Le Journal de Montreal - Weekend
Voici l’histoire d’un vase de 500 ans retrouvé dans un lac des Laurentides
Certains artefacts ont un destin inusité : à preuve, la découverte fortuite d’un vase en céramique au fond du lac des Seize Îles, dans les Laurentides, le territoire traditionnel des Anishinabeg. Récupéré par les plongeurs amateurs JeanLouis Courteau et Jacques Lech, l’artefact est déposé au Centre de conservation du Québec (CCQ) peu de temps après sa mise au jour.
L’archéologue Roland Tremblay, qui examine la poterie, l’identifie comme étant « un petit vase huron, complet, d’une capacité d’environ deux litres tout au plus. […] Il est d’un type commun de la tradition huronne-wendate de la toute fin du Sylvicole supérieur et du début de la période historique ».
Ainsi le vase daterait d’il y a un peu plus de 500 ans. Son excellent état de conservation est dû à son séjour prolongé au fond de l’eau, dans un environnement stable… et aux bons gestes posés par ceux qui l’ont trouvé !
PROTÉGÉ
Emballé dans des linges humides gorgés d’eau de son lac d’origine, enveloppé dans un sac de plastique et bien rangé dans une caisse de bois, l’artefact est protégé adéquatement du choc de sa sortie du milieu aquatique : l’écrin qu’on lui a fait reproduit les conditions dans lesquelles il a séjourné si longtemps.
Au CCQ, ce vase reçoit les traitements requis en vue de le stabiliser et de le préserver.
Il est d’abord immergé dans de l’eau désionisée, le temps d’éliminer les résidus collés aux parois, puis placé en séchage contrôlé sous une cloche de verre pour diminuer progressivement son contenu en eau.
CAPTATION 3D
Une captation 3D du récipient est effectuée pour sauvegarder un maximum d’informations et faciliter sa reproduction, une approche moins interventionniste que le moulage, plus risqué pour les objets aussi fragiles.
Enfin, un support adapté permet de bien maintenir la base légèrement conique de l’artefact. L’Institut canadien de conservation procède à l’analyse des résidus carbonisés prélevés à l’intérieur du vase avant le début du traitement. On identifie des traces de gras, celui d’un ruminant et d’un animal marin.
Ces données contribueront aux recherches visant à mieux connaître l’alimentation des Autochtones de cette époque ainsi que les réseaux d’échange entre des groupes de cultures différentes, ici, en l’occurrence, Hurons-Wendat et Anishinabeg.