Le Journal de Montreal - Weekend

DEUX ENFANTS UNIS DANS L’ÉPREUVE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Porté par l’idée de deux enfants qui doivent apprendre à se débrouille­r quand leur mère est hospitalis­ée, le sixième roman de Pascale Wilhelmy s’éloigne quelque peu de la légèreté des Soupers de filles, ses romans précédents. Plus littéraire, mais toujours grand public, il se rapproche davantage du style de son premier roman, Où vont les guêpes quand il fait froid, qui s’est vendu à plus de 13 000 exemplaire­s. Un retour aux sources pour l’auteure, qui s’est laissé porter par cette histoire qui parle d’autonomie, de solidarité, de maturité imposée par les événements.

Pour ne rien oublier, une adolescent­e colle des Post-it un peu partout dans l’appartemen­t pendant l’absence de sa mère, qui se trouve à l’hôpital. Le père n’est pas présent. Prenant soin de son jeune frère et gérant la maison malgré son jeune âge, elle colle des Post-it roses, verts, bleus pour ne rien oublier.

Parce qu’à 15 ans, s’occuper seule d’un petit frère, du ménage, des devoirs, du lavage, des repas, c’est loin d’être évident. Surtout quand on ne sait pas quand la mère va revenir. Ni dans quel état elle sera.

« Je reviens à ce que j’ai fait au début », partage Pascale Wilhelmy, en entrevue téléphoniq­ue, en parlant de son premier roman, Où vont les guêpes quand il fait froid.

«Les Soupers de filles ,çaaétéune parenthèse plus légère. J’abordais des thèmes qui touchent toutes les femmes, mais je voulais quelque chose qui soit différent des drames et de ce qu’on vivait en pleine pandémie. C’était plus léger. Mais là, je retourne à ce que j’aime écrire : des trucs qui sont sensibles, des épreuves, mais où il y a toujours de la lumière. »

Pascale Wilhelmy, écrivaine empathique, a réalisé qu’elle raconte parfois des histoires tristes… qui ne sont jamais complèteme­nt tristes.

« Ça finit toujours par apporter quelque chose. »

C’est vraiment sa propre signature. Elle est d’accord : beaucoup de gens ont besoin de lectures qui font du bien.

« C’est pas guilleret, c’est pas joyeux, comme roman, mais on sourit beaucoup. C’est l’histoire d’un petit garçon et d’une petite fille qui vivent une épreuve ensemble. Je pense qu’on apprend beaucoup des choses difficiles qu’on a traversées dans la vie. »

SE RETROUVER SEULS

Elle poursuit. « Il me semble que je ne serais pas la même personne si je n’avais pas vécu des trucs difficiles. Et c’est ce que je raconte à travers ces deux enfants qui sont hyper solidaires, qui s’entraident, qui vivent une vie qu’ils ne devraient pas vivre. Mais je ne suis pas triste pour eux parce que j’ai l’impression que ça va leur donner des outils dans la vie, aussi. »

Pascale Wilhelmy précise qu’elle n’arrive pas à dire, quelles que soient les épreuves, que tout va être noir et que tout va mal aller.

« Je ne suis pas capable de faire ça. C’est pas en moi. »

Roman émouvant, réaliste, ancré dans le quotidien, Post-it est librement inspiré d’une histoire vécue, il y a très longtemps, par une connaissan­ce qui s’est retrouvée, pendant un moment, responsabl­e d’une famille, dans des circonstan­ces particuliè­res.

« Je suis partie de là et je m’en suis librement inspirée en me disant : comment deux enfants qui se retrouvent seuls peuvent s’en sortir ? Comment ils peuvent faire face ? La mère est vraiment pour moi le personnage secondaire », dit-elle.

« Je raconte l’histoire d’une petite fille de 15 ans et d’un petit garçon de 10 ans qui se retrouvent, par la force des événements, à devenir des grands. À devenir adultes avant l’âge. On parle beaucoup des enfants-rois dans notre société, mais il y a beaucoup d’enfants qui sont des grands dans notre société. »

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