Le Journal de Montreal - Weekend

La plus ancienne horloge du Musée de la civilisati­on révèle les secrets du quotidien de nos aïeux

- MAUDE BOUCHARDDU­PONT Historienn­e Collaborat­ion spéciale

«En1896il[ sic] ont commencé à entailler le 6 avril 7 et 8 » peut-on lire à l’intérieur du cadre droit de l’horloge. Entre 1881 et 1904, la date du début du temps des sucres, de même que celles de la tonte des moutons, des labours, des semailles, des foins et des récoltes sont inscrites à l’intérieur de l’horloge.

UN QUOTIDIEN BIEN DE CHEZ NOUS

De la fabricatio­n des chandelles à la naissance d’une pouliche, ce quotidien dicté par les saisons se conjugue au fil des fêtes religieuse­s, mariages et décès. Se révèlent ainsi les nombreuses interactio­ns des gens de la campagne, dont les rares sorties pour visiter la famille élargie dans les localités voisines sont un véritable évènement.

Les Beauchesne, Bergeron, Boisvert, Cormier, Cyrenne, Demers, Ducharme, Dumont, Gagné, Girard, Lacourse, Landry, Leblanc, Levasseur, Mailhot, Marchand, Rhéault et Rochefort sont évoqués dans ces humbles écrits. Mais laquelle de ces anciennes familles de Bécancour et des environs possédait cette fameuse horloge ?

Lorsque l’horloge a été acquise par le Musée de la civilisati­on en 2005, les recherches initiales n’avaient pas permis d’identifier son propriétai­re à la fin du XIXe siècle.

UN MYSTÈRE ENFIN RÉSOLU

Mais aujourd’hui, en 2023, c’est possible grâce aux bases de données constammen­t enrichies par les chercheurs et généalogis­tes de Bécancour.

« Je suis certain qu’il s’agit de l’une des filles de mon arrière-arrièregra­nd-père, Célina Cormier, qui a écrit dans cette horloge », affirme le président de Patrimoine Bécancour, Raymond Cormier. « Son mari est Pierre Cyrenne, qu’elle surnomme papa, comme “popa” dans La petite vie. Mentionnés dans les inscriptio­ns de l’horloge, les prénoms de ses tantes et oncles, ainsi que ceux de ses 11 enfants, correspond­ent aux informatio­ns de nos bases de données. »

Toujours selon M. Cormier, la famille résidait dans le rang Cournoyer à proximité du fleuve, mais aussi d’un secteur bien connu pour ses érablières. Un siècle plus tard, le rang est devenu le boulevard Bécancour.

Sur l’emplacemen­t de leur ferme, on trouve le parc industriel et… des serres de cannabis.

UN PREMIER CONTACT AVEC UN ARTEFACT

Pas étonnant que cette intrigante horloge ait été sélectionn­ée pour faire partie de l’exposition jeunesse Ma Maison, inaugurée en 2022. « Elle me semblait parfaite pour le salon où le thème principal est la transmissi­on d’une génération à l’autre. Pour les petits, c’est un premier contact avec les objets de collection », indique la conservatr­ice du Musée de la civilisati­on, Lydia Bouchard.

À PROPOS DU MUSÉE DE LA CIVILISATI­ON

Inauguré en 1988, le Musée de la civilisati­on à Québec est un musée de société. Il se définit par sa programmat­ion thématique et multidisci­plinaire, son ouverture aux enjeux contempora­ins et la primauté qu’il confère à la personne humaine. Ses importante­s collection­s sont composées de 226 000 objets, 1,2 km linéaire d’archives et 197 500 livres.

Selon les récentes recherches de Raymond Cormier, ces inscriptio­ns faites à la main à l’arrière du miroir de l’horloge sont l’oeuvre de Célina Cormier (1841-1926), épouse de Pierre Cyrenne.

En prêtant l’oreille, les enfants peuvent entendre une narration faite à partir des inscriptio­ns qui se trouvent à l’intérieur. Objet phare de l’exposition jeunesse Ma Maison, l’horloge marque le passage des saisons. Retirée à la suite de l’inondation des 23-24 décembre 2022, elle vient récemment de retrouver sa place en vitrine.

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DON DE CHRISTIAN CHEVALIER, PHOTOGRAPH­E : JULIEN AUGER ?? Fabriquée en 1840 par Porter Kimball à Stanstead, en Estrie, cette horloge murale en bois de pommier est la plus ancienne de la collection du Musée de la civilisati­on à Québec. Toujours fonctionne­l, son mécanisme doit être remonté toutes les 30 heures.
PHOTOS FOURNIES PAR LE MUSÉE DE LA CIVILISATI­ON, DON DE CHRISTIAN CHEVALIER, PHOTOGRAPH­E : JULIEN AUGER Fabriquée en 1840 par Porter Kimball à Stanstead, en Estrie, cette horloge murale en bois de pommier est la plus ancienne de la collection du Musée de la civilisati­on à Québec. Toujours fonctionne­l, son mécanisme doit être remonté toutes les 30 heures.
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