Le Journal de Montreal - Weekend
Une statue égyptienne exceptionnelle se trouve en ce moment au Québec
« Nous sommes vraiment privilégiés d’avoir ici en sol québécois cette remarquable oeuvre d’art égyptienne de 3500 ans », indique la directrice générale de Pointe-àCallière, Anne Élisabeth Thibault. Du 22 avril au 15 octobre 2023, le musée présente une grande exposition sur les 3000 ans d’histoire de cette captivante civilisation en collaboration avec le Museo Egizio de Turin, en Italie.
AEC ou « avant l’ère commune » est un synonyme de la forme courante « avant Jésus-Christ ». Cette dénomination est proposée comme option afin d’éviter de faire référence à une civilisation ou à une religion particulière.
L’imposante statue d’Amenhotep II, grand pharaon de la XVIIIe dynastie, peut être observée au musée montréalais de Pointe-à-Callière ces jours-ci. Mais qui est ce mystérieux pharaon ? Était-il à l’image de cette statue : un homme sans défaut, fort et pieux ?
Dernier âge d’or de l’histoire égyptienne, le Nouvel Empire (1539 – 1076 AEC) voit naître de grands souverains : Thoutmôsis III, Hatchepsout, Akhenaton, Néfertiti, Séthi 1er, Ramsès II, Néfertari, et bien d’autres.
L’un d’entre eux, Amenhotep II, accède au trône à l’âge de 18 ans. Doté d’un physique avantageux, il suit les traces de son père, le grand conquérant Thoutmôsis III. Guerrier redoutable, le jeune pharaon se démarque particulièrement lors d’expéditions en Syrie et en Palestine, comme l’atteste une stèle récemment restaurée à Karnak.
D’UNE FORCE EXCEPTIONNELLE ?
Large d’épaules et musclé, Amenhotep II reflète l’image d’un pharaon d’une vigueur peu commune. En tant qu’oeuvre d’art, la statue présente tous les canons de beauté de cette grande civilisation. Pour le pharaon, c’est sous cette apparence qu’il souhaite vivre pour l’éternité : celle d’un guerrier vigoureux honorant les dieux.
Selon une grande stèle à
Gizeh, les exploits d’Amenhotep II semblent dignes d’un athlète. D’une flèche, il pouvait transpercer une cible en cuivre de sept centimètres d’épaisseur. Son endurance dépassait même celle des 200 rameurs royaux !
Or, il n’est pas rare de vanter ce genre de prouesses exceptionnelles pour un pharaon, représentant du divin sur terre. Était-il réellement un athlète ?
La découverte de la momie d’Amenhotep II par Victor Loret en 1898 dans une cachette de la vallée des Rois lève le voile sur ce mystère. Les analyses récentes permettent d’attester que les représentations du pharaon comme un homme vigoureux correspondent à une certaine réalité.
REDÉCOUVERTE D’UNE CIVILISATION
Sculptée dans un bloc unique de granit d’Assouan, cette impressionnante effigie du pharaon Amenhotep II de 635 kilos (1400 livres) devait à l’origine faire face à une statue plus massive encore, probablement celle du dieu Amon à Karnak.
C’est d’ailleurs dans ce grand complexe religieux que cette statue est découverte entre 1818 et 1822, dans les mêmes années où Jean-François Champollion déchiffre les hiéroglyphes de la pierre de Rosette. La grande fascination pour cette civilisation millénaire ne faisait que commencer !