Le Journal de Montreal - Weekend
RÉGLER SES COMPTES AVEC LES MOYENS DU BORD
Dominique Bertrand, ancienne mannequin internationale devenue autrice à succès, plonge tout droit dans le thème de la violence, de l’injustice et de la revanche dans un nouveau roman qui décape, Des jardins secrets remplis
d’orties. Trois personnes poquées, réunies par la force des choses, décident de prendre les choses en main et de régler leurs comptes avec les moyens du bord. Le livre, féroce, a retenu l’attention : les droits d’adaptation télévisuelle ont été acquis avant même sa publication.
Clara, une belle femme riche et
glamour, est au bord de l’abîme. Elle s’échoue au Thank God, un truck-stop miteux situé en bordure du « parc de La Vérandrye ». C’est là qu’elle fait la connaissance de Richard, un camionneur, lui aussi écorché vif.
Dans une chambre minable, ces deux êtres qui n’étaient pas destinés à se rencontrer font connaissance. Plus encore : à force de parler, de se livrer sans filtre, ils vont renaître de leurs cendres. Avec les moyens du bord, comme des gens qui n’ont plus rien à perdre, ils décident de régler sans scrupules leurs comptes avec la vie. Protecteurs, ils prennent la jeune
waitress du Thank God, Symone, enceinte, sous leur aile.
Avec courage, tendresse, ouverture d’esprit et de coeur, Clara, Richard et Symone vont s’épauler, réapprendre à rire et peut-être même réussir à s’aimer.
Dominique Bertrand, choquée par les nombreux cas de violence, les abus et les injustices, a décidé d’écrire sur ces sujets difficiles. Elle le dit ellemême : le livre « fesse dans le dash ».
L’écrire a été toute une expérience. « Il y a des passages qui ont été tellement difficiles à écrire, émotivement… Une chance que j’ai un psy, je peux juste te dire ça », révèle-t-elle.
« Ça touche à des sujets qui sont très prenants, et très prenants pour la plupart des gens normalement constitués. Et il fallait vraiment que mes personnages soient imprégnés de ça. Il fallait que je trouve les bons mots pour les faire parler de ce qu’ils vivent. »
L’écrivaine a porté sur ses épaules la charge émotive de ses personnages.
« Je suis une fille très très sensible et mes personnages, ce que je leur fais vivre, je le vis en même temps. »
Lorsqu’elle écrit, Dominique Bertrand explique qu’elle n’écrit pas nécessairement sur quelque chose qui lui est arrivé ou que des proches ont vécu, mais qu’on part toujours d’une sensibilité qu’on a, socialement par exemple, par rapport à certains sujets. « On prend cette sensibilité et on la
focusse dans un personnage. Tous ces personnages sont devenus des vraies personnes pour moi », dit-elle.
Elle est bien d’accord : c’est un livre dur.
« Mais les personnages les plus sensibles et les plus désespérés sont les plus forts, au bout du compte. C’est un livre qui parle aussi de résilience… et de “on est tanné de se faire niaiser… et on va s’en occuper nous-mêmes” », lance-t-elle en précisant que « c’est de la fiction ».
UNE FORCE INTÉRIEURE
Dominique Bertrand avait envie d’écrire sur le désespoir, les déceptions très profondes dans la vie, les pertes de repères, et le fait de rebondir, de renaître.
« Je voulais en parler parce que les gens qui vivent ça ont souvent l’impression d’être les seuls à le vivre, alors que la plupart des gens ont vécu dans leur vie une période où ils ont perdu leurs repères. Ils ont perdu ce qu’ils aimaient le plus. Ils ont l’impression qu’ils ne retrouveront plus jamais l’envie de vivre et qu’ils ne retoucheront plus jamais au bonheur. Mais oui, on peut renaître de nos cendres. »
« Moi, je peux le dire la première. J’ai vécu un deuil extrêmement difficile et j’ai été capable de renaître de mes cendres. Je ne te dis pas que ça a été facile. Mais j’avais une résilience en moi qui m’a permis de faire ça. Une force que j’avais que je ne soupçonnais même pas. »