Le Journal de Montreal - Weekend

ENTRE PARTAGE ET TRANSMISSI­ON

- SARAH-ÉMILIE NAULT

Joséphine Bacon aime parler d’amour. La poétesse innue – qui lancera un 4e recueil de poésie à l’automne – sera l’invitée d’honneur de la soirée Amour de la série d’événements culturels Optimista ,le11févrie­r prochain à la Maison de la culture de Verdun.

« Je me décris comme humain, cela me suffit, affirme Joséphine Bacon lorsqu’on lui demande quelle image elle se fait d’elle-même. Être humain est une responsabi­lité, c’est exigeant, il faut mettre les valeurs au bon endroit. »

Poétesse, réalisatri­ce de films documentai­res, parolière et enseignant­e, la grande dame de 75 ans ne s’habitue ni aux honneurs ni à l’expression « invitée d’honneur ». Elle accepte plutôt d’être présente lors de soirées comme Amour pour l’enrichisse­ment des rencontres humaines.

Le 11 février, les spectateur­s auront la chance de l’entendre réciter ses poèmes, accompagné­e de la musicienne, chanteuse et actrice Laur Fugère. Les questions seront ouvertes et le film documentai­re Je m’appelle humain – portant sur l’oeuvre de l’artiste originaire de Pessamit – sera présenté. Plusieurs enfants prendront d’ailleurs part à l’activité.

« Je trouve que le public des enfants est le plus difficile, mais quand ils sont avec toi, ils ne sont pas là à moitié, affirme celle qui attire des publics de tous les âges. Tu n’as pas besoin de leur parler d’amour : tu leur parles avec amour. »

Ne parlez pas de préparatio­n et de plan de soirée à la femme de lettres innue, elle aime raconter les mythes fondateurs de sa nation de manière fluide et spontanée. « J’arrive avec moi et je fais confiance à ma mémoire », dit-elle.

L’AMOUR DU TERRITOIRE

L’amour, pour Joséphine Bacon, est inexorable­ment lié à la Terre et au territoire.

« L’amour veut dire tellement de choses, dit-elle. C’est un grand verbe ! Je suis une grande amoureuse de bien des choses, du territoire, de mes enfants, des aînés. »

Si elle arrive désormais à monter sur scène – pour réciter de la poésie ou accepter un prix –, c’est qu’elle a effectué un grand travail sur elle-même.

La poétesse se souvient en riant de la présentati­on de son film au festival du cinéma à Rouyn-Noranda. Elle avait été incapable de dire un mot tant elle avait « le coeur qui battait comme le tambour des anciens. »

C’est l’enseigneme­nt et la poésie qui l’ont changée.

« J’ai toujours écrit sur des bouts de papier, mais des poèmes, jamais je n’aurais imaginé en écrire », confie l’autrice qui a pourtant fini par publier trois recueils de poésie ayant récolté de nombreux honneurs.

La créatrice se dit fière d’être toujours innue, malgré sa vie en milieu urbain. Faisant partie de la première cohorte des sages de l’Université de Montréal (avec Kim Thúy et Nathalie Bondil) et officière de l’Ordre national du Québec, elle n’est pourtant pas près d’oublier d’où elle vient.

« Je suis innue dans mon être, confie l’artiste qui rencontrer­a son ami Gilles Vigneault, 94 ans, en avril prochain pour discuter d’un mystérieux projet commun. Comme lui, je ne vois aucune bonne raison d’arrêter. J’ai tout ce dont j’ai besoin pour raconter : la forme, la mémoire et le crayon. »

■ La soirée Amour se déroulera à la Maison de la culture de Verdun le 11 février à 20 h. Billets : optimistam­tl.com/fr/love

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