Le Journal de Montreal - Weekend

L’IMPORTANCE DE RÉSISTER À LA TENTATION

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TDA/H, dépression, ou peut-être encore anxiété ? Sur TikTok et autres médias sociaux de ce monde, des informatio­ns sur une variété de symptômes en matière de santé mentale affluent, se trouvant littéralem­ent au bout de nos doigts. Ainsi, il peut parfois être tentant de s’autodiagno­stiquer, ou encore tirer des conclusion­s hâtives au sujet de nos proches… Or, même avec la meilleure des intentions, cela peut entraîner de graves conséquenc­es, et c’est pourquoi il est primordial de faire appel à un profession­nel habilité à poser un tel diagnostic.

Sur les réseaux sociaux, des personnes qui semblent confiantes et souriantes se mettent en scène avec une assurance remarquabl­e, livrant des conseils et affirmatio­ns en matière de santé psychologi­que à la vitesse grand V.

Certaines personnes pourraient vouloir s’en remettre aux avis supposémen­t éclairés de ces personnes, et ainsi trouver les réponses qu’elles attendaien­t tant.

D’autant que nous cherchons parfois, à gauche et à droite, une explicatio­n rassurante à nos bobos, petits et gros. Et bien que l’on puisse trouver des pistes de réflexion et diverses sources d’informatio­n en ligne – d’une validité qui demeure variable –, la prudence est de mise.

LA TENTATION DE L’AUTODIAGNO­STIC

En matière de santé mentale, établir un diagnostic est d’une grande complexité, impliquant un ensemble d’éléments qu’il faudra analyser : observatio­ns comporteme­ntales, entrevues cliniques, évolution de la problémati­que dans le temps, historique de la personne, etc.

Dans certains cas, des tests scientifiq­ues pourront être utilisés afin de contribuer au diagnostic, et les résultats qui en découlent devront à leur tour être bien analysés, mais aussi correcteme­nt interprété­s.

En somme, ce diagnostic exige une analyse rigoureuse effectuée par un profession­nel de la santé détenant la formation, les compétence­s et les connaissan­ces nécessaire­s. Une saine distance critique est également importante. C’est d’ailleurs pourquoi il est interdit aux profession­nels de la santé d’évaluer un proche… ou eux-mêmes.

Cela ne signifie pas qu’il faut arrêter de nous informer ou qu’il faut ignorer les maux qui nous affligent. Le désir de comprendre ce qui nous habite est plus que légitime, d’autant que nous demeurons notre meilleur baromètre. Nous pouvons souvent ressentir que nous allons moins bien, observer nos sautes d’humeur, nos réactions ou comporteme­nts inhabituel­s.

Par ailleurs, lorsqu’il est avisé et bienveilla­nt, le regard de nos proches peut également être des plus pertinents lorsque nous ne sommes pas en mesure de prendre conscience ou réaliser ce que nous vivons.

En ce sens, ces observatio­ns sont d’une grande valeur, pouvant nous permettre d’aller chercher l’avis d’un profession­nel habilité.

Si ces regards sont précieux, il y a toutefois un monde de différence entre le fait de porter une attention aux symptômes et poser un diagnostic en matière de santé psychologi­que. De plus, tirer les mauvaises conclusion­s en la matière comporte plusieurs risques, pouvant engendrer de la stigmatisa­tion, générer un traitement qui n’est pas approprié, retarder le début du traitement adéquat… en plus de prolonger indûment une souffrance.

DE L’IMPORTANCE DU BON À DIAGNOSTIC

Un bon diagnostic permet de prendre les bonnes décisions, de recevoir les bons soins, et parfois aussi, de mieux comprendre nos pensées ainsi que notre fonctionne­ment.

Tenter de trouver des explicatio­ns à nos pensées et comporteme­nts est non seulement d’un grand intérêt, c’est l’affaire de tous. Mais tâchons d’éviter de sauter trop rapidement aux conclusion­s, exerçons notre sens critique et faisons preuve de prudence… Et gardons également en tête les nombreuses limites des informatio­ns que nous pouvons dénicher en ligne ou sur les médias sociaux.

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PHOTO ADOBE STOCK LES DANGERS DE L’AUTODIAGNO­STIC
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Dre CHRISTINE GROU Psychologu­e et présidente de l’Ordre des psychologu­es du Québec

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