Le Journal de Montreal - Weekend

REVOIR LA HONGRIE DES ANNÉES PLUS TARD

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Dans un premier roman magnifique, émouvant, rempli de souvenirs, d’une certaine nostalgie, de retrouvail­les joyeuses et de moments plus douloureux, l’écrivain montréalai­s Akos Verboczy raconte l’histoire d’un homme qui retourne dans son pays natal, la Hongrie, après trente ans d’exil. Dans La maison de mon père, il dépeint l’exil et ses conséquenc­es, une relation père-fils difficile, minée par l’alcool, la quête des souvenirs, les adieux à ce qui aurait pu être sa vie.

Lorsqu’il revient à Budapest, le narrateur de cette histoire douceamère tente de retrouver ses repères. La ville a bien changé. Lui aussi. Malgré les guerres, les révolution­s, les changement­s de régime, la capitale hongroise a l’air plus vivante que jamais.

Il revoit Petya, son ami d’enfance à l’école primaire. Leur amitié est intacte, mais leur quartier d’antan a changé. Leur école a disparu. Ils font le projet de retrouver la maison que le père du narrateur avait promis de lui léguer, au bord du lac Balaton.

Dans ce roman émouvant, sincère, Akos Verboczy s’est inspiré en partie de sa propre expérience d’exilé et de ses souvenirs pour décrire cet homme qui doit dire au revoir à son passé, trouver du réconfort et faire la paix. Et tourner la page.

« La réalité a beaucoup alimenté la fiction, dit l’auteur, en entrevue. C’est indéniable, c’est un livre à forte saveur autobiogra­phique. La fiction m’a permis de boucher les trous, de créer une histoire plus intéressan­te que la réalité. En tout cas, une histoire qui est moins compliquée. »

Il décrit un homme fatigué par le long voyage, qui s’endort en comptant les coins du plafond, qui revoit ses amis, qui repense à ses anciennes amours en faisant trempette dans les thermes centenaire­s de Budapest. C’est beau, nostalgiqu­e, teinté d’humour aussi.

DES CICATRICES

Akos Verboczy, pendant l’écriture, s’est concentré sur les thématique­s qui lui étaient chères : la relation du père et du fils, le deuil, l’amitié et la question de l’identité.

Facile ou difficile à travailler ? Des blessures à panser ? « Plus des cicatrices que des blessures, précise-t-il. Je ne retourne pas dans ces moments-là de ma vie pour jouer dans le bobo, comme on dit. C’est pas pour me lamenter sur mon sort. D’ailleurs, je dis dès le premier chapitre que j’ai eu une vie somme toute facile et que j’ai eu une enfance heureuse. »

« L’idée, c’était pas de raconter cette histoire comme une thérapie personnell­e, loin de là. Peut-être que des lecteurs vont trouver des éléments de proximité avec le deuil, avec l’exil, avec la difficulté de retourner chez soi. »

Akos Verboczy est rassurant : « Il n’y a rien qui a été torturant dans l’écriture du livre ». Écrire sur la Hongrie a donc été agréable. « C’est un pays qui est en partie le mien. J’ai toujours plaisir à revisiter mon pays natal, ma ville natale, le quartier de mon enfance. »

Le narrateur, plus mûr, retourne en Hongrie avec plus de recul. « Il est au milieu de sa vie, il a une vie établie au Québec, il ne sait plus s’il y va comme touriste. »

LA MÉLANCOLIE

L’homme cherche la motivation de son retour. « Ça, j’ai trouvé que c’était quelque chose qui ne relève pas de la douleur, mais de la mélancolie. Le bonheur d’être malheureux. Se souvenir de l’enfance, de l’adolescenc­e, en sachant que ça révèle des choses plus ou moins difficiles… mais ça fait du bien d’y repenser. Ça fait du bien de se reprojeter dans ce passé qui a été brisé par l’immigratio­n et qui ne pourrait plus recommence­r. »

Pas juste pour un immigrant : pour n’importe qui, ajoute-t-il. « On ne peut pas retourner dans la ruelle de son enfance et revivre les mêmes sensations. On est quand même des gens rationnels.

Même les gens les plus nostalgiqu­es savent que le passé, c’est du passé. »

 ?? ?? ■ Akos Verboczy est né en Hongrie et est arrivé au Québec à l’âge de 11 ans.
■ Il a écrit le best-seller
Rhapsodie québécoise, itinéraire d’un enfant de la loi 101, finaliste au Prix de la diversité Metropolis Bleu en 2017.
■ Il sera présent au Salon internatio­nal du livre de Québec.
■ Akos Verboczy est né en Hongrie et est arrivé au Québec à l’âge de 11 ans. ■ Il a écrit le best-seller Rhapsodie québécoise, itinéraire d’un enfant de la loi 101, finaliste au Prix de la diversité Metropolis Bleu en 2017. ■ Il sera présent au Salon internatio­nal du livre de Québec.

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