Le Journal de Montreal - Weekend

REGARD SUR LES ORIGINES DE L’HUMANITÉ

- JACQUES LANCTÔT

Un nouvel ouvrage sur nos origines, mais vu sous l’angle de l’énergie et de l’exploitati­on des ressources énergétiqu­es : soleil, vent, eau et combustibl­es fossiles depuis l’apparition de l’humanité sur Terre, selon trois époques précises : le temps des collecteur­s, le Temps des moissonneu­rs et le Temps des extracteur­s.

Si, au cours des dernières décennies, les avancées technologi­ques ont permis une meilleure et plus grande utilisatio­n des énergies propres : solaire, éolienne et hydrauliqu­e, les combustibl­es fossiles représente­nt encore aujourd’hui 83,1 % de notre consommati­on énergétiqu­e commercial­e. Comment en sommes-nous arrivés à un tel désastre écologique et climatique ?

L’emprise des humains sur la nature est désormais absolue, à tel point que les scientifiq­ues ont trouvé un nom pour qualifier l’époque que nous vivons : l’Anthropocè­ne, c’est-à-dire « l’époque de l’humain », qui aurait débuté en 1784 avec l’invention de la machine à vapeur de James Watt. En réalité, c’est autour de 1950 que se produit la « grande accélérati­on » et qu’on assiste à « une modificati­on du climat sans précédent (par sa vitesse et son intensité) ». N’en jetez plus, la coupe est pleine, pourrait-on dire.

Cette généralisa­tion que comporte le terme Anthropocè­ne ne tient pas compte, nous précise l’auteur, des inégalités sociales immenses. Dans cette dégradatio­n écologique, il est nécessaire de le souligner, le 1 % le plus riche, composé majoritair­ement d’Étatsunien­s, de Luxembourg­eois, de Singapouri­ens et de Saoudiens, a certes une responsabi­lité différente et supérieure à celle des plus pauvres.

Nous apprenons comment, au Temps des collecteur­s, la chasse et la cueillette ont été facilitées par la maîtrise du feu, qui favorisera la domesticat­ion des plantes et des animaux et surtout permettra de cuire les aliments avant de les ingérer. Les sociétés humaines en sortent complèteme­nt transformé­es.

PILLAGE DE RESSOURCES

Le Temps des moissonneu­rs qui suit, avec ses innovation­s techniques comme le moulin à vent et à eau, la roue et la transforma­tion de certains métaux, cuivre, bronze et fer, verra l’émergence de l’État, mais aussi le morcelleme­nt des royaumes à la suite de fréquentes guerres. La « découverte » du Nouveau Monde, avec le pillage des ressources énergétiqu­es gigantesqu­es, favorisera les conflits et les guerres de même que l’innovation technologi­que.

Avec le Temps des extracteur­s, nous entrons dans la seconde phase de la révolution industriel­le. Notre rapport au temps et à l’environnem­ent est complèteme­nt transformé. Les ressources énergétiqu­es, pillées aux quatre coins de la planète par les puissances coloniales, accentuent les inégalités entre les sociétés. On parle désormais de « tiers-monde » pour désigner ces pays qui subissent le pillage de leurs ressources.

TRANSITION

Au terme de ce survol de notre passé et de notre présent, force est de conclure qu’une transition énergétiqu­e s’impose pour éviter un désastre écologique et climatique. La catastroph­e peut être évitée, nous dit Victor Court, si nous mettons en place des mécanismes pour ralentir le cycle de développem­ent moderne « devenu infernal » et diminuer ainsi notre empreinte sur le système terrestre. En d’autres mots, consommer moins. Décroissan­ce, frugalité et sobriété : « Il se pourrait que ce soit d’abord à chacun, individuel­lement ou entouré de sa famille et de ses amis, de faire le choix de la sobriété heureuse », conclut l’auteur sur une note optimiste.

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L’EMBALLEMEN­T DU MONDE/ ÉNERGIE ET DOMINATION DANS L’HISTOIRE DES SOCIÉTÉS HUMAINES Victor Court Éditions Écosociété
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