Le Journal de Montreal - Weekend
METTRE EN LUMIÈRE LES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE
Avec talent, intelligence et empathie – et en connaissance de cause –, l’écrivaine franco-anglaise Tatiana de Rosnay aborde la question des troubles du comportement alimentaire dans son nouveau roman, Nous irons mieux demain. La destinée de deux femmes qui ont 30 ans de différence s’unit par le fruit du hasard lorsque Candice, 28 ans, porte secours à Dominique, fin cinquantaine, après un accident. Peu à peu, leur amitié se construit et les liens se tissent. Mais qui est la plus cabossée des deux ? Qui sauvera qui ?
À Paris, sur la place d’Italie, Candice Louradour assiste à un accident. Une femme se fait renverser par un chauffard, sous ses yeux. Instinctivement, elle lui porte secours et décide de l’accompagner à l’hôpital. Cette femme dans la cinquantaine s’appelle Dominique Marquisan et n’a pas de famille.
Au fil des jours, les deux femmes apprennent à se connaître. Dominique partage sa passion pour les textes d’Émile Zola, dans lesquels elle trouve courage et inspiration. Candice parle de son père récemment décédé et des lourds secrets laissés derrière lui.
L’une et l’autre deviennent inséparables. Mais la relation amicale peut-elle durer ? N’y a-t-il pas un danger à se confier à une inconnue ? Ou bien n’estce pas là l’occasion de surmonter de grandes difficultés et trouver l’espoir ?
UN ROMAN INTIME
Tatiana de Rosnay explique, en entrevue, que ce nouveau roman est le plus personnel qu’elle a écrit puisqu’il fait état d’un problème difficile qu’elle a elle-même surmonté : les troubles du comportement alimentaire (TCA).
« On pourrait croire que Dominique est maléfique et angoissante, mais c’est elle qui va finir par sauver la vie de Candice. Dans tous les sens du terme. Candice est quelqu’un de très fragile », dit-elle.
Au plus fort de la pandémie de COVID-19, Tatiana de Rosnay pensait écrire un polar, une histoire d’emprise, mais s’est rendu compte en écrivant que ce n’était pas du tout ça. Une première surprise l’attendait. « Un écrivain célèbre, que j’adore, est venu frapper à ma porte d’écriture : Émile Zola. Il est rentré dans ce livre presque par effraction. »
Elle a également décidé de mettre dans ce livre des éléments « extrêmement personnels », dont elle n’avait jamais parlé. « J’ai donné à ma jeune héroïne un bagage très personnel. Quelque chose qui m’est arrivé et qui a beaucoup pesé sur ma vie. Et ça, ce n’était pas prévu du tout. »
« Je me suis rendu compte que je n’écrivais pas du tout un polar, même s’il y a la tension d’un polar. Je mettais dans ce livre des choses tellement intimes… c’est la première fois que je me livre ainsi. »
Dans le roman, elle parle des troubles du comportement alimentaire, comme l’anorexie et la boulimie. « Candice souffre d’un mal silencieux : les TCA. Les troubles du comportement alimentaire ont, paraît-il, explosé pendant la pandémie, dans le monde entier. »
Candice souffre d’anorexie, de boulimie, d’hyperphagie, et après, se fait vomir. « C’est quelque chose qui m’est arrivé pendant de longues années. Je n’ai jamais pu en parler. Je m’en suis sortie il n’y a pas très longtemps et c’était un peu un choc pour ma famille de l’apprendre. Je l’avais très bien caché. »
EN PARLER
Depuis la sortie du livre, elle se dit touchée et surprise par le nombre de personnes qui souffrent de TCA et qui viennent lui en parler ou qui lui envoient des lettres à ce sujet.
Discuter avec ses lecteurs et ses lectrices, en dédicaces, lui fait du bien. « Maintenant, on peut se faire aider, il y a des structures qui existent. Je ne suis pas médecin, donc je n’ai pas d’autres conseils, si ce n’est d’en parler. Il faut absolument trouver de l’aide et ne pas garder ça pour soi, ce que j’avais fait, moi. Il faut trouver le courage d’en parler, de mettre des mots sur ces secrets. »