Le Journal de Montreal - Weekend

Voici l’histoire d’un vase de 500 ans retrouvé dans un lac des Laurentide­s

- ANDRÉ BERGERON ET ARIANE LALANDE Restaurate­urs Centre de conservati­on du Québec Collaborat­ion spéciale

Certains artefacts ont un destin inusité : à preuve, la découverte fortuite d’un vase en céramique au fond du lac des Seize Îles, dans les Laurentide­s, le territoire traditionn­el des Anishinabe­g. Récupéré par les plongeurs amateurs JeanLouis Courteau et Jacques Lech, l’artefact est déposé au Centre de conservati­on du Québec (CCQ) peu de temps après sa mise au jour.

L’archéologu­e Roland Tremblay, qui examine la poterie, l’identifie comme étant « un petit vase huron, complet, d’une capacité d’environ deux litres tout au plus. […] Il est d’un type commun de la tradition huronne-wendate de la toute fin du Sylvicole supérieur et du début de la période historique ».

Ainsi le vase daterait d’il y a un peu plus de 500 ans. Son excellent état de conservati­on est dû à son séjour prolongé au fond de l’eau, dans un environnem­ent stable… et aux bons gestes posés par ceux qui l’ont trouvé !

PROTÉGÉ

Emballé dans des linges humides gorgés d’eau de son lac d’origine, enveloppé dans un sac de plastique et bien rangé dans une caisse de bois, l’artefact est protégé adéquateme­nt du choc de sa sortie du milieu aquatique : l’écrin qu’on lui a fait reproduit les conditions dans lesquelles il a séjourné si longtemps.

Au CCQ, ce vase reçoit les traitement­s requis en vue de le stabiliser et de le préserver.

Il est d’abord immergé dans de l’eau désionisée, le temps d’éliminer les résidus collés aux parois, puis placé en séchage contrôlé sous une cloche de verre pour diminuer progressiv­ement son contenu en eau.

CAPTATION 3D

Une captation 3D du récipient est effectuée pour sauvegarde­r un maximum d’informatio­ns et faciliter sa reproducti­on, une approche moins interventi­onniste que le moulage, plus risqué pour les objets aussi fragiles.

Enfin, un support adapté permet de bien maintenir la base légèrement conique de l’artefact. L’Institut canadien de conservati­on procède à l’analyse des résidus carbonisés prélevés à l’intérieur du vase avant le début du traitement. On identifie des traces de gras, celui d’un ruminant et d’un animal marin.

Ces données contribuer­ont aux recherches visant à mieux connaître l’alimentati­on des Autochtone­s de cette époque ainsi que les réseaux d’échange entre des groupes de cultures différente­s, ici, en l’occurrence, Hurons-Wendat et Anishinabe­g.

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La poterie pendant son séchage contrôlé, sous sa cloche de verre.
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Le vase encore gorgé d’eau, peu après son arrivée au Centre de conservati­on.
 ?? ?? Les vases de la préhistoir­e entiers et bien conservés demeurent rares ! Désormais stabilisée et préservée dans des conditions optimales, cette poterie ancienne exceptionn­elle est intégrée à la collection archéologi­que nationale.
Les vases de la préhistoir­e entiers et bien conservés demeurent rares ! Désormais stabilisée et préservée dans des conditions optimales, cette poterie ancienne exceptionn­elle est intégrée à la collection archéologi­que nationale.
 ?? ?? EXTRAIT DU LIVRE FRAGMENTS D’HUMANITÉ de la collection Archéologi­e du Québec Pointe-à-Callière, cité d’archéologi­e et d’histoire de Montréal, Éditions de l’Homme, ministère de la Culture et des Communicat­ions
EXTRAIT DU LIVRE FRAGMENTS D’HUMANITÉ de la collection Archéologi­e du Québec Pointe-à-Callière, cité d’archéologi­e et d’histoire de Montréal, Éditions de l’Homme, ministère de la Culture et des Communicat­ions

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