Le Journal de Montreal - Weekend
LUTTE FÉROCE CONTRE LA DICTATURE
Après l’immense succès critique et commercial de C’est arrivé la nuit et du Crépuscule des fauves –un million d’exemplaires en librairie – le nouveau roman de Marc Levy,
Noa, vient tout juste d’être publié au Québec. Les fans retrouveront les protagonistes du fameux Groupe 9, des pirates qui oeuvrent pour le bien. Et cette fois, ils s’en prennent à un gros morceau : un dictateur d’Europe de l’Est. Marc Levy a fait un travail d’écriture phénoménal pour ce roman et démontre la justesse de son analyse de la scène internationale.
Cette nouvelle mission du Groupe 9 présente une intrigue complexe sur fond de politique internationale, une tension dramatique extrême et un rythme soutenu. Cette fois encore, des vies sont en danger et une jeune reporter d’investigation intrépide va s’infiltrer en terrain ennemi.
L’écrivain fait voyager ses lecteurs de Londres à Kyïv, de Vilnius à Rome, dans un roman d’aventures et d’espionnage qui est aussi une histoire qui invite à réfléchir sur l’état actuel du monde.
Marc Levy démontre sa maîtrise de l’écriture ; l’intrigue témoigne d’un travail de recherche approfondie et d’une analyse poussée des tensions politiques internationales. Du travail de maître, tout en finesse, doublé d’une grande force d’évocation.
ÉCRIT AVANT LA GUERRE
Noa, troisième tome de la série, a été écrit bien avant le début de la guerre d’Ukraine. « Elle n’était pas déclarée quand je l’avais fini », explique-t-il, en entrevue téléphonique depuis New York.
« Je n’ai rien changé dans le roman à cause des événements, puisque j’avais déjà anticipé dans le roman. Je voyais les coups venir depuis longtemps. Malheureusement, je n’ai rien modifié. Je dis bien malheureusement. L’écriture n’était pas prémonitoire, dans la mesure où ça me semblait évident que ça allait arriver. »
« La Russie a commencé à attaquer l’Europe en 2016, avec les élections américaines. Ensuite, la Russie est intervenue massivement en influençant les votes au Brexit. L’Angleterre ne se serait pas séparée de l’Europe si les Russes n’étaient pas intervenus pour exercer des opérations de manipulation massives. Londres a été colonisée par les oligarques russes qui se sont emparés du pouvoir et qui ont asservi le gouvernement anglais et qui ont mené leur campagne avec succès, à grands coups de désinformation. »
Cette fois, dans le roman, les 9 se sont donné pour mission de prêter main-forte à une population qui cherche à se débarrasser d’un dictateur, Loutchine. Transposer ce qui se passe sur l’échiquier mondial dans un suspense – ce qu’on voit dans Noa –est un tour de force.
« C’est un travail de recherche, de documentation et d’écoute qui est mené grâce aux grands reporters de la presse qui mènent des enquêtes. C’est un travail très minutieux qui consiste à suivre tout un faisceau d’enquêtes et comprendre tout à coup des recoupements entre les faits », explique l’écrivain.
L’intérêt de la fiction, rappelle Marc Levy, c’est qu’elle apporte des émotions. « Paradoxalement, on est plus concerné, plus préoccupé quand on est dans l’univers de la fiction, même si la fiction et la réalité se confondent, parce que tout à coup, la réalité est incarnée par les personnages et on se rapproche de ces personnages. Ça crée un lien d’empathie entre la gravité de la situation et la vie des personnes. »
SE BATTRE POUR LA LIBERTÉ
De Janice, personnage principal du roman, Marc Levy aime particulièrement la détermination, le courage, et en même temps, la fragilité.
« Janice n’est pas un superhéros. Elle se bat pour la vérité, pour la liberté des autres, et en même temps, elle en subit les conséquences, qui sont assez dévastatrices pour elle. C’est quelqu’un qui est très abîmé, qui souffre de la situation qu’elle endure. Ça lui donne une beauté d’âme qui me touche. Ce qui nous séduit chez elle, finalement, c’est son intelligence du coeur. »