Le Journal de Montreal - Weekend

LE FRANÇAIS QUI ADORE LES QUÉBÉCOIS

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN Le Journal de Montréal raphael.gendron-martin @quebecorme­dia.com

Albin de la Simone est profondéme­nt attaché au Québec. Depuis une vingtaine d’années, l’auteur-compositeu­r français entretient des liens étroits avec des artistes comme Pierre Lapointe et Ariane Moffatt. Il allait donc de soi que son nouvel album, Les

100 prochaines années, comprenne des collaborat­eurs d’ici. Le Journal s’est entretenu avec lui.

Tu es attaché au Québec depuis plusieurs années. De quelle façon cette relation a-t-elle commencé ?

« J’y suis allé la première fois à 15 ans, pour un échange, et ç’avait été un premier contact très chaleureux. Après, j’ai commencé à venir en tant que musicien, en accompagna­nt des chanteurs. Et puis après, j’ai commencé à venir chanter. J’ai rencontré Laurent Saulnier, qui était le programmat­eur des FrancoFoli­es. Laurent et Monique Giroux ont été très importants dans la constructi­on de quelque chose autour de mon travail au Québec. C’est du point de vue très profession­nel. Et puis, il y a eu des amitiés avec mes amis chanteurs Ariane Moffatt, Pierre Lapointe, Jérôme Minière, Salomé Leclerc. Toute cette génération de chanteurs dont je suis devenu très proche. »

Le nouvel album, Les 100 prochaines années, a aussi des liens avec le Québec. Quels sont-ils ?

« Ghyslain-Luc Lavigne est le mixeur de l’album. Je travaille avec lui depuis le disque de Pierre Lapointe, Pour déjouer l’ennui, en 2019. Depuis, tous les disques que je fais ou que je réalise, c’est lui qui mixe. Il y a eu Pomme, Carla Bruni et mes disques. Ghyslain-Luc, ç’a vraiment été une rencontre très importante. On se comprend sans parler. »

« L’an dernier, j’ai aussi rencontré beaucoup mieux quelqu’un que je connaissai­s déjà : Robbie Kuster. Il est Suisse mais il vit au Québec depuis très longtemps. En mai 2022, j’étais allé au Québec pour travailler sur l’album de Beyries. On était Joseph Marchand, Robbie et moi à construire les bases de cet album. J’ai complèteme­nt adoré travailler avec Robbie. Il est venu deux jours à Paris pour travailler sur mon disque. »

En 2021, tu as sorti un album instrument­al, Happy end, car tu n’avais plus d’inspiratio­n pour écrire des paroles. Comment est-elle revenue pour ce nouveau disque ?

« La COVID avait vraiment asséché mon inspiratio­n. Donc j’ai fait ce disque instrument­al très simplement. Mais ce disque a rappelé à son tour des paroles, c’est-à-dire qu’il y a des morceaux du disque instrument­al qui m’ont réclamé des paroles. Je me suis rendu compte que c’était des chansons sans texte. Donc j’ai écrit des textes et puis de là est revenue un peu l’envie d’écrire des chansons. »

Est-ce que ce qu’on a vécu avec la pandémie t’a inspiré des paroles ?

« La chanson qui a l’air la plus influencée par la pandémie s’appelle Avenir. Je dis qu’on ne se touche pas, on ne se prend pas dans les bras, comment ce sera plus tard ? Ce qui est fou, c’est que je l’ai écrite deux semaines avant la pandémie ! Je ne suis pas du tout médium. C’est vraiment un hasard complet, à tel point que j’en étais choqué. Je trouvais ma chanson horrible parce que je me disais que ça faisait vraiment opportunis­te d’écrire ça en pleine pandémie. Mais elle date d’avant. Donc j’ai mis très longtemps à la réaccepter. »

Avec ce nouvel album, une tournée est-elle prévue dans les prochains mois ?

« Oui, je pars en tournée à la fin du mois de mars. J’espère passer par les Franco-Folies de Montréal. J’attends la confirmati­on. Je suis allé à ce festival chaque fois que j’ai sorti un disque. »

On a parlé de ton lien avec les artistes québécois. Mais quel rapport entretiens-tu avec le public d’ici ?

« Je ne veux pas être téteux, mais c’est un public super, les Québécois. Vous êtes une société qui est très intéressée et sensible à la musique. C’est culturel, c’est très profond chez vous, la chanson. Et donc, comme je me prends la tête à faire des chansons les plus riches possibles, quand je viens au Québec, j’ai l’impression qu’on y comprend tout. Le public québécois, c’est un peu un idéal de public. C’est un public qui est exigeant, mais qui est très curieux et qui va au fond des chansons, au fond de la musique. J’ai l’impression qu’en Europe, on est peut-être un peu plus superficie­l dans notre appréciati­on de la musique. »

L’album d’Albin de la Simone, Les 100 prochaines années, est disponible.

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PHOTO FOURNIE PAR JULIEN MIGNOT. ALBIN DE LA SIMONE
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