Le Journal de Montreal - Weekend
LE MONDE À COUPS DE PÉDALES
Après le premier volet de ses aventures, Histoires à dormir dehors : à vélo de l’Angleterre à la Malaisie, Jonathan B. Roy récidive avec un second tome où il relate ses 20 000 km parcourus cette fois-ci de l’Asie à l’Amérique du Sud.
C’est depuis ses aventures en Malaisie, en passant par Singapour, Taïwan, où il se délestera à contrecoeur de sa guitare, la Chine, la Corée du Sud, le Japon, le Chili, l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil, le Paraguay, la Bolivie jusqu’au Pérou, que le voyageur puise ses délicieux récits.
À sa suite, on découvre l’univers d’un porte-conteneurs depuis Singapour ; s’enfonce dans la mine de Potosí en Bolivie ; croise un puma dans les Andes ; s’émerveille des fjords et glaciers du Chili. Des anecdotes savoureuses, cocasses, touchantes, portées par une belle plume et un regard plein d’humanisme, qui nous donne envie d’enfourcher notre vélo et d’écumer le bitume avec lui.
« Pédaler, c’est la partie facile. C’est physique, comme s’entraîner. C’est mentalement que c’est parfois difficile. Comme en Chine, où communiquer est exigeant. Tout demande de l’énergie, juste acheter des fruits, c’est compliqué. Le soir, j’avais parfois envie de me réfugier seul dans ma tente », explique celui qui se fait normalement un devoir d’accepter toutes les invitations.
LE VÉLO, ALLER VERS L’AUTRE
« Si tu le fais une seule semaine, tu vas voir, c’est le jour et la nuit ! » m’affirme avec assurance Jonathan, alors que je lui confie que je ne me suis jamais prêtée au voyage à vélo. Sa dernière expérience avec le programme Live Anywhere, où il a logé durant 10 mois dans des hébergements Airbnb, lui a fait réaliser que bien que voyageur aguerri, sans son vélo, il est beaucoup plus difficile d’aller vers les gens.
« En vélo, tu te positionnes dans une place centrale et en deux minutes, des gens sont là autour, ils viennent à toi, curieux ». Curieux et désireux d’aider, comme en font foi maintes histoires du livre. « Être à vélo, c’est un peu dans la tête des gens comme si tu étais pauvre. Il n’y a rien de menaçant. ».
Après tant de rencontres riches et d’hospitalité locale, on ferme le livre en se disant qu’un voyage à vélo c’est en somme trouver le bon « rythme pour aller vers l’autre ». Le vélo, comme un passeport formidable.