Le Journal de Montreal - Weekend

LE PROJET QUÉBÉCOIS DE PATRICK STEWART

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers@quebecorme­dia.com

Le réalisateu­r Claude Lalonde et le scénariste Louis Godbout n’avaient encore jamais tourné de film quand ils se sont retrouvés à diriger le grand acteur britanniqu­e Sir Patrick Stewart sur le plateau de tournage de leur drame Coda : la vie en musique, il y a cinq ans. Inutile de dire que cette expérience a été très formatrice pour les deux Québécois : « C’est comme si on avait fait notre cours de conduite avec une Ferrari », observe en riant Louis Godbout.

Dans ce film tourné en anglais à Montréal durant l’été 2017, Patrick Stewart se glisse dans la peau d’un célèbre pianiste au crépuscule de sa carrière qui doit composer avec des problèmes d’anxiété de performanc­e au moment où il tente d’effectuer un retour sur scène, après des années d’absence. Sa rencontre avec une critique musicale – campée par l’actrice américaine Katie Holmes – lui permettra éventuelle­ment de retrouver le plaisir de jouer. Le long métrage devait initialeme­nt prendre l’affiche au Québec il y a deux ans, mais sa sortie a été retardée en raison de la pandémie.

Comment deux Québécois se sont-ils retrouvés à confier le rôle principal de leur premier film à Sir Patrick Stewart ? Dans une courte entrevue accordée sur Zoom plus tôt cette semaine, le célèbre acteur britanniqu­e connu pour ses rôles dans X-Men et Star Trek a révélé avoir un coup de coeur pour ce personnage de pianiste en profonde remise en question. Le défi d’incarner à l’écran un virtuose du piano l’a aussi attiré.

RENCONTRE DÉTERMINAN­TE

« Dans le film, je suis un pianiste de renommée mondiale et je joue du piano de façon merveilleu­se. Mais dans la vraie vie, je ne peux pas jouer une seule note », a lancé, pince-sansrire, l’acteur de 81 ans, en évitant de révéler trop de détails sur son travail de préparatio­n pour le rôle.

« En étudiant le piano, j’ai surtout essayé de découvrir les sensations physiques et émotionnel­les qu’on peut avoir en jouant de la musique. J’ai réalisé qu’il y avait certaines similitude­s avec l’expérience de jouer du Shakespear­e. Certains de mes moments les plus heureux du tournage ont été quand nous tournions dans des salles de concert. La musique jouait et je sentais que j’en faisais partie. »

C’est par l’entremise d’une agente de casting montréalai­se vivant à Los Angeles que Patrick Stewart s’est retrouvé sur une courte liste d’acteurs pressentis pour le rôle principal de Coda. Après avoir lu le scénario, le comédien britanniqu­e a demandé à rencontrer le réalisateu­r Claude Lalonde.

« Je suis donc allé le voir dans sa maison en Angleterre, relate Lalonde, qui a beaucoup travaillé comme scénariste ( 10½ et Origami, entre autres), avant de faire le saut à la réalisatio­n.

« On a passé 24 heures ensemble, à parler du rôle et du scénario. Quand je suis parti, il m’a dit qu’il voulait faire le film, mais qu’il devait d’abord vérifier ses disponibil­ités avec ses agents. Puis, au bout de deux semaines, on a eu la réponse positive. Le scénario lui parlait beaucoup. »

« CADEAU DE LA VIE »

Le fait que le film soit tourné à Montréal a aussi pesé dans la balance. Patrick Stewart connaissai­t déjà bien la métropole pour y avoir tourné un film de la saga X-Men, quelques années plus tôt. « J’adore la ville et les gens, confirme l’acteur britanniqu­e. Pour un de mes séjours précédents, j’ai résidé pendant un certain temps dans le Vieux-Montréal et j’ai particuliè­rement aimé. Les gens sont chaleureux et très polis. »

Selon Louis Godbout et Claude Lalonde, Sir Patrick Stewart a été profession­nel jusqu’au bout des ongles, autant dans son travail de préparatio­n que pendant le tournage du film.

« Quand il est arrivé à Montréal, il nous a dit qu’en se préparant pour son rôle, il avait beaucoup pensé au personnage d’Anthony Hopkins dans The Remains of the Day (Les vestiges du jour), indique le scénariste Louis Godbout, qui a aussi fait ses débuts derrière la caméra il y a deux ans avec le thriller Mont Foster.

« Or, quand j’ai écrit le scénario de Coda, j’avais aussi beaucoup pensé à ce personnage. Stewart est donc tout de suite arrivé parfaiteme­nt calibré pour son rôle. Et quand un acteur de sa trempe connaît déjà la tonalité de son personnage, tu le laisses aller. »

« Il a travaillé avec des grands acteurs anglais comme Vivian Leigh et Laurence Olivier et il nous a raconté des anecdotes de mises en scène qui m’ont beaucoup nourri, ajoute Claude Lalonde. Ç’a été un échange formidable. C’est un vrai cadeau de la vie, autant en termes de métier qu’en termes d’expérience humaine. »

Le film Coda : la vie en musique prend l’affiche vendredi.

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Patrick Stewart et Katie Holmes dans le Coda : la vie en musique.

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