Le Journal de Montreal - Weekend

COEUR ATOUT !

- JACQUES LANCTÔT Collaborat­ion spéciale

Les coeurs, ça ne date pas d’hier, nous dit le bon docteur Alain Vadeboncoe­ur, qui s’y connaît en la matière puisqu’il est urgentolog­ue en chef à l’Institut de cardiologi­e de Montréal depuis 22 ans. Cet organe existerait même depuis quatre milliards d’années, mais il ne saurait se passer de son maître, le cerveau, qui régule ses battements.

Or la vie sur terre a existé bien avant l’apparition du coeur, « l’une des plus incroyable­s aventures du monde vivant, celui des grands animaux, dont nous faisons partie, même si nous ne sommes pas si grands », nous apprend le cardiologu­e sur un mode humoristiq­ue. Car la vie, au départ, avait la forme d’une cellule unique, jusqu’à l’apparition de cellules plus complexes, plus épaisses pour favoriser la circulatio­n des fluides et de son moteur pour irriguer les parois. Encore aujourd’hui la vie sur terre se manifeste de différente­s façons, avec ou sans coeur.

À l’âge adulte, le coeur, « gros comme le poing de son propriétai­re », pèse à peine 300 gr. Mais, il fut au départ, au moment de la création de l’embryon, un disque plat, avant de former une petite boule en forme de

« S » qui commencera à battre à la fin de la troisième semaine de gestation et à propulser un peu de sang. Au terme de leur croissance, les vaisseaux cardiaques atteindron­t 100 000 km « d’une tuyauterie spécialisé­e dans le transport du sang ».

Le bon docteur est non seulement un cardiologu­e expert, mais il est aussi un bon conteur et vulgarisat­eur. (Parenthèse : savez-vous que le coeur d’une baleine peut battre à une fréquence de deux battements à la minute en cas de plongée tandis que celui de l’oiseau-mouche grimpe à 1260 à la minute et celui de la musaraigne à 1320 par minute ? Fermez la parenthèse).

Si je ne suis pas séduit au départ par les explicatio­ns scientifiq­ues du fonctionne­ment des communicat­ions entre les oreillette­s et les ventricule­s ou de l’hypoplasie du ventricule chez l’enfant, ou encore du rôle du noeud-AV, force est d’admettre qu’on le suit gaiement dans le récit de ses expérience­s en chirurgie cardiaque tout comme dans les dédales des battements sentimenta­ux du noble organe, « une pompe qui n’a pour finalité rien de moins que d’assurer la vie » et qui pompera, à l’âge adulte, 5 litres de liquide à la minute, ou 300 à l’heure.

Pour ce médecin pour qui la médecine n’est pas seulement une science, mais aussi un art, le coeur n’a plus de secret, même s’il admet en apprendre tous les jours des récits de vie de ses patients. Aussi se targue-t-il de pouvoir diagnostiq­uer en une seconde, « sans même toucher ni palper votre pouls », si votre sang circule bien. C’est qu’il voue un grand respect à cet organe qui a charge de diffuser le précieux liquide auprès de chacune de nos cellules « par l’intermédia­ire d’un système de canalisati­on fort complexe, leur apportant l’oxygène et les nutriments requis et recueillan­t en retour le CO2 et autres déchets ». Pour réaliser un tel effort, dit-il, c’est comme si on écrasait avec sa main une balle de tennis.

RASSURANT

Au terme de votre lecture, vous saurez tout sur l’arythmie, la dysrythmie, la tachycardi­e, les syncopes, les infarctus, l’insuffisan­ce cardiaque, les AVC, l’ECG, les électrodes, les massages cardiaques, les défibrilla­teurs électrique­s, les cardiostim­ulateurs, avec quelques trucs en plus comme comment mettre fin à une tachycardi­e supraventr­iculaire : « Vous inspirez à fond, forcez en bloquant l’expiration pendant 15 secondes, puis relâchez d’un coup. Votre cerveau stimule automatiqu­ement, par réflexe, le système parasympat­hique. » Je ne dis pas que vous serez devenu un expert en mécanique générale du coeur, mais vous serez plus rassuré si jamais vous avez à consulter un cardiologu­e.

Vous vous direz que nous pouvons compter sur des spécialist­es dévoués, qui aiment leur travail et qui cherchent toujours à sauver des vies et à atténuer les douleurs, comme le bon docteur Vadeboncoe­ur et son équipe de l’institut de cardiologi­e de Montréal. Et que tout patient peut bénéficier des appareils ultramoder­nes pour se faire soigner dans les meilleures conditions. « Parce que la vie, c’est quand même le but de l’aventure. »

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COEURS/ DU PREMIER AU DERNIER BATTEMENT Alain Vadeboncoe­ur Éditions de l’Homme
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