Le Journal de Montreal - Weekend

ENTRE DEUX ÉPOQUES

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques est sans doute le plus intellectu­el des humoristes de sa génération. Désirant élargir son public pour son deuxième spectacle solo, Enfant du siècle, le comique de 35 ans a imaginé une propositio­n de style stand-up qui explique pourquoi il peut sembler un être atypique.

Quand il a reçu son diplôme de l’École nationale de l’humour, en 2014, Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques reconnaît qu’il ne maîtrisait pas la scène ni son image. Rapidement, il a décidé de présenter un personnage au public, qui était bien habillé et qui utilisait de nombreux référents littéraire­s.

Ce procédé lui a permis de se démarquer de ses pairs et de rejoindre des spectateur­s qui étaient généraleme­nt rébarbatif­s aux habituelle­s propositio­ns humoristiq­ues. Mais il sentait que cette étiquette qu’on lui avait apposée – un peu par sa faute – n’était pas nécessaire­ment fidèle à ce qu’il était et à ce qu’il voulait faire.

Pour son deuxième spectacle solo, l’humoriste s’est demandé si on pouvait rire de tout ou si c’était vrai qu’on ne pouvait plus rire de rien. Pendant un an, il a travaillé des blagues dans des comédies club en dépassant souvent la ligne de l’acceptable.

« C’est sûr qu’il y a eu beaucoup d’essais et beaucoup d’erreurs ! dit-il en riant. Dans le processus, j’ai dû dépasser les lignes des fois. Mais il y avait toujours une prémisse pour expliquer que je n’étais pas un Dieudonné 2 qui arrivait ! »

La lecture du livre La confession d’un enfant du siècle, d’Alfred de Musset, lui a donné la ligne directrice qu’il cherchait. « Ça raconte l’histoire d’un jeune homme qui n’est jamais capable d’être bien dans son temps, qui n’est jamais capable de bien s’intégrer à son époque, dit-il. […] J’ai grandi dans une époque préinterne­t et là, on voit l’intelligen­ce artificiel­le qui arrive de plus en plus. J’avais l’impression de ressentir ce que ce personnage-là vivait. »

PLONGÉE INTROSPECT­IVE

Philippe-Audrey a fait une « plongée très introspect­ive » pour raconter aux gens pourquoi il se sent parfois atypique. « Je le fais toujours avec un désir de faire rire », rassure-t-il.

Ses référents littéraire­s sont encore présents, mais ils ne servent plus à puncher des blagues. « Ce sont plus comme des épices », image-t-il. Il a aussi ajouté des référents québécois très populaires dans son texte. « J’ai vraiment voulu faire une espèce de diaporama de c’est quoi quelqu’un qui est né dans les années 1990 et qui est confronté à beaucoup de problèmes. [rires] »

Pour ce spectacle, Philippe-Audrey a travaillé avec Adib Alkhalidey, qui a fait

« du mentorat, de la mise en scène, de la script-édition et du soutien psychologi­que ». Christian Thériault et Thomas Levac ont aussi collaboré aux textes.

Philippe-Audrey espère connaître une longue tournée, lui qui avait joué son premier spectacle une centaine de fois. « J’aimerais que ce spectacle-là dure le plus longtemps possible parce que j’en retire une certaine fierté. »

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques présentera son spectacle Enfant du siècle durant 12 soirs, du 16 février au 18 mars, au Gesù de Montréal. Il sera aussi au Grand Théâtre de Québec le 6 avril. Pour toutes les dates : philippe-audrey.com.

 ?? ?? Philippe-Audrey a fait appel à l’artiste parisienne Juliette Ramos pour concevoir le visuel de son nouveau spectacle, Enfant du siècle. La toile qui a servi de fond est La plus jolie femme de Paris, de James Tissot.
Philippe-Audrey a fait appel à l’artiste parisienne Juliette Ramos pour concevoir le visuel de son nouveau spectacle, Enfant du siècle. La toile qui a servi de fond est La plus jolie femme de Paris, de James Tissot.

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