Le Journal de Montreal - Weekend
Pierre Beauregard, ce général francophone à la tête d’armées confédérées
Le monument honorant la mémoire du général Pierre Beauregard a été déboulonné à La Nouvelle-Orléans en 2017 dans le mouvement à travers les États-Unis pour supprimer les statues confédérées considérées comme des symboles de l’esclavage et du racisme. La paix revenue, Beauregard a défendu le suffrage des Noirs après avoir tenu des propos très négatifs à leur sujet. Il estimait qu’en encourageant la collaboration raciale par le vote, un avenir meilleur pourrait être créé pour le Sud.
La section Histoire du Journal a publié récemment un texte consacré aux Canadiens français qui ont combattu avec l’Union durant la guerre de Sécession.
Selon le professeur Jean Lamarre, du Collège militaire de Kingston, ils étaient entre 10 000 et 15 000 soldats canadiens-français à combattre pour l’armée fédérale. Mille d’entre eux sont morts au combat et près 1500 ont été blessés.
Nos cousins de Louisiane, eux, combattaient avec les États confédérés. Plus de 50 000 prirent les armes. C’est même le plus illustre d’entre eux, le général Pierre Beauregard, qui a déclenché la guerre civile, le 12 avril 1861. C’est l’ordre donné à ses artilleurs de faire feu sur Fort Sumter à Charleston en Caroline du Sud, alors aux mains des forces fédérales, qui en a été le point de départ. Après avoir été démis de ses fonctions de commandant de l’académie militaire de West Point en raison de ses sympathies sudistes, il rejoignit l’armée confédérée lorsque la Louisiane se sépara de l’Union.
Pierre Beauregard est né et a grandi sur la plantation de canne à sucre de son père dans la paroisse de Saint-Bernard, près de La Nouvelle-Orléans. Lorsqu’il a 12 ans, ses parents l’inscrivent dans une école de New York pour qu’il apprenne à parler anglais.
Les armées confédérées lui doivent la victoire de la première bataille de Bull Run, trois mois après le début des hostilités.
Il s’ensuivra des relations acrimonieuses avec Jefferson Davis, le président de la Confédération, à qui il reprocha de ne pas avoir ordonné la poursuite de l’armée fédérale en déroute.
C’est Beauregard, après cette bataille, qui fit de l’étendard de l’armée de Virginie le drapeau des armées confédérées.
Sa plus importante victoire fut de bloquer, en juin 1864, l’avance des forces fédérales à Petersburg en Virginie et ainsi sauver Richmond, la capitale sudiste. En avril 1865, le général Johnston et lui ont convaincu Jefferson Davis et son cabinet de mettre fin aux hostilités. Après la guerre, Beauregard s’est vu offrir le commandement des armées roumaine et égyptienne, mais n’a pu négocier des conditions satisfaisantes.
En 1872, il a aidé à fonder le Parti réformiste de Louisiane, qui soutenait les droits civils, dont le suffrage pour les Afro-Américains. Il présida la loterie de la Louisiane avant d’être nommé adjudant général de la milice de l’État en 1879. Beauregard a embauché un ami créole, Alfred Roman, comme prête-plume pour écrire ses mémoires, Les opérations militaires du général Beauregard, publiés en 1884. Décédé en 1893 à l’âge de 74 ans, il reçut des funérailles d’État.
JEFFERSON DAVIS SE RÉFUGIE AU QUÉBEC
Après l’effondrement des États confédérés, leur président, Jefferson Davis, et sa famille se sont installés à Montréal sur la rue Union, où se trouve actuellement le magasin La Baie.
Une plaque commémorative érigée en 1957 par la Société des United Daughters of the Confederacy le rappelait : « À la Mémoire de Jefferson Davis, Président des États confédérés qui séjourna en 1867 au domicile de John Lovell alors situé au présent emplacement ».
Le 17 août 2018, la plaque a été enlevée par des employés de La Baie.
Deux fils de Davis sont diplômés du Bishop’s College de Lennoxville. Sa belle-mère, Margaret Howell, est inhumée dans le cimetière du Mont-Royal.