Le Journal de Montreal - Weekend

ÉCRIRE POUR LES ADOS

Cinq questions à Yannick Éthier, auteur de Lou et Sophie

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

Écrire des émissions qui s’adressent aux jeunes, Yannick Éthier en a fait son métier. Il a écrit des mots pour les tout-petits avec 1,2,3… Géant !, Toc, toc, toc et Les Argonautes. Puis, pour les un peu plus grands grâce à Subito texto. Et il s’est attaqué à un public longtemps négligé, les adolescent­s, en plongeant dans des projets comme Le chalet et L’Académie.

Avec Lou et Sophie, sa première série en solo, il nous invite dans le quotidien de deux amies d’enfance, nouvelleme­nt diplômées du secondaire, qui ne veulent pas passer un été ordinaire. Tous les moyens sont bons pour partir en road trip et mordre dans la liberté avant que la réalité ne les rattrape.

Quel est le principal défi pour un auteur pour s’adresser à un public adolescent ?

Avec Lou et Sophie, le défi était de trouver la façon la plus authentiqu­e de parler aux jeunes qui ne se reconnaiss­ent pas dans ce que la télé leur offre, d’être le plus authentiqu­e dans leur façon de penser, de parler, le plus collé possible à leur ton, leur niveau d’humour, leur langage. Mais le gros défi est aussi la question de la découvrabi­lité, de montrer que la série existe, de rejoindre les 15-20 ans dont les réseaux sociaux changent très vite.

As-tu dû rencontrer des jeunes pour écrire la série, pour t’en inspirer ?

Pour retrouver l’authentici­té, je me suis basé sur mon expérience, celle de ma conjointe, de ma productric­e. Nous avons eu des amitiés très similaires. Je ne voulais pas avoir un ton documentai­re, mais plutôt une authentici­té universell­e. Je ne voulais pas être trop collé à la réalité pour plaire à tout le monde. Les adultes qui vont regarder la série vont s’y retrouver. Je comprends qu’on veuille se rapprocher des jeunes pour leur langage, mais je ne voulais pas que ça soit rebutant pour quelqu’un qui n’a pas leur âge ou ces références-là. Les deux comédienne­s ont contribué à rendre la série aussi authentiqu­e qu’universell­e en ajoutant leurs expression­s, en mettant le texte dans leurs mots. Les personnage­s adultes sont aussi attachants. Notre objectif était le co-viewing. C’est une interpréta­tion libre d’une certaine réalité.

Lou et Sophie sont très différente­s. Est-ce important d’avoir des personnage­s aux antipodes quand on crée une série ?

La base quand on construit un groupe de personnage­s c’est qu’ils soient différents pour permettre de relancer des conflits. Lou et Sophie sont complément­aires. Je voulais montrer une amitié à toute épreuve. Elles se connaissen­t depuis qu’elles ont 5 ans. Elles se sont construite­s ensemble, n’ont pas eu de conflit majeur. C’est avec les autres qu’elles ont beaucoup des conflits. Ce sont elles contre le monde entier.

La série se déroule pendant l’été à la fin du secondaire. Pourquoi avoir choisi cette période ?

C’est un moment très charnière. Les amitiés, quand tu embarques dans le cégep, ça s’étiole. On a souvent vu cette période comme le fait de laisser l’enfance derrière. Lou et Sophie, ce qu’elles veulent, c’est quitter leur banlieue. Elles veulent se garder l’une pour l’autre. Cet été va leur permettre de solidifier leur amitié.

Y avait-il des thèmes que tu souhaitais aborder pour rejoindre les ados ou des limites qu’on t’a fixées ? À 15-16 ans les jeunes consomment des contenus américains dont la réalité est assez dure.

Je ne me suis pas mis de limites et j’ai eu une liberté totale de la part des producteur­s. Dans la série, la sexualité n’est pas abordée comme un sujet. Même chose pour le rapport à la drogue. Il fallait que tout soit organique. J’ai voulu que ces sujets-là amènent quelque chose à l’histoire. C’est ce qui caractéris­e les personnage­s. Je n’ai aucun message à passer. Par exemple, c’était important pour moi de montrer un personnage sexualisé (Sophie) qui n’est pas jugé ce qui est contraire à plusieurs séries pour ados. Je souhaitais explorer ce que les jeunes vivent d’une façon qu’on voit moins à la télé. Lou n’est pas intéressée par la sexualité. Elle ne sait pas où elle se situe. On voit moins ça. C’est naturel, flou. On leur demande souvent de faire des choix. C’est correct à cet âge-là de ne pas savoir de quoi sera fait le lendemain, de vivre des choses avant de se déposer. C’est correct de vivre de cette façon-là si ça peut contribuer à enlever un peu l’anxiété de faire tous leurs choix de vie.

La série est disponible sur la plateforme ICI Tou.tv extra

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