Le Journal de Montreal - Weekend

LE RETOUR DES ADEPTES DU CANOT SUR GLACE, SPORT EXTRÊME

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QUÉBEC | (AFP) Défiant le froid polaire, une cinquantai­ne de longs canots sont alignés sur la glace au pied de la vieille ville de Québec. Ils s’apprêtent à braver glaces et courants pour traverser le fleuve Saint-Laurent sous de gros flocons.

Au signal, les athlètes poussent leur embarcatio­n à toute vitesse : ils « trottent », une jambe dans le canot, l’autre poussant à l’extérieur sur la glace grâce à leurs chaussures aux longs crampons de métal.

Lorsque la plaque se dérobe sous leur pied, ils sautent, tant bien que mal, dans leur embarcatio­n, dégainant leur rame.

L’objectif est de partir du port de Québec pour atteindre la ville de Lévis, située sur l’autre rive, et revenir, soit une distance de 3,2 kilomètres.

« C’est un peu comme la Coupe du monde » du canot sur glace, lance avec excitation Vicki Clouet-Côté, 30 ans, qui s’adonne à ce sport extrême depuis 10 ans.

Après trois ans d’interrupti­on due à la pandémie, les canotiers étaient de retour la semaine dernière pour défier les éléments lors de la course du Carnaval de Québec.

« C’est un sport qui unit les traditions et la déterminat­ion », explique Martin Roberge, cire à la main alors qu’il farte son bateau de fibre de verre pour qu’il glisse mieux sur la glace.

PRATIQUE DE LONGUE DATE

La pratique du canot sur glace remonte au début de la colonisati­on, explique le capitaine de l’équipe de la Réserve navale de Québec. Elle permettait de faire le lien entre les insulaires et la rive, mais elle a été supplantée par l’arrivée des bateaux à vapeur à la fin du XIXe siècle.

« C’est devenu un sport et même un circuit », raconte Marie-Eve Jacob, directrice générale du Carnaval de Québec.

« Il y a des courses de canot un peu partout dans la province », ajoute-telle en précisant qu’une ligue féminine s’est ajoutée.

QUESTION DE STRATÉGIE

Sport d’équipe, le canot sur glace est avant tout une question de stratégie, pense Yves Gilbert, le doyen de 71 ans pour qui cette pratique extrême n’est qu’un « jeu ».

« Ce n’est généraleme­nt pas la force physique pure qui compte, c’est plus la stratégie, la façon d’aborder les glaces », lâche l’homme aux traits burinés et au sourire chaleureux qui occupe le rôle de « capitaine des glaces », guidant son équipe à l’avant du canot.

Pour cette édition 2023, les équipes ont dû faire face à des conditions particuliè­rement extrêmes avec de fortes chutes de neige réduisant la visibilité et des températur­es avoisinant les -20 degrés.

« C’était dur », lâche Didier Voindront, un Français de 44 ans originaire de Toulouse venu spécialeme­nt pour l’occasion.

« Surtout qu’on est arrivés que vendredi soir, donc on n’a pas eu d’entraîneme­nt », ajoute-t-il, encore en sueur.

« Certains ne portent pas de bonnets, pas de gants », s’exclame Bill Mcguinn, combinaiso­n violette et moustache dissimulée sous sa grosse écharpe.

Tout droit venu de New York, ce spectateur n’en revient pas, « c’était complèteme­nt fou », lance-t-il.

 ?? ?? Les équipes débutent la course sur le fleuve Saint-Laurent, à l’occasion du Carnaval de Québec, le 5 février. Le trajet se fait sur 3,2 kilomètres entre Québec et Lévis.
Les équipes débutent la course sur le fleuve Saint-Laurent, à l’occasion du Carnaval de Québec, le 5 février. Le trajet se fait sur 3,2 kilomètres entre Québec et Lévis.
 ?? ?? Une équipe pousse son canot sur la glace pendant la compétitio­n.
Une équipe pousse son canot sur la glace pendant la compétitio­n.
 ?? ?? Martin Roberge et Catherine Marcotte cirent leur embarcatio­n la veille de la course, le 4 février.
Martin Roberge et Catherine Marcotte cirent leur embarcatio­n la veille de la course, le 4 février.
 ?? ?? Le doyen de l’épreuve, Yves Gilbert, 71 ans, s’habille avant l’épreuve.
Le doyen de l’épreuve, Yves Gilbert, 71 ans, s’habille avant l’épreuve.

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