Le Journal de Montreal - Weekend

AIMER, C’EST QUOI ?

- JACQUES LANCTÔT Collaborat­ion spéciale

La Saint-Valentin est l’occasion pour ce collectif de quatorze femmes et un homme de nous donner leur vision respective de ce qu’est l’amour dans un ouvrage qui s’adresse aussi bien aux désillusio­nné(e)s de l’amour qu’aux « amourovore­s ».

Maryse Hamelin, qui se définit comme « une angoissée tergiversa­nte », ouvre le bal en nous disant bien franchemen­t que l’amour, c’est compliqué. Après avoir bourlingué entre amours stables et butinages, elle se dit encore et toujours angoissée lorsque vient le temps de franchir le Rubicon et d’aller vers l’autre.

Mylène Mackay nous met en garde contre les amours dangereuse­s. La plus grande méfiance s’impose devant certains types d’hommes, comme le bonimenteu­r invétéré, le gourou « mauvaise réplique de Messmer », le monsieur-sait-tout, le faux féministe inconsolab­le, celui qui cherche l’infirmière modèle, celui qui parle mal de ses derniers amours et de sa mère, le calculateu­r et autres faux guides de l’humanité, etc.

Raphaëlle Corbeil rappelle comment la passion amoureuse, ce qu’elle appelle « ses petits moments d’éternité », s’estompe bien souvent au fil du temps, tout en déplorant le déséquilib­re affectif au sein des couples hétérosexu­els, en défaveur des femmes. Malgré tout, elle n’est pas prête à renoncer à sa quête d’amour.

« LE RAPETISSEM­ENT »

Laura Doyle Péan dénonce ce qu’elle appelle « le rapetissem­ent des femmes », aussi bien par la recherche effrénée de la minceur à l’aide de régimes, de chirurgies diverses et d’anorexie que les rôles de seconde zone dans la sphère du travail.

Pour Maude Neveu-Villeneuve, la pandémie a été l’occasion pour plusieurs femmes de sortir du placard et de réorienter leur sexualité. « L’hétérosexu­alité était trop restrictiv­e, il fallait ajouter des cordes à l’arc de nos amours », affirme-t-elle, car le confinemen­t obligeait à une plus grande introspect­ion.

Carmélie Jacob se questionne sur la notion de célibat et la place que doivent occuper les amitiés dans nos vies. « Même en couple, il n’y a pas qu’une personne importante dans nos vies. »

Véronique Alarie se plonge dans son enfance et son adolescenc­e pour dire l’amour qu’elle éprouvait « en cachette » pour ses professeur­s. « On oublie peut-être parfois combien la relation entre prof et élève en est d’abord une d’amour », constate-t-elle.

Takwa Souissi nous dit que son amour de la langue française en a pris un coup lorsque le gouverneme­nt a imposé la Charte de la langue française. L’amour, ça ne s’impose pas, dit-elle. « J’ai commencé à moins la chérir, à moins la respecter, à moins la parler. Je ne lui devais plus ma loyauté. » Dommage.

Julien Gravelle, le seul homme du recueil, nous avoue son amour pour un chien, lui qui a été guide et musher, c’est-à-dire conducteur de traîneaux à chiens. Il pense au jour où la bête mourra : « Je ne cacherai ni ma peine ni mes larmes pour celui qui m’a offert mes plus belles courses en forêt », avoue-t-il.

Anne Peyrouse nous entraîne joyeusemen­t des Alpes suisses au Québec en passant par les rues de La Havane, entre beauté et déchéance. « L’amour franchit les frontières », dit-elle entre deux voyages splendides et ses écritures nomades.

LA SOLITUDE

Mélanie Michaud avoue ne rien connaître à l’amour, malgré ses 41 ans et ses plus de dix relations amoureuses, elle qui a trop donné et pas assez reçu. Et elle avoue être mieux seule. « Les gens devraient apprendre à vivre seuls. C’est très libérateur et, surtout, très sain », conclut-elle.

Maude Landry raconte son coup de foudre pour un homme rencontré par hasard. Tandis que Fabiola Nirva Aladin se questionne sur ce qu’est l’amour : « Est-ce simplement une suite de réactions chimiques qui animent notre corps à la vue d’une personne, comme le pouls qui s’accélère ou les pupilles qui se dilatent ? Est-ce plutôt le désir de vivre la même vie, accompagné de quelqu’un dont on apprécie l’individual­ité ? »

Pour Michèle Nicole Provencher, la solitude est un bien précieux qui lui permet de mieux apprécier sa vie à elle. « Jusqu’à preuve du contraire, l’écriture et l’ambition vont, à mes yeux, de pair avec le célibat. »

Finalement, Ouanessa Younsi, dans un texte très touchant, dit préférer « connaître » à « aimer » quelqu’un. « Tous deux évoquent la durée, l’apprentiss­age, “naître avec”. »

À vous maintenant de dire ce qu’est l’amour.

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15 BREFS ESSAIS SUR L’AMOUR/PETITS ET GRANDS CHANTIERS DE RECONSTRUC­TION Sous la direction de Marilyse Hamelin Éditions Somme toute
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