Le Journal de Montreal - Weekend
POURQUOI SOMMES-NOUS SI IMPRESSIONNÉS PAR LE STATUT ET L’IMAGE
L’aura du statut et de la notoriété est un effet normal de la vie en société, mais c’est aussi un leurre et on a intérêt à la remettre en question, à diversifier nos influences et à écouter les voix moins fortes.
Parfois, les humains sont un peu comme des chevreuils figés par les phares de voitures. Nous sommes facilement impressionnés par les beaux habits, les uniformes et les marques prestigieuses. Tous ces symboles de statut ou d’autorité inspirent le respect qu’ils le méritent ou pas. En plus, ils ont tendance à nous faire suspendre notre sens critique et notre méfiance.
À divers degrés, on a aussi tendance à être impressionnés par les personnes qui ont une notoriété (célébrités, personnalités publiques) ou une expertise reconnue. Ils ont généralement l’air confiants et nos intuitions nous poussent à leur attribuer une certaine autorité même quand leurs raisonnements sont plutôt simplistes.
L’autorité ou le statut que l’on confère à certaines personnes est un biais positif, un pouvoir attribué intuitivement à quelqu’un en fonction d’un rôle social (dirigeant, juge…), d’une réputation ou d’un sentiment d’admiration (auteur, artiste, influenceur…).
On respecte, on admire et on s’attache aux personnalités, soit parce qu’elles nous apportent quelque chose (sécurité, leadership, inspiration, bonheur) à travers leurs contributions, soit parce qu’on suit l’exemple de ceux qui les respectent.
L’instinct de respect et d’admiration pour ceux qui se démarquent est hérité de nos lointains ancêtres et a été façonné par notre culture.
Le statut attire l’attention. Les personnes influentes sont rapidement détectées dans les groupes à cause de leur notoriété. Elles évoquent une certaine attraction et on a l’impression que l’on tirerait profit à les écouter ou à les suivre. On a tendance à surestimer leurs qualités et à surévaluer leurs opinions.
Le statut confère une réserve de crédibilité. Pour les leaders, la crédibilité sert à rallier les troupes, à former des consensus et à faire des choix difficiles. Pour les personnalités publiques, la crédibilité leur apporte du soutien et de l’ambition pour continuer à contribuer.
TROP DE POUVOIR AUX UNS ET PAS ASSEZ AUX AUTRES
Bien qu’elle ait une certaine utilité, notre attraction pour le statut a plusieurs défauts. D’abord, on donne souvent notre confiance trop complètement, trop vite ou trop longtemps aux gens qui ont un statut.
En plus, certaines personnes oublient que le statut est un cadeau à apprécier, un crédit donné par le groupe. Le statut est souvent une drogue. Quand on y a goûté, on ne veut pas en manquer, ce qui peut augmenter notre insécurité.
Certains peuvent vouloir compenser leur insécurité en affichant leur pouvoir (devenir prétentieux ou arrogant) ou en abusant de leur pouvoir (intimider, agresser).
Quand on attribue un statut spécial à des personnes, on souligne des différences hiérarchiques. Il y a ceux qu’on écoute plus, mais il y a aussi ceux qui sont moins considérés à cause de leur manque de statut social (parias sociaux, exclus…), à cause de leur style trop dérangeant ou encore à cause d’un manque d’accès aux réseaux qui alimentent la notoriété.
REMETTRE EN QUESTION NOTRE ADMIRATION ET MIEUX LA DISTRIBUER
Les personnes qui ont perdu de l’empathie ou de la compassion à cause de leur statut peuvent souvent être ramenées sur terre par des proches, par des expériences négatives ou par des formations professionnelles.
Pour le reste d’entre nous, il faut surtout se rappeler de distribuer notre admiration avec modération et d’essayer de ne pas trop suivre la foule en délire. Notre admiration est une richesse dont on peut faire profiter un grand nombre de personnes dont la notoriété n’est pas encore très grande, mais qui ont un grand potentiel.