Le Journal de Montreal - Weekend
Norman Bethune, un personnage controversé dont la statue n’a pourtant pas été vandalisée
Plusieurs statues ont été vandalisées au Canada et au Québec au cours des dernières années. Ce fut le cas notamment pour John A. Macdonald, de Maisonneuve ou Dollard des Ormeaux. On accuse les intéressés de toutes sortes de crimes, notamment contre les autochtones. Parallèlement les
wokes ne s’en prennent jamais à Norman Bethune, un médecin communiste dont ni la statue de Montréal ni celle de Toronto n’ont été endommagées. Pourtant l’intéressé était le complice d’un des pires dictateurs de l’histoire, Mao Zedong.
Norman Bethune était originaire d’Ontario et est devenu un très grand chirurgien. Il a pratiqué son métier dans les années 1920 et 1930 à Montréal. En 1935, sa vie a changé après une visite en Union soviétique qui a fait de lui un admirateur du sanguinaire dictateur Staline. Le Canadien met ensuite ses talents chirurgicaux au service de la révolution communiste.
SERVIR MAO
C’est dans cette perspective qu’il se rend en Chine en 1938 pour servir Mao. Le pays est alors en proie à une guerre civile opposant les communistes, les anticommunistes, sans compter la présence du Japon qui a conquis une partie du pays.
Les rouges ne contrôlent alors que la province de Shaanxi, à l’est de Pékin. Les habitants sont soumis au totalitarisme que Mao développe alors. Pour asseoir son pouvoir, il fait arrêter des gens au hasard et les fait torturer jusqu’à ce qu’ils confessent de prétendus crimes contre la révolution.
PROPAGANDE
D’autres ont plus de chance. Ils sont écroués, mais on leur offre de torturer leurs voisins, amis ou parents pour prouver leur loyauté, ce à quoi plusieurs acquiescent.
Quand les suppliciés finissent par confesser, ils doivent répéter leurs aveux publiquement lors de séance de confession auxquelles tout le monde doit assister. Les « coupables » sont ensuite exécutés.
Parallèlement les citoyens sont incités à dénoncer quiconque leur semble suspect. Cela permet à Mao de créer de la méfiance, de monter les gens les uns contre les autres et de les empêcher de s’unir contre lui.
Ce ne sont là que quelques exemples des crimes commis par le « Grand Timonier » avant qu’il ne prenne le pouvoir. Il en commettra de pires encore par la suite, causant la mort de 50 à 70 millions de Chinois.
Normand Bethune de son côté meurt d’une infection en 1939 tandis qu’il était médecin dans l’armée rouge. Mao décide alors d’honorer sa mémoire. Il lui consacre un livre vantant le courage de ce communiste venu du Canada.
La lecture de cet ouvrage est encore obligatoire aujourd’hui. De nombreuses statues de Bethune ont par ailleurs été érigées en Chine.
C’est dans cette optique que Mao a ordonné la fabrication d’une statue qui est aujourd’hui installée à côté de l’Université Concordia.
La Chine l’a donnée en cadeau à la ville de Montréal en 1976. Ce don arrivait à la suite d’une visite de Pierre Trudeau dans l’Empire du Milieu en 1973, alors qu’il voulait se rapprocher de Mao.
C’est ainsi que la propagande chinoise a fait de Bethune un héros posthume au Canada, ce qu’il n’avait jamais été de son vivant.
Le gouvernement de Justin Trudeau a lui aussi fait sa part pour magnifier la mémoire de ce communiste. En 2018, notre pays a organisé conjointement avec la Chine une cérémonie en son honneur.
Le Canada a alors reconnu officiellement « l’importance nationale historique » de Bethune lors du dévoilement d’une plaque. L’ambassadeur canadien en Chine, le libéral John McCallum, a alors déclaré que Norman Bethune « incarnait de façon remarquable un accomplissement canadien sur la scène internationale ».