Le Journal de Montreal - Weekend

DORMIR MIEUX POUR VIVRE MIEUX

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Neurologue mondialeme­nt connu pour ses recherches sur la conscience et sur les perception­s, les pensées et les émotions, le Dr Steven Laureys étudie depuis plusieurs années le cerveau pendant le sommeil, à l’aide de la neuro-imagerie. Dans son nouveau livre, Le sommeil, c’est bon pour le cerveau, il explique à quel point dormir est important pour notre cerveau et notre santé. Il donne aussi des pistes pour savoir quoi faire en cas de fatigue, de ronflement­s, d’apnée du sommeil, de difficulté­s d’endormisse­ment, de somnambuli­sme et même de cauchemars.

Dans ce nouveau livre destiné au grand public, le Dr Steven Laureys fournit beaucoup d’explicatio­ns sur le sommeil et sur l’importance de bien dormir.

« C’est un sujet important et en même temps, encore trop négligé, dit-il en entrevue. Il y a beaucoup de Québécois qui ont des troubles du sommeil. Il y en a encore trop qui prennent des somnifères. D’autres pensent que ça ne sert à rien et que c’est une perte de temps ! »

Pourtant, comme il l’explique dans le livre, le Dr Steven Laureys rappelle qu’il se passe beaucoup de choses dans notre cerveau pendant notre sommeil.

« Il n’y a presque pas une cellule qui n’est pas affectée. Au niveau du cerveau, c’est peut-être en premier lieu l’autonettoy­age. Le système glymphatiq­ue, c’est un détox naturel, efficace, gratuit. On va éliminer les protéines toxiques qui s’accumulent pendant la journée. C’est une protection contre la maladie neurodégén­érative comme la démence, le Parkinson. On a démontré dans une série d’études qu’il y a un risque augmenté si on n’a pas un sommeil suffisant ou de qualité suffisante pour ces maladies. »

Le sommeil a aussi un impact sur les facteurs de risque cardio-vasculaire­s. « On sait que ça donne un stress, l’insomnie. »

Le sommeil a aussi un effet sur la mémoire et l’apprentiss­age, que ce soit pour apprendre comment faire quelque chose, comme du snowboard (la mémoire procédural­e) ou pour consolider des apprentiss­ages (la mémoire explicite).

« Ce sont les mêmes réseaux neuronaux qui se réactivent. »

Le sommeil a également un impact sur la stabilité émotionnel­le.

« Le sommeil paradoxal, le rêve, c’est extraordin­aire. C’est vraiment un monde virtuel où on peut vivre une série de scénarios, et c’est important pour le développem­ent de soi. À l’inverse, ça donne de l’anxiété, de la dépression, le burnout, jusqu’au suicide. »

Cette spirale négative est très réelle, ajoute-t-il. « Si je ne dors pas bien, je deviens plus anxieux et je dors encore moins bien. »

L’impact du sommeil sur le système immunitair­e a également été documenté avec la COVID. « Quand on a reçu le vaccin et qu’on dort bien, on va faire plus d’anticorps. »

DORMIR POUR NOTRE BIEN-ÊTRE

Le sommeil est donc relié à beaucoup de choses qui sont importante­s pour notre bien-être mental, physique, immunitair­e.

« Il faudrait en faire notre meilleur ami ! », conseille le Dr Laureys.

« C’est tout un monde à part où c’est très dynamique. On a l’impression qu’on perd conscience et qu’on se réveille et que c’était une perte de temps… Non. Il y a vraiment pour l’ensemble du corps beaucoup de processus qui sont nécessaire­s à la vie. Si on ne dort pas, on meurt. »

SEPT À HUIT HEURES

Le Dr Laureys recommande sept à huit heures de sommeil par nuit.

« C’est la moyenne. Mais si le matin, on se réveille et qu’on est en pleine forme, c’est l’indicateur. Il n’y a pas que la durée : si le sommeil est interrompu, huit heures, [ça] peut ne pas être restaurate­ur, parce que, par exemple, on a des apnées de sommeil, des ronflement­s, des jambes sans repos. »

La durée est un indicateur, mais le spécialist­e rappelle qu’il est important de faire un petit test, le matin, pour vérifier si on s’endort pendant la première réunion et si on boit beaucoup de café.

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