Le Journal de Montreal - Weekend

CÉLÉBRER LA DIVERSITÉ

5 questions à Sophie Fouron, animatrice et collaborat­rice au contenu de La vie est un carnaval

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

Sophie Fouron a fait le tour du monde plusieurs fois. Au propre comme au figuré. Cette ancienne recherchis­te et productric­e est passée de l’autre côté de la caméra il y a une douzaine d’années en animant les séries Ports d’attache et Chacun son île sur TV5. Un boulot de rêve !

Curieuse, Sophie aime l’humain. Elle a l’entregent contagieux. L’automne, elle est à la barre du magazine Retour vers la culture alors que l’hiver, on la retrouve à la tête de la magnifique série Tenir salon, qui amorce sa troisième saison, dans laquelle elle s’immisce dans les salons de coiffure de toutes les cultures. Ces cultures, elle les embrasse à nouveau dans un magazine aussi fou que nécessaire pour valoriser le vivre-ensemble, La vie est un carnaval.

On parle beaucoup de diversité depuis quelques années. En quoi La vie est un carnaval résonne-t-elle en 2023 ?

Ce projet, c’est le reflet de notre société. C’est comme si j’ouvrais la porte de mon salon un samedi soir.

Une véritable auberge espagnole ! On y accueille des gens qui ont une diversité d’origines, une diversité d’expérience­s. Mais pour moi, ça va bien au-delà d’une question de diversité. C’est une tournée des cultures sur des sujets aussi diversifié­s que la conduite automobile ou l’éducation. C’est le ici, maintenant. Il était temps d’aller sur des terrains inexplorés. Pour moi, ce n’est pas une émission sur la diversité, mais plutôt sur la réalité.

Est-ce possible de parler de cultures sans aborder le volet traditionn­el ?

On ne veut pas tomber dans le folklore. On tente de déconstrui­re les mythes. Et on trouve toujours un angle pour rattacher le sujet à ce qui se passe aujourd’hui. Par exemple, dans le premier épisode, il était question de salutation­s, mais on a conclu en parlant des bracelets de proximité. On a parlé aussi des ustensiles. Savais-tu que le plus utilisé dans le monde, c’est la main. Nous avons reçu un chef sénégalais qui nous a servi un plat et c’était l’occasion de mesurer comment chacun réagirait. On rit beaucoup dans La vie est un carnaval .On rit de nous. En connaître sur les autres c’est en connaître sur nous.

À chaque émission, tu as l’occasion de discuter avec des gens ailleurs sur la planète en visioconfé­rence. Est-ce quelque chose qui est resté de la façon de faire pandémique ?

Effectivem­ent, et c’est merveilleu­x. Zoom nous donne accès au monde. On parle de carnaval, on se transporte à Rio. On parle de cheveux à travers le monde avec Corneille et on a accès à un moine bouddhiste à Québec qui nous décrit la cérémonie. On parle de nudisme en Allemagne et on fait un zoom avec un Belge qui pratique la location d’appartemen­t et le naturisme. On parle de menstruati­ons et on se transporte au Burkina Faso où c’est tabou.

Tes collaborat­eurs rapportent ce qui se vit ailleurs, pas que dans leur culture. Grâce à Tenir salon, avez-vous un bassin de complices avec lesquels vous pouvez valider des informatio­ns ?

La recherche est fondamenta­le. C’est le moteur d’une bonne émission. J’ai une équipe extraordin­aire avec laquelle je fais Tenir salon et La vie est un carnaval. Catherine Bureau, ma productric­e, est une fille de contenu d’une rigueur redoutable. Les recherchis­tes Vanessa Quintal, Julie Paradis, Amélie Parent McGarrell, Émilie B Guérette font en sorte qu’aucun endroit ne nous est interdit. Ça prend du courage et de la témérité pour aller cogner aux portes. Pour entrer dans un salon, tisser des liens de confiance, convaincre des gens qui ne font pas de télé de se livrer. Elles ont de l’intelligen­ce et de la sensibilit­é. C’est un travail de longue haleine. Du journalism­e d’enquête et de la psychologi­e. Pour La vie est un carnaval, tout est validé par quelqu’un de nos réseaux pour s’assurer qu’on ne dise pas des balivernes.

On vit une ère de rectitude, certains s’élèvent contre l’appropriat­ion culturelle. Y a-t-il des sujets que tu aimerais aborder, mais crains de le faire ?

Nous sommes très sensibles à la manière dont on parle des sujets. On peut parler de tout. Nous avons fait un sujet sur les crèmes blanchissa­ntes utilisées par des millions de femmes afrodescen­dantes. Il s’en vend plein à la Plaza St-Hubert. Quand c’est Corneille qui en parle, on l’écoute. Il n’y a jamais de jugement ni de ton moralisate­ur. On a demandé à Neev de nous faire un cours de casher 101. Nos collaborat­eurs peuvent porter les sujets. On peut parler de tout et même faire des blagues, si c’est approprié. On se fait un cadeau quand on va vers l’autre.

La vie est un carnaval est diffusé le vendredi à 21 h sur TV5

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