Le Journal de Montreal - Weekend
VIVEMENT LE GRAND RETOUR DE LA MUSIQUE ÀLATÉLÉ!
Pendant que beaucoup d’enfants de sa génération étaient captivés par Bobino et Bobinette, Manuel Tadros avait des modèles bien différents. En fait, c’est l’humour et la musique qui l’ont grandement séduit.
Manuel, quelles émissions jeunesse vous ont marqué ?
Je suis arrivé au Québec à 10 ans. J’ai beaucoup regardé Cré Basile et Le Capitaine Bonhomme quand j’étais jeune. Ils ont fait mon éducation (rires). Michel Noël, le Capitaine Bonhomme, je l’adorais, je le prenais pour mon grand-père. Il me faisait rire. Et dans Cré Basile, je me souviens des scènes où Olivier Guimond descendait les escaliers, où il était saoul et je le trouvais tellement bon acteur. Quand j’étais petit, je l’imitais.
La télé était-elle rassembleuse chez vous ?
Mon père, mon frère, ma soeur et moi regardions le hockey. On regardait le Canadien. On avait notre rituel; on a regardé beaucoup de matchs du Canadien quand on vivait ensemble. La Soirée du
hockey, c’était très important pour nous. Même Égyptien d’origine, mon père était un séparatiste, un indépendantiste et un gars qui adorait le Canadien.
Y a-t-il un personnage que vous auriez aimé jouer pour les enfants ?
À l’époque où j’étais adolescent, c’était surtout les chanteurs que je voulais être, par exemple Julien Clerc ou Serge Lama. Ce sont vers eux que je me dirigeais et ma plume d’auteur était similaire. Ce que vous avez entendu de moi n’avait rien à voir avec ce que j’écrivais à l’époque. Mon gérant m’avait dit : « Ce que tu écris, c’est trop compliqué pour les gens. Il faut que tu ailles dans le plus facile. » Des idoles, j’en ai surtout eu dans la chanson.
La chanson à la télé vous interpellait beaucoup ?
À l’époque, il y avait énormément de chansons à la télé. Aux trois postes, puis aux quatre. Il y avait des émissions de variétés de 17 h à 19 h et une autre en soirée. Quand les gens faisaient la promotion de leur disque, on pouvait en voir beaucoup. En plus, il y avait Les
Beaux dimanches et Vedettes en direct.
Ça manque, non ?
Oui, mais c’est drôle, car depuis quelques années je sais de source sûre que quand les gens commencent à chanter à la télé, à part à En direct de
l’univers, les gens changent de poste. Ils ne veulent pas entendre de chansons à la télé alors qu’avant, ils ne voulaient entendre que ça. La télé devrait soutenir davantage la chanson. Elle a beaucoup abandonné la chanson (québécoise, française, à textes), la chanson qui dit quelque chose […] Lorsqu’on regarde des émissions comme Star Académie ou La Voix et qu’on voit les parents des jeunes les encourager, ça resserre l’esprit de famille, l’encouragement à l’art, à la beauté, au talent. Ce sont des émissions extrêmement rassembleuses. Elles me touchent parce qu’elles vont chercher le coeur des gens.