Le Journal de Montreal - Weekend

TISSER DES LIENS POUR MIEUX VIVRE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Écrivaine, traductric­e, instructri­ce de Tai Ji Quan et énergétici­enne, la Montréalai­se Julie Turconi raconte, dans son nouveau roman Le facteur, trois vies, trois trajectoir­es qui convergent ainsi que des liens qui se tissent pour mieux profiter du temps présent et se reconstrui­re soi-même.

Entre François, qui a quitté l’armée, et Madeleine, une vieille dame qui trouve la solitude bien lourde, une amitié naît, au fil des rencontres, au fil des mots. Leur destin se croise… sous le regard d’un vieux matou.

François est devenu facteur après avoir quitté l’armée. Il cherchait un travail solitaire qui allait lui permettre de gérer son trouble de stress posttrauma­tique.

Madeleine n’a plus personne à ses côtés. L’âge lui pèse, la solitude aussi et sa vue baisse. Pourtant, seule la lecture coupe un peu la longueur de ses journées.

Dans les alentours, un vieux matou marqué par la vie et les combats veille sur son petit monde. Silencieux, il est témoin de la vie du quartier et de ses habitants.

Julie Turconi, en entrevue, dit que l’idée du roman est venue un peu par hasard, « comme un reste de rêve ».

« Je savais que je tenais l’idée d’un roman, mais à l’origine, c’était l’idée d’un facteur qui s’arrête sur sa route pour faire la lecture à une vieille femme. J’avais l’idée d’une relation intergénér­ationnelle et de deux personnes qui ont quelque chose à s’apporter. »

L’écrivaine dit qu’elle aime les gens un peu « maganés par la vie ».

« J’aime bien écrire sur les failles de l’humanité et sur ce qu’on peut faire pour avancer. »

STRESS POST-TRAUMATIQU­E

Son facteur, François, est un vétéran aux prises avec un trouble de stress post-traumatiqu­e.

« Je n’ai pas fait la guerre. Je ne connais personne qui est vétéran de l’armée, personnell­ement. Je connais des gens qui ont des problèmes de santé mentale, ça, c’est sûr : on en connaît tous. Je ne connais personne qui a vécu de guerre en tant que soldat, mais mon père, par exemple, était enfant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il l’a vécue différeml’a ment, en tant qu’enfant. Et il vécue du mauvais côté puisqu’il était italien. »

« J’aurais aimé pouvoir en diss’est cuter avec lui, mais ça ne jamais fait : de toute façon, il ne voulait pas en parler. Peut-être que ça vient de ça, de cette envie d’explorer des choses qui sont un petit peu reliées à ma famille, mais de façon assez lointaine. »

Julie Turconi est d’avis que beaucoup de gens sont en reconstruc­tion, en ce moment.

« Dans notre société, il y a beaucoup de gens qui ne trouvent plus beaucoup de sens à leur vie. On se pose beaucoup de questions : où on va, qu’est-ce qui se passe dans le monde. Ça impacte énormément la santé mentale des gens. L’équilibre psychologi­que, c’est important. Et j’aimais le fait de donner des trucs et astuces pour les gens : se retrouver dans l’instant présent, ça aide beaucoup. »

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Julie Turconi Éditions Robert Laffont Québec environ 242 pages
LE FACTEUR Julie Turconi Éditions Robert Laffont Québec environ 242 pages

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