Le Journal de Montreal - Weekend
SOPHIE LORAIN DES RÔLES MARQUANTS
Sophie Lorain n’a jamais baissé les bras devant les obstacles. Au fil des décennies, la comédienne a élargi ses horizons en devenant scénariste, réalisatrice et maintenant productrice, un métier de cheffe d’orchestre qui l’amène à trouver constamment des solutions pour manufacturer les meilleures séries possibles.
Les dernières années ont été particulièrement occupées alors que sa compagnie Also, qu’elle codirige avec son conjoint, le réalisateur Alexis Durand-Brault, menait de front la production des très attendues séries Mégantic, maintenant disponible sur Club illico, et Désobéir : le choix de Chantale Daigle, qui sera lancée sur Crave le 8 mars prochain à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. En plus de son rôle dans Portrait-robot.
« On a un très gros début d’année. On savait que ça s’en venait, mais pas à ce point-là. C’est un peu la course contre la montre depuis un petit bout pour livrer Portrait-robot 2, Mégantic et Désobéir en trois mois. On a mis les bouchées quadruples — et encore plus — pour pouvoir assurer la ligne éditoriale qu’on voulait », a expliqué cette figure incontournable de notre écosystème culturel.
Tant Club illico que Crave — et même Radio-Canada avec Un lien familial — voulaient qu’Also livre rapidement ses séries. « Mégantic, c’est presque un an et demi de postproduction. Désobéir, ça a été devancé aussi pour sortir le 8 mars. On court un peu après notre souffle pour assurer toutes ces livraisons-là. »
Il faut de la poigne pour prendre les décisions « extrêmement difficiles » qu’impose la production et pour superviser tous les départements.
« Chaque projet a ses difficultés, ses soucis. Mégantic ,mêmesionavaitun budget élevé — qu’on n’a pas eu depuis 20 ou 30 ans au Québec —, il n’en reste pas moins qu’il y avait d’énormes défis à relever, des défis techniques, évidemment, mais aussi budgétaires par rapport à la postproduction, aux effets spéciaux et à la reconstruction de la rue principale de Lac-Mégantic. Désobéir a eu son lot aussi de défis, car ça se passe en 1989 et il n’y a pas grand-chose qui reste de cette époque à Montréal. »
SE FAIRE UN NOM
Fille de Denise Filiatrault, Sophie Lorain a voulu se faire un nom après que sa mère lui eut confié un rôle sans sa comédie Chez Denise, à la fin des années 1970. Elle n’a pas hésité à se rendre à Londres pour étudier à la Webber Douglas Academy of Dramatic Arts et ainsi tracer son propre chemin.
« Ma première job, je l’ai eue parce que ma mère pensait que je serais capable de jouer sa fille dans son émission. Ça ne m’a pas rendu service, ça. Il a fallu que j’aille construire mes gallons par moi-même », a dit Mme Lorain, qui a toujours été inspirée par la détermination de celle qui lui a donné la vie. Elle cite aussi Fabienne Larouche comme modèle.
Il reste qu’il faut — qu’on soit une femme ou un homme — prendre sa place dans la vie.
« Chez les femmes, c’est un peu plus difficile parce qu’on est éduquées depuis des siècles à être plus conciliantes, plus sages, et à garder notre place. Mais qu’on soit mère de famille, ingénieure ou productrice, il faut aller la chercher [notre place]. »
Bien qu’elle connaisse une carrière enviable, Sophie Lorain a dû, comme les autres, se dépasser pour atteindre ses buts.
« Tout le monde qui a une belle carrière, il y a beaucoup de travail et d’écueils en arrière de ça. Ce n’est pas vrai que ça se construit dans la facilité. Il y a des échecs et beaucoup d’apprentissages. »
Déterminée, la femme de 65 ans, qui a remporté une kyrielle de prix Gémeaux et MetroStar, a multiplié les rôles depuis quatre décennies, tant au théâtre, à la télé qu’au cinéma.
Elle sera dans la prochaine offrande de Denys Arcand, le film Testament, et elle campe la patronne de l’Unité des enquêtes dans Portrait-robot, dont la deuxième saison est accessible sur Club illico depuis le début de l’année. Dans un mois, l’équipe entamera le tournage du troisième chapitre.