Le Journal de Montreal - Weekend

La mélancolie de Léa Seydoux

- MAXIME DEMERS maxime.demers@quebecorme­dia.com

PARIS | Elle a beau enchaîner les rôles dans les James Bond, Dune et autres grandes production­s hollywoodi­ennes, Léa Seydoux revient toujours à ses premières amours, le cinéma français. Pour Un beau

matin, nouveau film de la réalisatri­ce Mia Hansen-Love, l’actrice de 37 ans s’est glissée dans la peau d’une jeune mère monoparent­ale qui redécouvre l’amour au moment où l’état de son père, atteint d’une maladie dégénérati­ve, se dégrade. Le Journal l’a rencontrée le mois dernier à Paris.

Vous avez souvent été filmée comme un objet de désir au cinéma. Mia Hansen-Love dit avoir été plutôt séduite par la mélancolie qui émane de vous. Cela vous surprend ?

« Non, parce que je pense que j’ai toujours eu cette mélancolie en moi, même quand j’étais enfant. J’ai d’ailleurs une photo de moi, quand j’avais seulement 1 mois, et sur laquelle j’avais déjà un regard mélancoliq­ue. Je pense qu’on naît comme cela. Je trouve cela fascinant de voir à quel point notre personnali­té est déjà façonnée à notre enfance. J’aime bien la phrase de Nietzsche qui disait : “Deviens qui tu es.” Je crois que pendant toute notre vie, on développe une personnali­té qu’on avait déjà à notre naissance. »

Mia Hansen-Love s’est grandement inspirée de son histoire et de la maladie de son père pour écrire son film. Qu’est-ce qui vous a plu dans son scénario ?

« J’aimais bien le portrait de cette femme. J’aimais bien aussi que ce soit son histoire que Mia raconte dans le film. C’est un personnage qui vit un nouveau départ. Elle a déjà eu une relation amoureuse au cours de laquelle elle a eu un premier enfant. Elle avait l’impression que sa vie était derrière quand ce couple s’est brisé. Mais tout d’un coup, il y a cette nouvelle histoire d’amour qui lui arrive, alors qu’elle vit des moments douloureux avec son père malade. C’est quelque chose qui m’a touchée. Il y a aussi une certaine forme de naturalism­e dans la façon de tourner qui me plaisait ».

Mia Hansen-Love a déjà dit que vous étiez la première actrice à l’avoir fait pleurer pendant le tournage de l’un de ses films…

« C’est vrai que je l’ai vue pleurer plusieurs fois. Mais Pascal [Greggory, qui joue le père] l’a fait aussi pleurer. Le film raconte l’histoire de son père alors forcément, ç’a dû la toucher. Mais ce n’est pas la première fois que je fais pleurer mes réalisateu­rs. Je me souviens aussi avoir fait pleurer Xavier [Dolan] pendant le tournage de Juste la fin du monde !»

Vous réussissez à alterner entre de grandes production­s hollywoodi­ennes et des films d’auteur internatio­naux. Dans quel type de production vous sentez-vous le plus à l’aise ?

« Pour moi, plus les rôles sont proches de la réalité, plus ils sont faciles à jouer. J’ai plus de difficulté à jouer dans les scènes qui sont tournées en studio sur des écrans verts parce qu’il faut tout inventer et imaginer ce qu’il y a autour de nous. »

Vous allez jouer le personnage mythique d’Emmanuelle dans une nouvelle adaptation cinématogr­aphique du roman érotique du même titre, réalisée par Audrey Diwan. Que pouvez-vous nous dire sur ce projet ?

« Ce sera très différent et ça n’aura rien à voir avec les films Emmanuelle qui ont été faits dans le passé. Ce sera vraiment une Emmanuelle de 2023. Il y aura de l’érotisme, mais ce sera abordé à travers un prisme féminin et à partir de son regard à elle. »

Un beau matin prend l’affiche le 17 février.

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Léa Seydoux et Camille Leban Martins dans une scène du film Un beau matin.
UN BEAU MATIN Léa Seydoux et Camille Leban Martins dans une scène du film Un beau matin.

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