doigt les choses qu’il a faites et le pourquoi de ses choix militants des dernières années. Il souhaite aussi s’interroger sur ses buts et sur ce qu’il aurait pu faire mieux.

Se voit-il comme un révolution­naire ? « Je crois qu’on me demande mon avis parce que j’ai quelque chose à dire, mais ça ne me tente pas qu’on fasse de moi un modèle à suivre, répond-il. Je suis un gars bien impliqué et si on me téléphone pour parler d’écologie, de la souveraine­té du Québec, des minorités et de la place des femmes en musique, je vais le faire. »

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ÉMILE BILODEAU Émile Bilodeau sera de plusieurs festivals cet été, dont les Francos de Montréal le 13 juin et le Festival d’été de Québec le 10 juillet.

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