Le Journal de Montreal - Weekend

L’OURAGAN QUI A DÉVASTÉ GALVESTON

- MARIE-FRANCE BORNAIS

La ville côtière de Galveston, au Texas, était en pleine expansion lorsqu’un ouragan terrifiant l’a dévastée en 1900. Des milliers de personnes ont perdu la vie. Le météorolog­ue en chef, Isaac Cline, avait quelques années plus tôt, déclaré que la ville n’avait rien à craindre… mais il a finalement dû se battre pour sa vie et celle de sa famille. L’écrivain américain Erik Larson fait le récit de cette tragédie marquante de l’histoire nord-américaine dans Une histoire vraie.

Le 8 septembre 1900, Isaac Cline sent qu’un phénomène inhabituel est en train de se préparer à Galveston. Sans attendre la permission de ses supérieurs, il émet une alerte météo. Mais ce sera trop tard pour des milliers de personnes. Quelques heures plus tard, un ouragan aux proportion­s gigantesqu­es s’abat sur la région, balayant tout sur son passage.

Erik Larson, un écrivain qui ne lésine pas sur les recherches dans les archives et sur le terrain, a consacré beaucoup de temps à l’écriture d’Une histoire vraie, un récit enfin traduit en français. Il dépeint la folie des hommes et leur propension à se penser plus forts que la nature.

« Je me suis intéressé à cela pendant que je travaillai­s sur autre chose. J’ai grandi à Long Island, près de New York, et j’ai toujours aimé les ouragans. J’avais lu sur cet ouragan qui a tué 10 000 personnes et je trouvais ça incroyable », commente-t-il, en entrevue.

« J’ai commencé à m’y intéresser et je me suis dit que ça serait mon prochain livre. Avant la sortie de mon livre, cet ouragan était assez connu au Texas, mais très peu connu à l’extérieur du Texas. »

SUR PLACE

Erik Larson a passé beaucoup de temps à Galveston pour recueillir ses informatio­ns.

« Je trouve très important d’aller sur place et voir à quoi ça ressemble. On ne sait jamais ce qu’on va trouver. À Galveston, quand je suis allé dans la partie de l’île qui est restée telle qu’elle était dans les années 1900, j’ai compris à quel point elle était vulnérable. Aujourd’hui, la ville est protégée par des digues de 18 pieds. Mais cela n’existait pas en 1900 : la ville était au niveau de la mer.

« La partie ouest est très développée et les maisons sont construite­s sur des pilotis de 20 pieds. Mais quand on y va, on réalise très vite à quel point la ville était construite près de la rive, et à quel point c’était dangereux. »

Lors d’un voyage à Galveston, il est arrivé juste après le passage d’une tempête tropicale.

« Il n’y avait pas d’électricit­é, pas de lumières de rues. Ça m’a encore plus donné une idée de ce qui avait pu se passer. »

DANS LES ARCHIVES

En fouillant dans les archives, l’auteur a pu consulter des relevés météorolog­iques, lire des journaux intimes tenus par les gens.

« Je me suis rendu à la Rosenberg Library, qui a des archives exceptionn­elles au sujet de l’ouragan. J’y ai passé plusieurs jours et c’était fantastiqu­e : j’ai pu lire des lettres, des documents, des journaux intimes. »

Il a découvert le rôle joué par Isaac Cline à la suite d’un imprévu.

« Il y a une bibliothèq­ue de la NOAA [National Oceanic and Atmospheri­c Administra­tion] à Suitland, au Maryland. J’y ai fait des recherches au sujet des ouragans et j’ai retrouvé un ancien cartable qui ressortait dans un rayon de la bibliothèq­ue. »

Cette découverte fortuite lui a donné le point central du livre : le rôle joué par Isaac Cline.

« J’y ai retrouvé un article publié par Isaac Cline dans un journal local. Il écrivait qu’aucun ouragan n’allait jamais causer des dommages à Galveston, à cause de son emplacemen­t, entre la mer et une baie. Il avait tout faux. »

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