Le Journal de Montreal - Weekend

UN GROUPE ROCK UTILISÉ PAR DES TERRORISTE­S

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Posant un regard critique et ironique sur l’actualité et la société, Jean-Jacques Pelletier s’est intéressé aux magouilles et manipulati­ons en tout genre pour écrire son nouveau roman, Rien. Roman coup de poing mettant de l’avant pour la quatrième fois l’inspecteur Henri Dufaux, Rien montre également les dérives de la propagande lorsqu’un groupe de musique rock est « recruté » pour faire la « promotion » d’un mystérieux regroupeme­nt par un individu sans scrupule.

Henri Dufaux, pendant ce temps, se retrouve avec la garde d’une ado. Maryann est désormais sous protection, car son père Gabriel est mort empoisonné après avoir refusé de vendre sa maison à un mystérieux acheteur.

En tentant de faire la lumière sur cette affaire, Dufaux et son équipe découvrent une vaste machinatio­n. Un groupe anonyme tente par tous les moyens de faire l’acquisitio­n d’un vaste territoire dans les Laurentide­s. L’affaire devient encore plus complexe lorsque l’inspecteur apprend que le milliardai­re Henry Trent, trouvé mort, possédait une résidence dans la zone convoitée.

Rien… n’est pas rien. C’est un roman coup de poing et une invitation urgente à la réflexion.

« Le titre n’est pas choisi par hasard. Rien, c’est le rien devant lequel on risque de se retrouver si on ne fait rien. Oui, il y a une intrigue policière, mais en même temps, c’est le contexte global et environnem­ental qui est mis en lumière », dit d’entrée de jeu JeanJacque­s Pelletier, en entrevue.

SITUATION COMPLEXE

« Ça fait longtemps que je m’informe là-dessus. Dans les médias sociaux et dans les médias, ce qu’on voit, c’est le reflet d’une situation qui est beaucoup plus complexe que ce que les gens imaginent. »

L’écrivain et philosophe a remarqué que les gens semblaient désormais avoir chacun « leur » cause. « Ils sont sensibles à telle affaire : sauver tel animal, “le réchauffem­ent, c’est bien effrayant”, “les pénuries… peut-être qu’on va manquer de certains métaux”. Ou “la pollution, ça, c’est terrible”. Mais c’est comme si jamais les gens n’ont un portrait global de la situation, pour voir comment tout ça est relié », analyse-t-il.

« Ce que j’ai voulu, au fond, c’est de me servir, comme décor pour le livre, de l’ensemble des problèmes qu’on n’aura pas le choix d’affronter. »

INDIVIDUAL­ISME CROISSANT

Un mode de pensée individual­iste qui surgit après les confinemen­ts ? Jean-Jacques Pelletier pense que le confinemen­t que nous avons tous connu pendant la pandémie a commencé… bien avant le confinemen­t.

« Le confinemen­t, c’est un effet pas nécessaire­ment conscient d’un individual­isme croissant qu’on peut observer. Chacun est dans son monde avec ses besoins, ses revendicat­ions, ses allergies et… ses indignatio­ns et ce qu’il veut. Et c’est comme si le curseur entre l’individual­isme et le sens du collectif allait tilter de plus en plus vers l’individual­isme. »

Il note que la société veut également une consommati­on de plus en plus individual­isée.

« Toujours plus… toujours plus à mon goût, selon ce que je décide. Ça pourrait faire un slogan, ça, pour un parti politique ! »

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■ Il siège toujours à de nombreux comités.
■ Jean-Jacques Pelletier a enseigné la philosophi­e pendant plusieurs années au cégep Lévis-Lauzon. ■ Il siège toujours à de nombreux comités.
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RIEN Jean-Jacques Pelletier Éditions Alire 582 pages

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