Le Journal de Montreal - Weekend
CHANTALE DAIGLE AVAIT UNE SOLIDITÉ POUR AFFRONTER TOUT ÇA
Éléonore Loiselle n’était pas née quand Chantale Daigle a, à 21 ans, marqué la justice canadienne et les droits des femmes. L’incarner dans la série Désobéir : le choix de Chantale Daigle lui a cependant procuré une force et une certaine confiance en elle qui lui manquait.
Dans sa préparation, la jeune comédienne, âgée elle aussi de 21 ans, s’est non seulement plongée dans le vécu de Chantale Daigle par la littérature, mais s’est aussi engagée physiquement dans son rôle, suivant notamment des cours de « walking ».
« J’ai suivi ces cours pour me donner une aisance dans le corps. Je n’avais pas cette confiance en moi, mais ce type d’entraînement m’a certainement permis de la développer. Et Chantale, je ne sais pas si elle avait cette confiance en elle, mais elle avait une solidité quand même, pour nommer et affronter tout ça. Je voulais également être capable de démontrer cette solidité-là à travers mon corps », a-t-elle expliqué à l’Agence QMI depuis la France.
La jeune comédienne a également eu à apprendre à marcher avec des souliers à talons hauts, chose qu’elle ne fait pas vraiment dans la vie, a-t-elle confié en rigolant. « Pour ce rôle, j’ai donc dû apprendre à marcher, mais aussi à avoir une certaine posture [qui traduit] comment les femmes de l’époque se tenaient et se présentaient », a-t-elle souligné, ajoutant que l’expression de la féminité était bien différente il y a 30 ans par rapport à ce qu’elle est aujourd’hui.
Si aujourd’hui la féminité s’exprime avec plus de fluidité et de liberté, les genres étaient à l’époque de la série beaucoup plus cadrés et stéréotypés.
UN DEVOIR DE MÉMOIRE IMPORTANT POUR GARDER LA CAUSE EN VIE
« Avec tout ce qui se passe aux ÉtatsUnis en ce moment, on est comme écrasés par les nouvelles, et de savoir qu’il y a eu des femmes comme elle qui ont changé un peu le cours des choses, de l’histoire, et nous a donné une certaine liberté sur notre corps et sur nous, ça vient mettre un peu de cachemire sur mon coeur », a souligné la comédienne, qui a avoué ressentir encore un certain stress à l’approche du lancement de la série, le 8 mars, à l’occasion de la
Journée internationale des droits des femmes.
« Je ne voulais pas tomber dans le calquage, a-t-elle prévenu. Je l’ai interprétée à ma manière, comme je la voyais, et comment le réalisateur [Alexis Durant-Brault] la voyait, mais j’avoue que ça me mettait une grande pression quand même, de vouloir bien faire sans tomber dans le cliché, et surtout de respecter sa vie ».
LE COMBAT DE CHANTALE DAIGLE
À l’été 1989, Chantal Daigle fait appel aux tribunaux pour mettre un terme à sa grossesse parce que son ex-conjoint de l’époque, Jean-Guy Tremblay, un homme décrit comme manipulateur et agressif, s’y oppose. C’est finalement la Cour suprême qui tranchera en août de cette même année en faveur de Chantale Daigle, reconnaissant qu’un foetus n’a pas le statut légal d’une personne au Canada.
La jeune femme se fera finalement avorter aux États-Unis peu de temps avant que la Cour suprême n’entende sa cause.
Dernièrement, le pays de l’Oncle Sam a renversé l’arrêt Roe c. Wade, établi depuis 1973, qui donnait aux femmes le droit de se faire avorter. Les représentants du peuple sont ainsi libres de définir la politique relative à l’avortement dans leur juridiction. Actuellement, l’avortement est complètement proscrit dans 14 États américains et d’autres ont entamé des procédures dans cette voie.
Réalisée par Alexis Durant-Brault, Désobéir : le choix de Chantale Daigle sera disponible sur Crave dès le
8 mars. La série est produite par Also, la boîte de Sophie Lorain et d’Alexis Durand-Brault, en collaboration avec Bell Média.