Le Journal de Montreal - Weekend
Langue française : pourquoi certains libéraux fédéraux me rappellent (tristement) Charles-Michel de Salaberry
L’attitude méprisante des Québécois pour le français de Marc Garneau se comprend. Député de Westmount, il est au service de ses commettants. D’ailleurs, une bonne partie des têtes d’affiche des libéraux au Québec – à commencer par les Trudeau, de père en fils – représentent des électeurs non francophones. Normal. On les place dans des « comtés sûrs » à majorité anglo-ethnique pour qu’ils soient élus.
Ils me rappellent Charles-Michel de Salaberry, dont la famille, après avoir servi la France, s’est mise au service de l’Angleterre. Officier britannique, il a arrêté à Châteauguay en 1812 une force américaine qui avançait sur Montréal.
On le présente comme un héros. De l’empire britannique, oui. Salaberry avait déjà combattu la France dans les Antilles et, ensuite, Napoléon en Europe.
Les de Salaberry traînent un passé de déloyauté envers les francophones. Comme plusieurs seigneurs après la Conquête, ils se sont intégrés à la nouvelle élite britannique qui s’installait ici, achetant leur seigneurie et mariant leurs filles.
POUR LES ANGLAIS, UNE TRADITION FAMILIALE
Le père du vainqueur de Châteauguay, Ignace de Salaberry s’était lié d’amitié à Québec avec le prince Edward, le père de la reine Victoria. Il en profita et en fit profiter ses trois fils, qui servirent dans les armées de Sa Majesté.
Melchior-Alphonse de Salaberry, le fils de Charles-Michel, lui aussi lieutenant-colonel britannique, participa à l’écrasement des patriotes lors des troubles de 1837-1838.
Élu en 1841, il fut l’un des deux seuls Canadiens français à appuyer le gouverneur général, lord Sydenham (successeur de Durham et de Colborne), dans sa politique d’union des deux Canada pour accélérer l’anglicisation de la colonie réclamée par les Anglais.
Son frère cadet, Charles-RenéLéonidas de Salaberry, après avoir lui aussi servi dans l’armée britannique, ne fit jamais rien d’autre que de vivre du prestige de son nom. Il était l’un des trois commissaires fédéraux chargés de prendre contact avec les Métis lors du soulèvement de la rivière Rouge en 1869-1870. Louis Riel refusa de négocier avec lui.
POLITICIENS OPPORTUNISTES
C’est l’une de nos caractéristiques au Québec d’honorer les politiciens opportunistes prêts à toutes les ignominies pour se faire élire avec l’appui des Anglais.
Le gouvernement fédéral est le successeur direct du pouvoir colonial britannique dont l’objectif a toujours été de faire disparaître les francophones de la carte. Rappelez-vous – deux cas parmi de nombreux autres – du rapport Durham et de la déportation des Acadiens, la seule minorité maltraitée à laquelle Justin Trudeau n’a pas présenté ses excuses et à qui il n’a pas demandé pardon.
Nos libéraux à Ottawa comme à Québec sont les Salaberry de notre époque.
L’aéroport de Dorval honore Pierre Elliott Trudeau, qui, lors de la crise d’Octobre, a fait emprisonner 467 Québécois sans qu’aucune accusation ne soit portée contre eux.
Pour faire peur au monde. Et qui a rapatrié la constitution sans l’aval du Québec en 1982. Pour faire un bras d’honneur aux Québécois.
Son fils suit sur ses traces. Comme ceux de Salaberry.